Le malaise des classes moyennes françaises est aujourd'hui un état de fait croissant. Louis Chauvel s'y intéresse d'autant plus que le rôle des classes moyennes est central pour la société française : l'efficacité économique, la stabilité sociale, et la dynamique démocratique de la France dépendent étroitement de la participation de ce groupe à l'avenir de ce pays.
La classe moyenne incarnait une identité sociale positive dans un système collectif porteur d'avenir. Aujourd'hui, il y a comme un grand retournement de tendance : la classe moyenne constitue un ensemble repoussoir dont il faut coûte que coûte sortir, et si possible par le haut.
[...] Aujourd'hui, il y a comme un grand retournement de tendance : la classe moyenne constitue un ensemble repoussoir dont il faut coûte que coûte sortir, et si possible par le haut. C'est bien là l'objet de ce livre : située hier au centre des espoirs, considérés comme attractive par les classes populaires et même la bourgeoisie, la classe moyenne aujourd'hui n'attire plus, a cessé d'offrir au reste de la société et en particulier aux classes situées en dessous d'elle un modèle civilisationnel auquel les autres pouvaient s'identifier. Alors qui sont ces classes moyennes à la dérive ? De qui parle-t-on ? Que se passe-t-il dans la société française ? [...]
[...] Christophe Charles, professeur à l'ENS de Paris partage cet avis en expliquant dans son livre Les classes moyennes en France : discours pluriels et histoire singulière qu'aujourd'hui les classes moyennes ne peuvent échapper au pluriel, et ne parviennent à créer l'unité que dans un mouvement dynamique partagé : les différences intrinsèques de leurs membres sont dépassées par la trajectoire de l'ensemble qu'ils forment. Les classes moyennes n'existent donc que dans le devenir, et dès que ce mouvement est interrompu, elles se désagrègent. Cette notion de classe moyenne hétéroclite avait déjà été identifiée au 19e siècle par le travail d'une stupéfiante modernité du sociologue allemand Eduard Bernstein, qui le premier expliqua que les classes sociales se structuraient selon deux dimensions : Ober et Untermittelstand (classe moyenne supérieure et classe inférieure ou intermédiaire aujourd'hui). [...]
[...] Or dans la réalité, les salaires se structurent de manière fortement dissymétrique et les quelques hauts salaires tirent vers le haut la moyenne. C'est pourquoi on utilise davantage la notion de salaire médian, plus proche de la réalité. La notion de classe moyenne doit donc être en permanence relativisée et pose la question de ce qui fait à chaque fois référence dans la comparaison à la moyenne. L'analyse du revenu du travail salarié offre une vision simple du social, mais un peu réductrice. [...]
[...] L'égalitarisme de façade va de pair avec le maintien des ségrégations urbaines entre les classes moyennes et l'ensemble constitué par les ouvriers et employés soit de la population active. La frustration : elle découle d'une incapacité croissante des classes moyennes à convaincre le peuple et à le maîtriser. Démocratiser les aspirations des classes moyennes sans en donner les moyens est une source majeure de déstabilisation sociale. Il existe un malaise profond au sein des catégories sociales qui se situent en deçà des classes moyennes. [...]
[...] Les salaires ont moins augmenté que le coût de la vie. L'accès au logement est en particulier le plus difficile. Chauvel explique ce revirement par un choix sociétal, délibéré ou non, de conserver les acquis de la génération qui a cueilli les fruits de la croissance au détriment des intérêts de la suivante. Un exemple : depuis 1984 malgré un sacrifice constant de la jeunesse qui a vu depuis 20 ans réduire de plus de moitié le nombre de places dans la fonction publique, le nombre de fonctionnaires demeure rigoureusement le même . [...]
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