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Beaud montre les effets préjudiciables de l'absence d'encadrement pédagogique en faculté. De nos jours, les enfants des classes populaires qui entrent en première année de Deug ont grand besoin de meilleures conditions d'apprentissage au travail universitaire.
La politique des "80% au bac" se traduit par un accès massif aux études longues des enfants de milieux populaires, notamment d'origine ouvrière. Cette politique a profondément altéré l'équilibre entre la filière générale et la filière professionnelle. Les élèves potentiellement intégrables dans cette filière se sont vus soudainement proposer l'accès au lycée général. Les lycées professionnels se sont trouvés privés "des élèves moyens sur le plan scolaire et plus attirés par la pratique que par la théorie". Les lycées généraux ont été, eux aussi, fortement déstabilisés par l'impact de l'arrivée massive des nouveaux lycéens. Ils ont rencontré de nombreuses difficultés liées principalement à l'entassement des élèves dans les classes. Ce désir de prolonger leur scolarité dans un lycée général génère pourtant une profonde incertitude concernant leur métier futur. Le lycée est également le lieu de la découverte de l'hétérogénéité sociale. L'univers y est moins protecteur. Stéphane Beaud montre qu'une rupture prématurée avec le quartier conditionne la réussite scolaire. Au lycée, une fois l'orientation vers les filières professionnelles évitées, et bien qu'ils se sachent insuffisamment armés d'un point de vue scolaire et culturel, les jeunes "de quartier" se sont plus ou moins bien remis du choc de la confrontation à des jeunes issus d'autres milieux. Le déroulement du destin scolaire et universitaire de "jeunes" habitants de quartier est analysé. L'auteur traite des diverses conséquences de "la démocratisation scolaire" conduisant un nombre important d'élèves issus des milieux populaires dans certaines filières de l'enseignement supérieur. Celle étudiée ici est la filière A.E.S. L'enquête de terrain adopte une méthodologie de qualité fondée sur des entretiens et sur un suivi sur le long terme des personnes interrogées. Ce suivi s'étend sur près de 10 ans (tout au long des années 90) et va permettre de montrer les aléas de leur scolarité, et cela jusqu'à leur insertion sur le marché du travail. Beaucoup de ces élèves obtiennent au prix d'un effort modeste une certification scolaire qu'ils découvrent finalement inopérante sur le marché du travail, étant concurrencés par les formations plus sélectives. En découle un processus de déclassement des espérances, de déception qui peut être, selon l'auteur, socialement néfaste.
La politique des 80% au bac qui assurait une promotion sociale a suscité un espoir considérable dans les milieux populaires. Mais le social a recrée implicitement ce qui existait auparavant expressément. Les nouveaux étudiants sont intégrés dans les filières à accès libre du premier cycle de l'université c'est-à-dire dans des cursus dont le régime est différent voire opposé à leur profil culturel. Ces étudiants "malgré eux" se trouvent finalement embarqués dans une aventure qu'ils pressentent sans issue réelle (...)
[...] Un effort important a été fournit pour permettre à chaque enfant de se scolariser. Cependant, cette réalité est ternie par deux paliers à franchir : le passage en seconde, générale ou professionnelle, et la voie qu'ils empruntent après le bac. L'ouvrage de Stéphane Beaud montre bien que l'entrée dans un lycée professionnel est vécue par les jeunes des blocs comme une condamnation sociale anticipée La politique des 80% au bac a donné beaucoup d'espoir aux familles populaires mais ce système n'est pas sans conséquence. [...]
[...] Stéphane Beaud y voit une forme de résistance à l'acculturation. Il s'agit de pénétrer un monde (celui de la culture scolaire légitime expression définie précédemment) sans s'y laisser prendre au piège, en gardant des distances. C'est en s'intéressant à la forme d'organisation de leur travail que l'auteur montre l'inadaptation de ces étudiants aux contraintes inhérentes aux études universitaires. L'auteur souligne de manière détaillée leur incapacité à planifier de façon autonome leur travail. Le temps universitaire est marqué par très peu de repères. [...]
[...] Elle est gratuite, laïque et obligatoire pour tous. L'ouvrage laisse apparaître une solidarité entre les étudiants de cité Le groupe-classe présent au lycée a disparu, les complicités sociales sont plus difficiles à faire naître à l'université. Par conséquent, ils veulent rester solidaires et groupés face à cette nouvelle vie régie par des règles davantage impersonnelles où se trouvent disqualifiés les savoirs pratiques et le savoir- être spécifique de ces jeunes. Leur difficile adaptation à la fac s'explique aussi par le fait qu'ils sont restés à l'écart du milieu étudiant de Belfort. [...]
[...] Benjamin d'une famille algérienne de onze enfants, il a toujours habité Granvelle. Il vit dans un appartement HLM situé à la frontière entre le quartier respectable de Granvelle et la zone secteur géographique composé majoritairement de familles immigrées, nombreuses et pauvres. Il est celui des lycéens interviewés qui a le plus l'accent et l'allure des jeunes de Granvelle Il est de cette manière totalement intégré au quartier par son habillement, son goût de la parole, son sens de la répartie et sa fierté d'appartenir au groupe des jeunes Arabes. [...]
[...] L'exemple de Fehrat est ici présenté. Sa soif de réussite matérielle était liée à son origine immigrée. Il avait besoin de venger le destin social de ses parents. Il se trouve à présent brutalement confronté, au moment des concours destinant aux métiers de l'Education nationale, à la question de sa valeur scolaire Le rêve de cet enfant de la démocratisation semble hors d'atteinte. 8è partie : L'échec à la fac et la précipitation dans le mariage (Pages 255-279). Nassim décide d'arrêter ses études. [...]
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