Classes préparatoires, La fabrique d’une jeunesse dominante, Muriel Darmon, analyse des classes prépa, hiérarchie symbolique
« C'est la voie royale de l'ascension sociale ».
Il existe différentes visions de la prépa (parfois caricaturales, parfois exactes). Il en ressort : camaraderie, internat, cruauté professorale, opposition entre l'effervescence de la jeunesse et le caractère desséchant de l'exercice scolaire, souffrance psychologique, formatage intellectuel,…
De plus, il y aurait sélectivité et élitisme sociaux (forte proportion d'enfants issus des classes supérieures).
Depuis les années 80 à aujourd'hui, le nombre d'étudiants en classe prépa a doublé, mais 60% d'entre eux viennent des milieux sociaux élevés ou enseignants (alors que ces milieux ne représentent que 18% de la population active). En 2007, 54% des élèves de prépa ont un parent faisant partie du groupe des cadres et professions intellectuelles supérieures, alors que c'est le cas de seulement 18% des lycéens qui ont le bac.
De plus, les proportions sont différentes selon les filières (plus élevées en ECS et BL). Même dans les grandes écoles, le recrutement ne s'est pas démocratisé mais révèle une accentuation des inégalités d'accès.
Les classes prépa sont également vues comme le lieu de sociogenèse des habitus (institution de fabrication d'un type particulier de personnes).
[...] Faire renvoie à la fabrique, à l'apparence et l'étiquetage, et à l'avenir professionnel. Deux programmes pédagogiques différents (ex : niveau des objectifs que les enseignants assignent explicitement à l'apprentissage préparatoire). En prépa scientifique, le projet de progression s'inscrit dans un domaine scolaire, il y a un objectif scientifique avec l'apprentissage de la réflexion et de la réflexivité. Pour les profs, les élèves changent en prépa En prépa éco, le projet est éducatif, voire total En ligne de mire il y a les concours, mais aussi la culture L'apprentissage comporte également la réflexion et la réflexivité, mais il y a également une ouverture à la culture, un développement de l'aisance, un travail de soi Pour les profs, les élèves sont métamorphosés par la prépa Et spécificité importante de la prépa éco, il y a scolarisation de la personnalité notamment grâce à la préparation de l'entretien de personnalité où il faut un travail sur soi pour découvrir sa personnalité (cerner le projet), et une épreuve de culture générale. [...]
[...] On devient peu à peu maitre du temps (position dominante par rapport au temps) mais si les profs restent maitres du temps (ce sont eux qui décident du rythme). On définit l'excellence à partir de la rapidité et de l'avance. Etre capable de prendre des décisions d'usage du temps qui ne sont pas des pures réactions aux contraintes (prendre son temps), mais on peut également prendre du retard (vivre au jour le jour Une vision déviante que le temps passe lentement. Mais il n'y a pas de temps objectif mais plutôt un temps élastique (Stéphane Beaud). [...]
[...] Il y a d'abord sélection des entrants avec un processus de sélection spécifique (on va modeler une population avant la rentrée). Examen du niveau scolaire, de l'attitude, de la docilité Il s'effectue une opération de prédiction sociale et scolaire. On ne choisit pas les meilleurs lycéens mais les meilleurs élèves de prépa. Ensuite, il y a une unité de lieu (habitat interne ou près du lycée, tous les aspects de l'existence dans un seul cadre, réduction volontaire des distractions et des déplacements). [...]
[...] La mise sous pression compose un travail de l'empressement : il ne faut pas les perdre Surveiller, sanctionner, examiner, pressurer. (Contrôle par redondance par tous les profs mais une institution non totalitaire car la violence est retenue (une retenue contrainte et assumée du fait du cadrage administratif). Ethos professionnel de la retenue : plus attention aux élèves, adoucir la violence préparatoire, avoir un bilan positif (pas trop de perte). Question du coût d'un élève en prépa (pas plus cher qu'un élève de fac). [...]
[...] Logique de l'urgence qui se maintient de la à la année. Pdt la 1°année, il y a un fractionnement en une succession de périodes, même si la fin d'année est plus intense que le début. (Sprint puis endurance). Les dernières semaines sont décisives (passage en en classe étoile, Les grandes vacances ne sont pas une rupture, car il y a encore du travail. La année est moins fractionnée un bloc puis les concours), passe plus vite : on arrive tout de suite aux concours Il y a également une individualisation des calendriers (due au choix des concours) et une alternance de l'urgence et du relâchement. [...]
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