"The Case of Race Classification and Reclassification under Apartheid"(le cas de la classification et reclasification raciale sous l'Apartheid) in Sorting things out, de Susan Star et Geoffrey Bowker

Résumé du document

Geoffrey Bowker est un américain, sociologue des sciences et chercheur à l'université de Santa Clara. Ses travaux portent sur le développement des cyber-infrastructures des sciences. Ses dernières recherches portent sur l'informatique de la biodiversité, et s'interrogent sur la manière dont les scientifiques parviennent à communiquer entre eux. Susan Star est professeur à l'université de Pittsburgh. De même, elle s'intéresse aux technologies de l'information. Elle a contribué, avec Bowker, à développer la théorie de l'acteur réseau.

L'argument central de ce livre est que les systèmes de classification sont un lieu de luttes politiques et sociales, mais qu'ils sont souvent difficiles d'accès car, présentées d'un point de vue technique, ces classifications ne laissent pas entrevoir l'origine politique de l'initiative.

Extraits

[...] Les reclassifications : des critères peu scientifiques Le processus de reclassification lui-même était totalement inconsistant. Au début, le gouvernement utilisait le critère de la descendance (du sang) comme facteur déterminant. Mais parfois, le simple fait de posséder des photos d'ancêtres blancs dans sa maison (photos parfois fausses) suffisait à faire changer de catégorie, surtout dans la période pré-apartheid. Le gouvernement a donc changé sa politique pour utiliser le critère plus subjectif d'apparence, d'acception générale et de réputation L'acception est en effet un concept très ambigu et subjectif. [...]

[...] "The Case of Race Classification and Reclassification under Apartheid" in Sorting things out, Susan Star et Geoffrey Bowker Geoffrey Bowker est un américain, sociologue des sciences et chercheur à l'université de Santa Clara. Ses travaux portent sur le développement des cyberinfrastructures des sciences. Ses dernières recherches portent sur l'informatique de la biodiversité, et sʼinterrogent sur la manière dont les scientifiques parviennent à communiquer entre eux. Susan Star est professeure à l'université de Pittsburgh. De même, elle s'intéresse aux technologies de l'information. [...]

[...] Dans ce livre sur les techniques de classification, les auteurs s'intéressent au cas spécifique du système de classification des races par les administrations lors de lʼapartheid en Afrique du Sud et ce chapitre tourne principalement autour de la question des contradictions de la classification raciale. Bowker et Star montrent "l'impossibilité de la de constituer le système de classification tel qu'il est souhaité par ses concepteurs pro-Apartheid", et ils soutiennent que les contradictions constitutives de la catégorisation raciale ont eu un effet non négligeable sur les races considérées comme inférieures : leurs vies ont été changées, soumises par cette classification. [...]

[...] Ce problème, à une échelle plus raisonnable bien sûr, peut sʼappliquer au problème de la catégorisation opérée par les États-Unis pour des raisons statistiques. Ces cas sʼappliquent directement à toutes les questions concernant les systèmes dʼinformation (purement technique apparemment) où les catégories sont humaines. Le cas de lʼAfrique du Sud est extrême, mais permet de réfléchir justement à un niveau politique, mais surtout éthique aux systèmes dʼinformation. De nombreux systèmes classifient les personnes par leur âge, leur lieu, leur expertise, leur sexe (avec le cas particulier des transsexuels). [...]

[...] D'autre part, malgré la vague apparence d'un racisme qui se veut scientifique, cette classification des races manque de définition et de base scientifiques. Au mieux, une définition scientifique des races peut être approximative. La législation a donc tenté de définir l'impossible et c'est pourquoi la loi est, sur le sujet, très ambiguë et cherche sans cesse de nouveaux critères. Le manque d'une définition scientifique de la classification n'a pas empêché ses terribles conséquences politiques, et malgré la nature scientifique du problème, on a ouvert la voie à une classification selon un prototype, en opposition au modèle aristotélicien, pour tenter de mieux définir les catégories raciales. [...]