Le bal des célibataires, crise de la société paysanne en Béarn rassemble trois articles écrits par Bourdieu à des époques différentes (« Célibat et condition paysanne » en 1962, « Les stratégies matrimoniales dans le système de reproduction » en 1972 et « Reproduction interdite . La dimension symbolique de la domination économique » en 1989) mais qui reviennent sur le même problème: « comment expliquer le célibat des aînés dans une société connue pour son attachement exceptionnel au droit d'aînesse ? ». Cette succession d'écrits permet de suivre le développement de la pensée d'un auteur et de mieux comprendre comment la recherche et l'analyse théorique se forment, tout en constituant une monographie de la société paysanne traditionnelle en Béarn.
[...] Le mariage est donc au cœur de la dynamique, et surtout de la statique de toute la structure sociale. L'adot n'est en fait pas ici une dot mais il est la contre partie accordée aux cadets en échange de leur renoncement à la terre. Les stratégies mises en place par les familles s'organisent autour de principes implicites visant à conserver le patrimoine et la maison Le primat des hommes sur les femmes est du au fait que dans la logique du système le droit d'exercer l'autorité et de représenter le groupe ne peut être détenu que par un homme (le mari de l'héritière si il n'y a pas d'homme parmi les enfants). [...]
[...] Le volume global de capital détermine la position sociale. Contrairement à Marx qui considère que le seul capital économique fonde la stratification de la société en classe sociale Bourdieu décline la répartition des ressources en capital économique (revenus, patrimoine capital culturel (connaissance intellectuelles et culturelles, souvent mesurées par le niveau de diplôme), capital social (réseau de relation qu'un groupe/individu est capable de mobiliser sans parfois qu'il ait de liens directs avec, déployant ainsi la force des liens faibles de Granovetter) et capital symbolique (la capacité à construire les normes, le pouvoir). [...]
[...] Bourdieu, Le Bal des célibataires présente l'intérêt de pouvoir observer une pensée en action puisque l'auteur revient à trois reprises sur un même phénomène mais en y approfondissant à chaque fois l'analyse. Cet ouvrage permet aussi de fournir des analyses sur les thèmes de l'homogamie sociale et des stratégies matrimoniales (ainsi que de leurs évolutions dans le temps et avec l'impact de l'ouverture des campagnes) mais aussi sur l'exode rural et les impacts de la transformation des systèmes de valeur dans un groupe etc. [...]
[...] Le mariage de chacun des enfants représente l'équivalent d'un coup dans un jeu de carte. La valeur de chaque coup dépendra à la fois de la donne, c'est-à- dire des cartes reçues (les enfants) et de la manière d'utiliser ces cartes dans le jeu (le mariage des enfants). Les familles essayent de maximiser les profits ou à diminuer les coûts (économique mais aussi symbolique). Le mode de succession droit d'aînesse intégral pour la société Béarn) spécifie, notamment par le rang de naissance ou le sexe, les chances matrimoniales qui leur sont attachées en fonction de la position de la famille dans la hiérarchie sociale (repérée par la valeur du patrimoine essentiellement). [...]
[...] Les filles jugent les hommes selon les critères citadins et ainsi les paysans sont, à leurs yeux, dépourvus de valeur. Le paysan est aussi condui à intérioriser l'image de lui-même que forment les autres, c'est-à-dire d'un corps empaysanit, empaysanné. Ainsi, les paysans ne dansent pas aux bals car donner son corps en spectacle, comme dans la danse, suppose que l'on accepte de s'extérioriser et que l'on ait une conscience satisfaite de l'image de soi que l'on livre à autrui Deuxième partie : Les stratégies matrimoniales dans le système des stratégies de reproduction L'habitus tend à reproduire les stratégies. [...]
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