Les cadres, la formation d'un groupe social, Luc Boltanski, cadres technico-commerciaux, titre d'ingénieur, crise des années 30, nouvelle classe ouvrière, cohérence idéologique, fiche de lecture
Le début de l'introduction est formé du rapport d'un cadre autodidacte, technicien commercial qui a le projet d'écrire une biographie: "Moi, un cadre", où il veut expliquer aux autres une expérience personnelle, celle du cadre. (Après être parti d'une première entreprise, il atterrit dans une petite entreprise qui le renvoie pour finir finalement dans une multinationale). Cette explicitation montre en fait une "implicitation", celle d'un langage collectif perçu comme légitime et de contraintes collectives. Le récit révèle aussi un décalage entre une perception de droit et une perception de fait puisqu'il est une dénonciation : un univers arbitraire où les cadres sont très proches des ouvriers (exploitation) et où le syndicat montre qu'il y a fluctuation des situations.
Par exemple, les cadres technico-commerciaux qui se définissent par une compétence technique au service du commerce des objets techniques, ont une situation privilégiée en raison de l'importance des affaires, mais instable. C'est une profession de jeunes, car elle demande des qualités de représentation et n'apporte que des gratifications symboliques. Le titre d'ingénieur ou de cadre fonctionne alors comme une plus-value nominale. La relation entre le titre de l'entreprise et le titre scolaire est relativement arbitraire. Alors qu'il n'y a pas participation à la conception technique des produits et d'autorité sur les subalternes, la solidarité avec l'entreprise est fondée sur un effet de croyance, sur l'honnêteté et la fidélité. L'entreprise s'en assure symboliquement par le sentiment d'appartenance et matériellement par des primes et autres gratifications.
[...] En définitive, ce jeu d'image réciproque montre une participation à la personne collective créant une virtualité de la relation qui rend irréalisable la rébellion, car se retourner contre d'autres cadres revient à se retourner contre l'unité de la catégorie. Le malaise des cadres est donc davantage vécu comme une maladie générique et indéfinissable. Il est faux de parler de de conscience » en raison de la très grande subjectivité et de la rareté des éléments objectifs, les conditions de possibilités d'une existence sociale authentique n'étant réunies que pour des agents dont la position objective dans l'espace social correspond à un point institutionnalisé et représenté de cet espace. [...]
[...] Le récit révèle aussi un décalage entre une perception de droit et une perception de fait puisqu'il est une dénonciation : un univers arbitraire où les cadres sont très proches des ouvriers (exploitation) et où le syndicat montre qu'il y a fluctuation des situations. Par exemple, les cadres technico-commerciaux qui se définissent par une compétence technique au service du commerce des objets techniques ont une situation privilégiée en raison de l'importance des affaires, mais instable. C'est une profession de jeunes, car elle demande des qualités de représentation et n'apporte que des gratifications symboliques. Le titre d'ingénieur ou de cadre fonctionne alors comme une plus-value nominale. [...]
[...] Le déplacement et la mutation peuvent être le signe d'une promotion comme d'une exclusion, ce qui rend l'exclusion moins visible et moins prévisible d'autant que les procédures lentes se sont substituées aux procédures explicites de licenciement. Le rôle du temps permet en effet les prophéties autosuffisantes, car les réactions de défenses sont autodestructives en raison d'une surestimation par effet retard de la valeur qui est reconnue à l'agent sur le marché du travail interne ; le processus d'exclusion a sa dynamique propre qui engendre erreurs et fautes et le temps permet donc la neutralité du groupe de pairs. [...]
[...] Résultat, il y a brouillage entre des relations entre les espérances des agents et les chances objectives de carrière. L'augmentation du nombre d'agents pouvant se prévaloir du titre de cadre a contribué à l'accroissement de l'hétérogénéité interne de la catégorie dont les membres sont très dispersés puisque bénéficient d'avantages très inégalement distribués de leurs diplômes et de leurs origines sociales. Selon le diplôme et l'âge, les différences de salaires s'accumulent considérablement après 35-40 ans en raison d'effets de détermination originelle différée. [...]
[...] Après-guerre, l'action des cabinets d'organisation n'est plus orientée spécifiquement vers la rationalisation du travail manuel ou l'agencement matériel des ateliers, mais aussi vers des tâches nouvelles de sélection, de socialisation, de formation du personnel dirigeant, permettent la substitution au schème passé de la relation hiérarchique unidimensionnelle du schème nouveau du réseau de relations humaines, un nouveau mode de contrôle lié à l'accroissement de la bureaucratisation du champ des entreprises. Dans les années 1950, l'avant-garde novatrice, c'est à dire le grand patronat investit dans la psychologie individuelle qui se développe en France : prolifération du jargon psychanalytique et le maître de psychologie industrielle devient l'incarnation du nouveau modèle de l'intellectuel- cadre. Les sciences humaines se développent en parallèle dans les années 1950-60. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture