éthique environnementale, Augustin Berque, EHESS, migration écologique, Caohu, dimension comptable, humain, terre, ontologie, anthropocentrisme, holisme, écosystèmes, empreinte écologique
Augustin Berque est un philosophe, géographe et orientaliste franco-marocain. Directeur d'études de l'EHESS pendant une trentaine d'années jusqu'en 2011, ses travaux portent principalement sur la mésologie (étude du milieu), et en particulier sur le rapport qu'entretient l'environnement objectif avec la manière dont celui-ci est subjectivement perçu par les différentes cultures. C'est dans cette perspective qu'il a réhabilité la notion d'écoumène pour se référer à la relation qu'entretient l'homme avec son environnement. Il a dévoué une partie de son oeuvre à étudier la culture japonaise et chinoise ce qui lui a valu d'être le premier occidental à avoir reçu le Grand Prix Fukuoka pour les cultures d'Asie.
[...] S'il n'est pas impossible pour un homme vivant proche de la nature de considérer les arbres, les plaines, les rivières qui l'entourent comme constitutifs de son existence, autrement dit de situer son soi à mi-chemin entre lui-même et son milieu naturel, l'on ne pourrait arriver au même constat pour un homme de la ville. Je ne suis pas sûr que cela ait un sens, au regard de l'éthique environnementale, de penser sa propre existence comme étant à équidistance entre le soi et le béton, le macadam, et les couleurs des sémaphores. [...]
[...] Qu'est-ce que le milieu d'une personne vivant à Paris ? Quel est l'écosystème qu'il peut définir comme constitutif de son existence ? Paris intramuros ? La région Ile de France et les alentours de sa maison de campagne ? Peut-il en venir à considérer que la forêt de l'Amazonie est incluse dans son milieu ? L'ontologie à laquelle Berque souhaiterait que l'homme se conforme ne peut être incarnée que par ceux vivant dans la nature. D'ailleurs, il me semble tout aussi difficile pour une personne vivant dans la campagne ou proche d'une forêt japonaise de considérer que son milieu inclut les grandes plaines d'Afrique. [...]
[...] Le lien qui unit les deux dimensions ne s'évanouit pas avec l'homme en tant qu'« être pour la car l'existence socio-environnementale d'un individu subsisterait malgré sa disparition. Cette position est la seule viable pour fonder une éthique environnementale, car permettrait de considérer l'environnement comme étant constitutif de notre existence. Il conviendrait donc, pour Berque, d'opérer une seconde révolution, à l'instar de la modernité, pour décentrer l'homme du sujet et le replacer à cheval entre son individualité et son milieu. III. Critique A. [...]
[...] Le holisme qui place subordonne l'homme à la biosphère. Cependant, Berque soulève l'idée que ces deux positions fondamentales se heurtent à une aporie commune : celle d'admettre simultanément que dans un cas la nature domine l'homme, et dans un autre qu'elle lui soit soumise. Dans la pratique, seul le jeu du politique permet de faire prévaloir l'une de ces positions sur l'autre, mais il n'en reste que l'environnement ne se pense qu'en terme humain. Berque considère que le fait de mettre l'humain et le non-humain sur le même plan est une impasse. [...]
[...] De plus, elle ne nous permet pas de comprendre pourquoi il existe une telle dissociation entre la connaissance que notre comportement détruit l'environnement et notre conduite. Berque estime que cette dissociation est une conséquence de la modernité qui nous a fait perdre la capacité à articuler connaissance et conduite. Si tel est le cas, c'est qu'elle a entraîné un dualisme objets/sujets et donc rendu impossible l'inclusion de l'homme dans un cosmos qui liait l'homme aux choses. Or, une telle division va à l'encontre de l'éthique environnementale, car elle sort les objets du champ de la morale. [...]
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