La question des banlieues s'impose véritablement comme un « problème social » lorsque la société française découvre les premières violences urbaines à travers les « rodéos » de l'été 1981 dans certains quartiers de l'agglomération lyonnaise. Après avoir volé des voitures puissantes dans le centre ville de Lyon, des jeunes se donnent en spectacle dans leur propre quartier et brûlent, pour finir, les bolides. Les jeunes des cités apparaissent alors sur le devant de la scène, dans leur face à face avec la police notamment, et expriment leur « haine » de la société (...)
[...] LA STIGMATISATION DES BANLIEUES Le traitement médiatique a souvent amplifié et dramatisé le malaise des ( quartiers sensibles». C'est un rituel : les grands ensembles sont inlassablement présentés comme des zones de non-droit. On peut penser à tous les stéréotypes véhiculés du gigantisme, de la maladie et de la sauvagerie» On peut distinguer deux types d'analyse. La première approche consiste à montrer que les médias construisent le problème des banlieues, de telle sorte que les informations transmises n'ont plus rien à voir avec la réalité des faits. [...]
[...] La deuxième vise à souligner et à étudier le rôle des représentations dans la construction des problèmes sociaux. Elle considère qu'un problème social n'existe pas en soi, mais seulement dans la mesure où il est socialement fabriqué» comme tel B. Lahire, L'Invention de l'illettrisme Cette approche est dite constructiviste, elle place au premier plan la conception que les individus se font de la société. La question des banlieues est tout à la fois une construction mentale, sociale, politique et une situation objective. [...]
[...] Elle est mise en scène par les médias et le cinéma. Il faut considérer que les habitants ont des problèmes et sont un problème, comme le rq G Baudin et E Genestier dans Banlieues à problèmes, La Documentation française Comment définir ces quartiers ? Comme l'écrivait P. Bourdieu, les lieux dits difficiles sont d'abord difficiles à décrire et à penser» (1993). La portée sociologique des termes utilisés demeure problématique : les notions comme quartiers «défavorisés sensibles «chauds difficulté constituent le leitmotiv des études pour désigner des catégories de populations à partir du recouvrement incertain entre les problèmes sociaux et l'enclavement géographique. [...]
[...] Il est question du logement et des luttes des citadins pour la défense du cadre de vie. La sociologie urbaine de cette époque s'interroge sur les nouveaux modes de vie en milieu urbain et elle développe une critique des politiques urbaines dominées par les critères de la rationalité industrielle. Le début des années 1980 est donc une période charnière. L'irruption d'une violence médiatisée, les opérations anti-été chaud» des pouvoirs publics en 1982, l'installation progressive de l'extrême droite dans les quartiers (Dreux en 1983), le développement de graves incidents, avec mort d'homme, qualifiés de racistes, puis la marche des Beurs» pour l'égalité viendront donner forme au «.problème des Banlieues Par la suite, cette question ne quittera plus le débat public et ne fera que condenser la plupart des malaises de la société : chômage, délinquance, émeutes, économie parallèle, échec scolaire, immigration, exclusion, ghetto. [...]
[...] LE MYTHE DES QUARTIERS Auparavant, les banlieues étaient perçues différemment. Elles étaient surtout définies à travers l'urbanisation accélérée que connaît la France de l'après-guerre et que symbolise la construction massive des cités de grands ensembles. Les problèmes sociaux urbains n'étaient pas au centre de l'actualité Certes, les grands ensembles ont toujours été une question polémique. Il suffit de rappeler le thème de l'anonymat et de la sarcellite Mais, au cours des années 1950-1970, les débats portent sur les problèmes urbains» liés à l'urbanisme fonctionnel. [...]
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