Dans cet article, Claudette Lafaye étudie des situations de tensions au sein d'administrations municipales et la façon dont les acteurs manifestent un certain sens de la justice lorsqu'ils justifient leurs actions. Elle commence par rappeler les différentes cités définies par Boltanski et Thévenot dans Les économies de la grandeur, qu'elle appelle ici « registre de conduite ». Puis elle analyse quatre types de situations au cours desquelles on peut dégager, dans les justifications des personnes, certains de ces registres de conduite : lorsque les tensions portent sur la valeur des personnes (confrontation des registres d'inspiration et d'efficacité technique), la prééminence de l'ancienneté (le registre domestique et le registre industriel), la démocratie et l'égalité au travail (le registre civique et le registre industriel), sur le bon fonctionnement du marché (le registre domestique et le registre marchand). Enfin, elle étudie la possibilité de mettre en place des compromis, plus ou moins stables, dans des situations composites où les acteurs se réfèrent à différents registres de justification.
[...] Compétence : Claudette Lafaye postule en effet que les acteurs sont plus ou moins doués de compétences qui peuvent être jugées au cours d'épreuves. Par exemple, un contremaître confie le maniement d'une nouvelle machine à un jeune ouvrier. Un autre ouvrier plus ancien s'en plaint et le contremaître le met deux fois à l'épreuve pour juger de sa compétence à manier cette machine. Mais il échoue. La demande de reconnaissance de leurs compétences, en particulier des compétences techniques, par les acteurs est une source récurrente des situations de tension qui sont analysées ici. [...]
[...] L'argument principal de Claudette Lafaye est d'étudier précisément la mise en œuvre du sens ordinaire de la justice des employés d'une administration municipale. Elle étudie donc différentes situations de tension dans lesquelles les acteurs font preuve de ce sens de la justice et se réfère à un registre de conduite (cité). Pour ne donner qu'un exemple, on peut citer l'agent de nettoyage qui n'a pas été invitée par la nouvelle directrice à la fête de fin d'année, alors qu'elle travaille dans cette école depuis 37ans et qu'elle y a toujours participé. [...]
[...] Quelque soit le régime d'action dans lequel on se place les pratiques sont codifiées selon une grammaire particulière. Claudette Lafaye analyse par exemple, le code des marchés publics dans le cadre duquel les arguments faisant référence à la cité marchande se déploient. Dispositif : C'est un agencement matériel qui fait faire. Ce concept n'est pas très présent ici. Il est juste fait mention de l'existence de dispositifs industriels et de la nécessité de dispositifs pour assurer la stabilité de compromis. Mais Claudette Lafaye ne précise le fonctionnement ni de l'un ni de l'autre. IV. [...]
[...] Pluralisme : Claudette Lafaye reconnaît d'une part la pluralité des univers de justification et des régimes d'action, notamment dans les situations composites, et d'autre part, la possibilité pour chaque individu de se référer à l'un ou à l'autre selon la situation. Par exemple, alors qu'un cadre et une de ses collaboratrices travaillent dans un café, un collègue intervient pour l'inviter à prendre l'apéritif. Le cadre parvient donc à articuler efficacité professionnelle et convivialité. Indétermination : Claudette Lafaye ne présume pas du résultat d'une épreuve, une personne peut tout aussi bien réussir qu'échouer. [...]
[...] Cité : En effet, Claudette Lafaye fait de ce concept le concept central de son article sans le faire apparaître sous ce terme là. Elle parle de registre de conduite Le début de l'article est consacré au rappel du cadre d'analyse de Boltanski et Thévenot, et à cette occasion elle redéfinit les six cités que ces deux auteurs ont dégagées dans Les économies de la grandeur : les registres civiques, industriel, domestique, marchand, du renom et de l'inspiration. Il s'agit de différentes façons d'ordonner le monde. [...]
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