Ce projet implique de prendre en compte le sens que les individus donnent à leurs conduites. Si l'on admet, en suivant ses pairs, que l'objet propre de la sociologie est bien le sens de l'interaction sociale, c'est-à-dire de l'action orientée à l'égard de l'autre et ayant une signification pour l'autre, la sociologie relève de la connaissance historique.
L'analyse typologique est un instrument privilégié dans l'entreprise de connaissance de la sociologie. L'analyse sociologique entend substituer l'intelligibilité à l'incohérence et à la diversité du réel la construction d'un type idéal comme étant une opération de stylisation de la réalité sociale caractéristique de la sociologie. La typologie apparaît consubstantielle à la démarche sociologique elle-même. Elle se confond avec la démarche sociologique même.
On voudrait montrer dans cet ouvrage contre la place large prise par les techniques d'interprétation statistique, qu'il y a une place pour une autre pratique de la typologie inspirée plus directement de l'héritage intellectuel de Weber et de sa conception historique de la sociologie.
La méthode typologique est liée à l'une des interprétations possibles du projet sociologique, issu de Weber, selon laquelle le sociologue se donne pour tâche de contribuer à l'intelligibilité des relations entre les hommes, en d'autres termes, de l'interaction sociale dans un contexte historique donné. Ce projet appartient à la sociologie compréhensive. « J'adopte le terme de compréhension sociologique pour bien montrer qu'il ne s'agit pas de comprendre les conduites des hommes de manière intuitive et sympathique, mais de les rendre intelligible dans un projet de connaissance intellectuelle et rationnelle. »
La typologie ne se confond pas avec la classification en catégorie. Elle inscrit la compréhension des conduites des individus dans une analyse plus large et plus historique des sociétés. Elle est liée à une certaine conception du projet sociologique : c'est un instrument de clarification du réel et d'intelligibilité des relations sociales, qui consiste à comparer les résultats des enquêtes à une idée abstraite construite par le chercheur.
Cette analyse est d'une grande fécondité pour analyser le sens des expériences vécues par les individus et les mettre en relation avec les caractéristiques générales d'un milieu social. Elle peut être utilisée pour caractériser des individualités historiques.
[...] Les échanges entre individus n'ont pas le même sens dans les différents milieux sociaux, dans les diverses sociétés et dans les mêmes sociétés à des époques différentes. Ce sens change d'une société à l'autre, d'une période à l'autre. Jusqu'à présent, les sociologues ont trop souvent négligé de prendre en compte la dimension historique. L'originalité de la compréhension logique tient à l'oscillation entre le pôle historique et le pôle expérimental. Le raisonnement sociologique se distingue de trois disciplines intellectuelles proches. L'histoire n'a pas de pôle expérimental. [...]
[...] L'épreuve du non-emploi des chômeurs Ceux qui aujourd'hui ne participent plus l'a l'activité productive peuvent vivre cette condition dans passivité, ils sont alors soumis à la contrainte, font l'expérience d'une désocialisation progressive, il les intériorisait la stigmatisation. Mais ils peuvent aussi en réinterpréter le sens jusqu'à l'inverser. C'est précisément l'objet d'une enquête sociologique que de montrer par quels moyens et jusqu'à quel point certains individus disposent de cette possibilité. On peut ainsi construire le type pur de la soumission à la contrainte. C'est l'expérience du chômage total, définie comme la simple imposition du destin imposé, qui nourrit chez le chômeur le sentiment d'humiliation, d'ennui et le condamne à la désocialisation progressive. V. [...]
[...] C'est le passage incessant entre les données recueillies par l'enquête en physique et l'analyse historique, l'une corrigeant l'autre et inversement, qui a constitué le cœur du travail. Il permet alors de ne plus seulement classer les individus - phase des tas - est de formuler la relation de ces individus ou à l'épreuve dont ils font l'expérience. Il n'est pas rare de voir alors progressivement apparaître un ou deux exemples de personnes dont l'expérience est très proche du type idéal. [...]
[...] Elle implique que les individus, au cours du temps, sont susceptibles de faire des expériences successives qui se rapprochent plus ou moins de l'une ou l'autre des relations élaborées dans l'analyse. Les détenues dans les expériences sont étudiés par Corinne Rostaing se conforment à deux types de rapport à la prison, le refus ou l'acceptation, mais les mêmes personnes peuvent adopter successivement l'une, puis l'autre attitude. Les mêmes personnes doivent réinterpréter leur identité juive sur le mode d'un destin collectif imposé avant de se conformer à la réinterprétation historique. [...]
[...] Si le niveau de vie est bas, les pauvres restent intégrés dans les réseaux de sociabilité, ainsi que l'on sonne l'économie parallèle. Ils ne sont pas stigmatisés. Ce rapport social à la pauvreté se développe dans les sociétés traditionnelles ou dans les régions dites sous-développées des sociétés européennes, comme le sud de l'Italie. La pauvreté marginale : les pauvres sont peu nombreux, perçu comme inadaptés au monde moderne, incapable d'y participer. Ils sont donc stigmatisés. Leur situation dérange parce qu'elle souligne les limites où les ratés du système. [...]
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