Jusqu'à l'automne 1989, les filles de parents maghrébins en France ne suscitaient guère l'attention, cependant, les bruits des manifestations de violences auxquelles participaient leurs frères ont fait surgir cette attention. C'est dans ce
contexte que Camille Lacoste Dujardin, ethnologue spécialiste de la culture maghrébine, a effectué une enquête sur un échantillon de filles de parents
maghrébins immigrés en France. Elle a tenté de comprendre les difficultés qui entravent l'intégration de ces jeunes femmes dans la société française, parce que justement, elles sont confrontées à plusieurs épreuves pour trouver un compromis entre leurs aspirations à elles et ce qu'exigent leurs parents maghrébins crispés sur
leurs valeurs et mobilisés par le réflexe de minoritaires.
Camille Lacoste commence son livre par une réflexion sur la situation de la femme maghrébine en général, elle a abordé un point important qui est la vulnérabilité de la femme et la sensibilité de sa situation dans la société maghrébine, étant donné que les valeurs identitaires se cristallisent sur les filles, c'est pourquoi les parents essayent de toutes les manières de protéger leurs filles contre tout ce qui peut les déshonorer, parce que justement ce qui fait l'honneur de la famille est l'honneur de ses filles.
Camille Lacoste se demande comment ces filles n'auraient-elles pas de difficultés à s'intégrer dans la société française alors qu'elles portent tout ce poids, ce lourd fardeau, tout en étant confrontées à des références contradictoires, leurs parents d'une part, et la société française d'une autre part.
C'est à travers l'enquête, qui est plutôt qualitative que quantitative, faute de statistiques, en privilégiant la méthode par entretiens semi-directifs approfondis, que Camille Lacoste essaye d'analyser les conditions et les circonstances qui freinent ou
favorisent l'aptitude de ces jeunes filles à l'intégration.
[...] Les handicaps économiques et sociaux : la situation économique et sociale peut déterminer les relations filles parents. L'auteur explique que le niveau social va de pair avec le niveau scolaire des parents, et la grande majorité de pères de filles de l'échantillon sont peu ou jamais scolarisés. Face à cette situation de mésentente, certaines filles de l'échantillon ont fugué de chez elles carrément .Les relations avec les membres de la famille Camille Lacoste est allée au-delà des relations pères filles, elle a analysé la différence qui existe entre les relations de ces filles avec leurs pères d'une part, et avec leurs mères, leurs frères et sœurs d'autre part. [...]
[...] Tous ces paramètres positifs laissent augurer de l'avenir de l'intégration des filles de parents maghrébins en France qui est en train de se réaliser comme en témoigne le paramètre global 56. Ce qui fait que ces paramètres positifs vont l'emporter avec le temps sur ceux négatifs. [...]
[...] Face à cette situation honteuse, certaines jeunes filles agissent par mensonge pour détourner les questions de leurs amies. Pour celles en bonne voie d'intégration, ces relations avec les Françaises leur ont permis une meilleure insertion dans leur milieu de vie en entretenant en parallèle des relations avec les Maghrébines. D'autres prennent ces relations comme une sorte de compte à régler avec le modèle maghrébin auquel elles n'ont pas voulu se conformer. Mais l'incompréhension peut être réciproque dans le sens où la force d'inculcation du stéréotype repoussoir de la française comme fille facile sans moralité fait l'étonnement de certaines qui peuvent même les qualifier de filles maghrébines ou ayant esprit arabe. [...]
[...] Activités et relations extérieures : Dans ce chapitre, l'auteur a traité les loisirs des jeunes filles et leurs relations avec les amies maghrébines et françaises. les loisirs : la lecture, le sport et le théâtre puisqu'elles sont des activités débutées dans le cadre scolaire peuvent continuer à être acceptées par les parents tant qu'elles n'impliquent pas le retard des jeunes filles ou leur déplacement hors du quartier. Les contacts hors banlieues : la recherche de la satisfaction d'une soif de connaissances d'un ailleurs, la curiosité pour d'autres façons de vivre et de penser, le plaisir de se retrouver entre amis, l'échappée au repli sur soi, le besoin de socialisation et d'ouverture au-delà de la seule biculturalité FranceMaghreb sont bien de facteurs qui poussent les jeunes filles à avoir des contacts hors des banlieues. [...]
[...] En fin ce reflet que le Maghreb renvoie n'est pas facile à assumer malgré les considérables efforts qu'elles peuvent mettre en œuvre pour tenter de comprendre les données du problème. Malgré ces difficultés, la possibilité d'une vie au Maghreb demeure envisageable pour plusieurs de ces filles, mais à condition que ce retour soit non contraint et l'installation au Maghreb soit assortie d'une autonomie de choix et liberté de mouvement. Certaines envisagent même un essai, essayer de vivre au Maghreb pendant par exemple une année et voir ce que ça va donner. [...]
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