L'histoire de l'avortement en France commence dès le XIXe siècle, voire avant, mais la première date à retenir est celle de 1920 où une loi est votée qui interdit toute propagande favorable à la contraception et à l'avortement. De nombreuses grandes manifestations et évènements qui concouraient soit à la dépénalisation de cette pratique, soit à son interdiction ont eu lieu, ce qui a entraîné des querelles au sein de la population.
Luc Boltanski, sociologue français se rattachant à la sociologie pragmatique (l'homme fait la société), s'oppose à Pierre Bourdieu qui prône une sociologie critique (seul le savant peut-être critique et la société fait l'homme). Mais il établit le problème que pose la condition foetale, au regard de cet homme qui ferait la société, dans son ouvrage "La condition foetale : sociologie de l'avortement et de l'engendrement". Si l'homme fait la société, quelle est la place du foetus dans celle-ci ? Peut-il être considéré comme un homme ?
De plus, l'auteur évoque les nombreuses contradictions sous-jacentes à cette pratique et pose ces questions : en quoi ce problème peut-il être abordé du point de vue de la sociologie politique et en quoi l'avortement concerne-t-il la communauté politique dans les sociétés libérales (au sens politique) ? Enfin, Luc Boltanski, comme l'explique Michaël Foessel, tente de répondre à cette question simple : à quoi cela revient-il de faire un enfant aujourd'hui ?
[...] Cette distinction de deux types de foetus renvoie à une deuxième contradiction au coeur des sociétés libérales qui est celle de l'exigence du respect de la vie privée et l'exigence de transparence. À la fois, le fait d'être enceinte et d'avorter est quelque chose de secret, de peu divulgué mais en même temps, les progrès de la médecine s'accrochent à un idéal de transparence qui veut que l'imagerie médicale progresse toujours plus afin de toujours découvrir des particularités de l'enfant avant qu'il naisse. [...]
[...] Afin d'éviter la création d'une hiérarchie entre les foetus susceptibles d'être conservés et ceux susceptibles d'être expulsés, il faut le postulat suivant que n'importe quel être de chair peut, au même titre qu'un autre, être confirmé par la parole. B Les arrangements Une fois que le foetus est né, il est investi d'une valeur qui relève de l'humanité. Cette valeur lui est accordée par ses géniteurs et ceux qui le reconnaissent. La condition foetale est une question politique, sociale et culturelle qui a traversé trois phases. Dans les sociétés prémodernes, l'être de la chair est considéré comme humain dès sa conception. [...]
[...] Aujourd'hui, on peut décider d'avoir un enfant, car la contraception permet d'en avoir un quand on le désire. De plus, la sexualité est aujourd'hui dissociée officiellement de l'engendrement par la mise à disposition de la contraception. Avant on se refusait à cette idée qui paraissait choquante, mais qui dans la pratique, en allait tout autrement. La sexualité est à la fois partie intégrante de la vie de couple en tant que moment d'intimité et de plaisir et à la fois pratique visant à l'engendrement, qui est désormais voulu dans la majeure partie des cas. [...]
[...] B Les expériences scientifiques concernant les foetus Ces expériences sont également à l'origine d'une nouvelle contradiction à savoir si le foetus est-il un être humain ou un être susceptible de pouvoir servir les projets expérimentaux de la science ? La sociologie répond à cette question de différentes façons. Certains proposent une solution via le constructionnisme qui vise à faire de l'embryon un objet manipulable. Cette posture irréalise le foetus pour que les opérations qu'il subit ne soient pas une atteinte à une entité humaine et existante. D'autres pensent que pour qu'un être soit considéré comme humain, il faut qu'il possède des compétences cognitives. [...]
[...] I La question du foetus au travers de l'avortement A La théorie de l'humanisation Cette théorie est la première qu'établit Luc Boltanski dans son ouvrage. Elle s'appuie sur la définition de l'humanité, mais pose une contradiction qui est celle-ci : dès sa naissance, l'individu est classé dans des catégories sociales (milieu social, fils de, fille de, garçon, fille, nationalité, etc.) ce qui implique que l'individu appartiendrait à un champ social dès sa venue au monde sans qu'il puisse y faire quelque chose. [...]
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