Il s'agit d'un ouvrage qui présente le compte-rendu d'une enquête réalisée en 1931, sous la direction de Paul Lazarfeld, sociologue autrichien. L'étude publiée renferme le résultat de recherches effectuées dans le village de Marienthal, en Basse-Autriche, dans le but de dresser le tableau sociologique d'une localité où sévit un chômage de masse, suite à la fermeture de l'usine de textile qui la faisait vivre (village de type mono-industriel), provoquée par la crise économique et sociale de 1929.
Il s'agit alors d'étudier l'attitude d'un village tout entier face au chômage, et non de chômeurs examinés un à un. C'est la communauté au chômage qui est analysée à la loupe, et non pas certains chômeurs vivant au milieu de gens qui travaillent.
Les sociologues vont alors examiner s'il existe des comportements spécifiques à une population privée de son emploi, et ce, à travers une méthode originale, qui mélange observation, les enquêteurs étant de véritables témoins de la vie quotidienne de ce village ; et statistiques, c'est-à-dire le compte-rendu chiffré des observations effectuées.
[...] Mais ce laisser- aller prend tout de même des proportions différentes : une partie de la population interrogée se veut résistante, par un comportement stable, c'est- à-dire un refus de lassitude et une lueur d'espoir ; la plus grande partie des interrogés (près de la moitié) sont résignés, se soumettant sans résistance à leur situation ; une petite partie est désespérée, effondrée, sans aucun espoir. Enfin, un quart de la population interrogée montre une attitude apathique : ils ont abandonné tout effort pour remonter à la surface de la société. Ces comportements sont aussi source d'angoisse, notamment chez les jeunes qui ne sont pas sûr d'un avenir meilleur, en raison du manque de résistance face à ce fléau qu'est le chômage, d'où un phénomène d'émigration. Cette absence de résistance, cette passivité, équivaut à une absence d'ambitions, pourtant nécessaire pour faire avancer les choses. [...]
[...] - De cette étude, se dégagent alors plusieurs constatations. Paul Lazarfeld et son équipe ont tout d'abord relevé que le chômage, cessation forcée de l'activité professionnelle, entraîne un déclin économique immédiat, une baisse du niveau de vie. Le village, qui survit en partie grâce au versement de l'allocation de chômage, est contraint de se restreindre, restriction mise en valeur dans l'enquête, notamment par le calcul des menus et du budget des foyers. Paradoxalement les auteurs ont constaté certaines pratiques irrationnelles d'économie domestique qu'il est difficile d'interpréter, soit parce qu'elles se rattachent à des habitudes, soit parce qu'elles se justifient par l'ébranlement des comportements qui ont brusquement changés (fleurs dans certains jardins, livres à images pour enfants, gadgets . [...]
[...] En quelque sorte, le travail fixe les individus dans des lieus et des temps déterminés, il délimite un espace de contrainte, et donc un extérieur valorisé. Travail et loisirs sont donc unis. Si le travail est supprimé, le loisir disparaît. Dans un ouvrage intitulé Le Monde privé des ouvriers, Olivier Schwartz évoque jusqu'à une honte de soi des ouvriers au chômage qui, restant chez eux à longueur de journée, n'assument plus le regard des autres, ces derniers étant pourtant eux aussi chômeurs ! [...]
[...] Pierre Bourdieu écrit dans la préface de l'ouvrage que Ces hommes sont soudains privés, non pas seulement d'une activité et d'un salaire, mais d'une raison d'être sociale, et ainsi renvoyés à la vérité nue de leur condition Il est même fait référence à une ville morte Sans l'usine, les ouvriers ne sont rien. C'est comme s'ils avaient fondé toute leur vie sociale à travers leur emploi, qui est en quelque sorte la source de leur identité. C'est d'ailleurs cette identité au travail qui engendre des liens sociaux au-delà du lieu du travail. La perte de leur travail équivaut donc à une perte de toute leur vie sociale ! [...]
[...] Les chomeurs de Marienthal, Paul Lazarfeld Il s'agit d'un ouvrage qui présente le compte-rendu d'une enquête réalisée en 1931, sous la direction de Paul Lazarfeld, sociologue autrichien. L'étude publiée renferme le résultat de recherches effectuées dans le village de Marienthal, en Basse-Autriche, dans le but de dresser le tableau sociologique d'une localité où sévit un chômage de masse, suite à la fermeture de l'usine de textile qui la faisait vivre (village de type mono- industriel), provoquée par la crise économique et sociale de 1929. [...]
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