Dans "La civilisation des mœurs", l'auteur présente la civilisation occidentale comme le résultat d'un lent processus de domestication des pulsions et montre le rôle essentiel joué par la société de cour dans cette évolution, qui diffère selon les pays (Allemagne d'un côté, France et Angleterre de l'autre).
La civilisation est le terme par lequel la société occidentale tente de caractériser ce qui la singularise et ce dont elle est fière. Mais toutes les nations d'Occident n'en retiennent pas la même signification et ne lui accordent pas la même importance. Pour les Allemands par exemple, la notion de culture est à privilégier. Elle désigne des données intellectuelles, artistiques et religieuses, non politiques, économiques ou sociales.
Tandis que la civilisation se rapporte à la surface de l'existence humaine, donc à quelque chose de fluctuant, en progression constante, la culture se rapporte à des réalisations de l'homme telles que les œuvres d'art, les livres ; elle présente un caractère limitatif. Ainsi, pour le peuple allemand, la notion de civilisation est secondaire. Cette différence de sens est due à la difficulté qu'a éprouvée pendant longtemps l'Allemagne à accéder à l'unification et à la consolidation politiques.
[...] Elias, les modifications des mœurs s'expliquent par la structure de la société qui les produit. Ce qui décide de ce qui est civilisé ou non relève de notre sensibilité, par exemple, on mange depuis le 16e siècle avec une fourchette pour ne pas être vu en société avec les mains graisseuses. Le sentiment de pudeur apparaît comme une fonction sociale, il modèle la structure sociale, puisque la gêne disparaît en présence des gens dont on est proche. Les modifications du seuil de la pudeur ne sont pas dues à l'évolution des techniques et des sciences (exemple : création de WC). [...]
[...] Il affirme que la civilisation étant un processus, on en ignore les limites temporelles. L'auteur décide de remonter jusqu'au Moyen Age et décrit l'évolution des manières considérées comme convenables entre le 15e siècle et aujourd'hui (comment participer à un banquet, se moucher, cracher . Il relève que la tenue à table revêtait une importance certaine chez les hommes médiévaux, et l'explique par le fait que les banquets constituaient le centre de la vie sociale. L'auteur constate une grande homogénéité dans les normes de comportement à travers les âges et selon les pays (Italie, France . [...]
[...] "La civilisation des mœurs", Norbert Elias (1939) L'auteur Norbert Elias, écrivain allemand né en 1897 à Breslau, mort à Amsterdam en 1990. Philosophe de formation, il fuit les nazis en émigrant en Suisse puis à Paris. S'établit à Londres où il se consacre à la rédaction du Procès de la civilisation et où il enseigne jusqu'à la retraite. Ses ouvrages sont une contribution à la sociologie contemporaine. Exemples d'ouvrages : Qu'est-ce que la sociologie La société des individus. La solitude des mourants. [...]
[...] Le processus de civilisation se révèle par plusieurs étapes : la mise au point d'usage de cour, la diffusion de ces usages vers le bas, une légère déformation de ces usages pour répondre aux besoins d'une autre classe sociale, la dévaluation de ces usages pour la classe supérieure, qui affine son mode de comportement. L'Église constitue l'un des agents les plus efficaces de l'implantation de modèles dans les couches inférieures. Ce processus a contribué à la dévalorisation de la civilité aux yeux de l'élite. Les notions de courtoisie et de civilité ont subsisté côte à côte tout au long du 16e siècle, et le terme de courtoisie est passé de mode en France au cours du 17e siècle, laissant sa place à la civilisation. [...]
[...] Elias, la civilisation est ce même idéal que partout en Europe, les couches moyennes brandissent contre la couche dirigeante aristocratique de cour et par lequel elles justifient leur attitude au nom de la vertu. Ce n'est pas l'adoucissement des mœurs d'un peuple, l'urbanité, la politesse. Ceci n'est que le masque de la vertu (p.84). Les intellectuels réformateurs français sont longtemps restés prisonniers des traditions de la cour. Ils ont seulement proposé de réformer, d'améliorer ce qui existait déjà, sans créer de modèle radicalement nouveau par rapport à l'idéal dominant. En France, les aspirations réformatrices sont venues de certaines catégories de la population, tels les agriculteurs propriétaires terriens. [...]
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