Sommes nous tous, prédestinés socialement ou demeure t'il une marge de manœuvre ? Notre destin est-il scellé dès notre naissance ou pouvons nous avoir une incidence sur le déroulement de notre vie ? Amadieu dresse l'état des lieux du mythe républicain le plus sacré et sans doute le moins respecté : « L'égalité des chances ». Analysant les unes après les autres toutes les caractéristiques qui font chacun d'entres nous ce que nous sommes. – apparences physiques, sexe, prénom, origine ethnique, géographique…, le sociologue se demande dans quelle mesure, nous avons encore la possibilité par notre volonté, notre mérite de maîtriser ou de forcer le destin.
En décortiquant les mécanismes sociaux à l'œuvre, de notre naissance jusqu'à notre retraite, Amadieu ne cherche pas à désespérer les jeunes de Billancourt. Il est persuadé que le fait de comprendre comment jouent les inégalités pour permettre à chaque individu d'agir pour forcer le destin. Constatant que l'inégalité des chances existait en France, il essaie dans Les clés du destin d'en mesurer les proportions, et d'en déterminer les causes sociologiques.
Nous avons choisi de mettre en lien Les clés du destin de Jean-François Amadieu avec Outsiders de Howard S. Becker, qui, traite de la déviance. Selon Becker : est déviante toute personne qui s'écarte de la norme, établie par son groupe. C'est l'interaction entre la personne qui commet l'acte « anormal » et celles qui réagissent à cet acte qui crée la déviance.
L'auteur distingue deux groupes au sein de la société : ceux qui encouragent à rester dans la norme sociale (ne pas voler, ne pas être violent, être honnête…) et ceux qui incitent à transgresser cette norme, nous renvoyant ainsi au statut de déviant.
[...] L'emploi du second prénom ou d'un prénom d'usage est de plus en plus courant. Notamment dans les professions des arts et du spectacle, ou le choix du prénom fait est un acte stratégique, une décision de marketing. Amadieu constate que le prénom accroît le degré de séduction de la personne qui le porte, mais aussi son pouvoir de persuasion. On peut en savoir beaucoup sur une personne au moyen de son prénom (sexe, race, origine sociale). Nous sommes aussi influencés par notre prénom, et Amadieu constate que les lettres que nous préférons sont celles contenues dans notre prénom. [...]
[...] L'habitus est l'intériorisation de règles objectives et communes à un groupe. Ce sont des dispositions inconscientes et durables prises chez un individu. Amadieu démontre que beaucoup de jeunes originaires de La Courneuve ne tentent même pas des études supérieures car cela ne serait soi-disant pas pour eux. Amadieu établit alors qu'ils ont intériorisé un habitus de penser, de mode de vie. Ces deux sociologue ont aussi en commun la dénonciation de l'institution scolaire qui va produire des individus dotés d'un système de schèmes inconscient qui vont constituer leurs cultures ou encore leurs habitus (La reproduction, minuit, 1970). [...]
[...] Le choix du prénom est une décision qui engagera l'enfant durant toute sa vie. Il tend à devenir l'élément fixe et central de notre identité sociale. JF Amadieu fait remarquer que c'est à l'adolescence que le prénom se révèle le plus dur à porter. Selon une étude de l'INSEE, ou la question suivante était posée : Est-il arrivé que l'on se moque de vous, que l'on vous mette à l'écart, que l'on vous traite de façon injuste ou que l'on vous refuse un droit ? [...]
[...] Les auteurs A. Jean-François Amadieu Jean-François Amadieu enseigne la sociologie et la gestion des ressources humaines à l'université de Paris-I. Il cumule les fonctions de directeur de l'Observatoire des discriminations et membre du Comité consultatif de la Haute Autorité de lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité (la HALDE). C'est un ancien membre du CNRS et un expert de l'OCDE. Durant sa carrière il a publié et participé à de nombreuses colloques, débats, émissions radiophoniques et télévisés. Vous pouvez le retrouver sur le plateau de l'Arène de France le 11 octobre 2006 lors d'un débat sur La dictature de la beauté est-elle dangereuse ? [...]
[...] Le sociologue va alors chercher les causes de ces inégalités. Il constate que les femmes obtiennent moins parce qu'elles ne demandent pas. Par timidité ou par crainte d'un refus, elles se sentent moins dignes et pensent cette démarche vaine. Elles justifient aussi cette non demande par leur statut précaire. Par ailleurs, les employeurs se montrent retissant à l'égard du cumul de la vie professionnelle et familiale. Enfin, certains d'entre eux conservent une représentation extrêmement traditionnelle des professions et pratiquent (consciemment ou non) la discrimination sexuelle. [...]
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