Etre cadre est synonyme de réussite sociale, cette figure sociale se définit comme une «fonction de commandement, séparation nette avec le salariat d'exécution, adhésion aux finalités assignées à l'entreprise, hégémonie masculine ».
Paul Bouffartigue nous montre ici la fin de ce modèle.
Le groupe social des cadres a été inventé dans les années trente à cinquante, il s'agit d'un salariat de confiance dont le modèle de cadre est remis en question.
Il met en avant tout d'abord, le fait que la sécurité de l'emploi et la promesse d'une évolution de carrière n'existent plus, ensuite, l'écart entre les cadres dirigeants sélectionnés dans les grandes écoles et les autres cadres, enfin, l'éclatement de la catégorie des cadres en France.
Paul Bouffartigue va étudier d'une part, l'ensemble des cadres d'entreprise et d'autre part, les ingénieurs, noyau historique de la catégorie.
Cet ouvrage est divisé en deux parties. La première, sur le salariat de confiance déstabilisé se subdivise en trois chapitres, le premier porte sur le concept de salariat de confiance, le deuxième fait une synthèse des dynamiques qui ont affecté la catégorie des cadres, le troisième nous montre l'application d'accord de réduction du temps de travail dans différentes entreprises. La seconde traite des ingénieurs comme groupe professionnel sous tension, et se compose également en trois chapitres qui font le portrait de jeunes en formation et d'ingénieurs expérimentés après avoir discuté sur la notion d'ingénieur.
[...] L'auteur envisage la situation des ingénieurs dans le cas de trois entreprises. Il observe que plus l'activité de l'entreprise est moderne plus le modèle d'ingénieur / cadre est déstabilisé. Le modèle de cadre reste très solide dans le milieu de la sidérurgie, par contre, il est très fragile dans le domaine de l'électronique. Malgré cette déstabilisation du modèle de cadre, les ingénieurs ne renoncent pas à leur carrière ; cela ne les a pas, non plus, amenés à s'engager dans une «action syndicale d'orientation intercatégorielle Conclusion de la seconde partie L'ensemble de cette étude nous montre d'une part, que l'on peut accéder à un emploi d'ingénieurs sans avoir un cursus scolaire excellent que cela soit dans les écoles comme dans les universités (les élèves des écoles occuperont davantage une fonction de dirigeant que ceux des filières universitaires) ; d'autre part, que l'ensemble des ingénieurs désire de plus en plus combiner travail et vie de famille. [...]
[...] Une forte demande d'ingénieurs notamment en électricité et chimie va faire qu'une formation universitaire calquée sur le modèle des grandes écoles va se développer. Les diplômes délivrés par les universités n'ont pas de valeur nationale, seules les écoles habilitées par la CTI peuvent délivrer le titre d'ingénieur diplômé. De là, vont se distinguer deux groupes qui n'ont pas le sentiment d'appartenir à la même catégorie professionnelle. La reconnaissance du titre scolaire dès l'embauche vers le milieu des années trente va permettre de les regrouper. [...]
[...] (Ces filières ne délivrent pas le titre d'ingénieur mais l'habilitation peut être donnée par la CTI). Bourdieu[11] distingue entre la «grande porte ouverte aux titulaires de diplômes des grandes écoles, amenés à occuper des postes de dirigeants ; et la «petite porte ouverte à ceux sortant des autres écoles, amenés à occuper des positions subalternes d'encadrement. Il reste à noter que les compétences de l'ingénieur tendent à s'élargir de la technique générale et économique à la gestion des situations de travail. [...]
[...] On comprend dès lors aisément les attentes de cette catégorie socioprofessionnelle en matière de réduction du temps de travail. Chapitre 3 : Temps de travail : la fin d'un tabou La durée du travail des cadres s'est allongée jusqu'à la fin des années quatre-vingt, la période suivante a connu un éclatement de la part de cette catégorie qui manifestait le désir de voir leurs horaires diminuées. Des accords de réduction du temps de travail (RTT) ont été signés dans le cadre de la loi de Robien, et des lois Aubry. [...]
[...] Les cadres, fin d'une figure sociale Paul Bouffartigue Paul BOUFFARTIGUE, sociologue, est chercheur au LEST-CNRS à Aix-en- Provence. Il a notamment publié De l'école au monde du travail (L'Harmattan, 1994), Le travail à l'épreuve du salariat (L'Harmattan, 1997) (en collaboration avec Henri Eckert), et sociologie des cadres (Repère, La découverte, 2000) (en collaboration avec Charles Gadea). Introduction Etre cadre est synonyme de réussite sociale, cette figure sociale se définit comme une «fonction de commandement, séparation nette avec le salariat d'exécution, adhésion aux finalités assignées à l'entreprise, hégémonie masculine Paul Bouffartigue nous montre ici la fin de ce modèle. [...]
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