Ce livre a pour objet de faire le point sur l'état de la réflexion sociologique sur le corps, et plus particulièrement de présenter les relations entre le corps, l'identité personnelle (self identity) et la mort dans la période contemporaine, qualifiée par A. Giddens de modernité " tardive " (late) ou " extrême " (high).
Dans le contexte récent d'émergence de la sociologie du corps, certains sont allés jusqu'à suggérer que celui-ci pouvait servir de principe organisateur de la discipline. Ainsi, Bryan Turner parle de " société somatique " (somatic society), dans laquelle le corps serait devenu " le principal champ d'activité politique et culturelle ".
L'attention accordée au corps n'est pas nouvelle. En temps de guerre, par exemple, les gouvernements en étaient déjà très soucieux. Voir aussi l'importance que lui donnaient les régimes fascistes. Mais l'époque actuelle se caractérise par une " individualisation " (individualization : de plus en plus d'individus sont soucieux de la santé, de la configuration et de l'apparence de leur corps en tant qu'expression de leur identité personnelle). Ce phénomène touche plus particulièrement, ainsi que Bourdieu (1979) le note, les classes moyennes.
The body in high modernity - ce concept, forgé par Giddens, représente une radicalisation des tendances de la modernité, au nombre desquelles se trouve le désenchantement du monde, c'est-à-dire la fin des certitudes délivrées par la religion et l'incapacité de la science à nous en fournir des nouvelles. Ce contexte pourrait en désemparer plus d'un.
En outre, c'est l'extérieur du corps, ses surfaces, qui symbolisent ainsi le soi à une époque où une valeur inédite est attribuée au corps jeune, en bonne santé et sensuel
[...] Ainsi, Bryan Turner parle de " société somatique " (somatic society), dans laquelle le corps serait devenu " le principal champ d'activité politique et culturelle L'attention accordée au corps n'est pas nouvelle. En temps de guerre, par exemple, les gouvernements en étaient déjà très soucieux. Voir aussi l'importance que lui donnaient les régimes fascistes. Mais l'époque actuelle se caractérise par une " individualisation " (individualization : de plus en plus d'individus sont soucieux de la santé, de la configuration et de l'apparence de leur corps en tant qu'expression de leur identité personnelle). [...]
[...] La première fonde tout sur le biologique et ignore le social, la seconde fait le contraire. Autant la première relève d'un essentialisme biologique, autant la seconde fait preuve d'un " essentialisme discursif " (discursive essentialism). Presenting the body in everyday life Goffman présente les corps à la fois comme instruments de la personne, lui permettant d'agir dans la vie quotidienne, et conditionnés par la société. Plus précisément, on peut caractériser l'approche goffmanienne des corps par trois traits : le corps est vu comme la propriété de la personne les significations attribuées aux expressions corporelles sont un " vocabulaire commun de la langue de l'expression corporelle " (shared vocabularies of body idiom) ; ces significations sont donc socialement construites le corps joue un rôle de charnière entre l'identité personnelle et l'identité sociale des individus. [...]
[...] Alors que pour les classes dominantes, le vieillissement coïncide souvent avec une maîtrise de sa situation sociale, qui connote positivement l'âge, pour les autres classes il est souvent signe d'affaiblissement. Conclusion On peut adresser à Bourdieu 3 reproches dans notre perspective : son approche n'intègre pas assez les changements que le corps peut subir au cours du temps (contrairement à Elias) l'accent mis sur la reproduction sociale ne laisse pas assez de place à l'action des agents, notamment en matière de changement social son approche en termes de classes sociales laisse dans l'ombre des phénomènes transclassistes tels que la domination masculine [il s'est racheté depuis] ou le racisme, c'est-à-dire le fait que le couleur de peau d'un individu puisse affecter la valeur de son corps dans son ensemble. [...]
[...] On peut citer un exemple des phénomènes dont l'origine est biologique dans son origine et sociale dans son prolongement : le sourire, qui serait selon Elias (The symbol theory) inné à l'origine, et qui évoluerait vers un outil de communication socialement défini et maîtrisé. The emotional body Dans le même esprit, on peut citer l'œuvre de P. Freund (1982 : the civilised body ; 1989 ; 1990), pour qui la sociologie " ne peut pas se permettre de traiter la physiologie humaine comme non pertinente " (cannot afford to regard human physiology as irrelevant). [...]
[...] Par exemple, alors que certains membres des classes populaires peuvent juste monnayer leur force physique en embrassant une carrière sportive, les classes dominantes font des activités sportives d'élite comme l'équitation un prétexte de rencontres, qui permettent de faire circuler en circuit fermé le capital économique et social. Ou encore : l'aisance physique joue un rôle important dans les entretiens de recrutement. The changing value of physical capital Bourdieu insiste bien sur le lien entre corps et inégalités sociales. Pour autant, la valeur symbolique attachée à des formes corporelles données peut changer. La valeur d'un capital physique peut varier comme celle d'un actif économique sur les marchés boursiers. [...]
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