L'Autre et Nous, « Scènes et Types », Achac et Syros, Paris, 1995.

Résumé du document

Réalisé sous le patronage de l'Unesco, L'Autre et Nous réunit une pléiade d'articles sur les peuples indigènes, en particulier sur les représentations dont ils ont fait l'objet. Les auteurs, issus d'horizons distincts, s'appuient sur un point de réflexion commun : l'expansion de la production iconographique destinée à la découverte des peuples colonisés.
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Extraits

[...] Les théories évolutionnistes selon lesquelles les peuples lointains ne sont pas au même stade d'évolution que les Occidentaux sur l'échelle du développement humain ; les anthropologues physiciens qui tiennent le concept de race pour une réalité tandis que dans les année 70 la génétique des populations est sollicitée par les anthropologues afin d'expliquer un lien entre les différences culturelles et physiques. L'autre fascine depuis que l'Occidental a fait sa découverte au temps des premières croisades Que l'anthropologie ait expliqué ces différences par la biologie est une chose, elle cherche maintenant à faire le contraire en valorisant la diversité culturelle. Elle tente d'arracher les cultures du mépris occidental qui pèse sur elles La lutte contre les discriminations fait partie du lot de la modernité. Cependant, la partie est loin d'être gagnée, guerres ethniques et massacres raciaux faisant l'actualité quotidienne. [...]

[...] Lors d'un rassemblement national pied-noir tenu à Aix-en-Provence en 1994, un grand nombre de stands présentaient des documents écrits et photographiques, dans le devoir de faire revivre l'Algérie des "Pieds- noirs" avant que son image ne disparaisse de la mémoire collective. L'auteur de cet article propose de comprendre le rôle des images dans les représentations de l'Algérie, mais aussi dans le rapport franco-algérien. Il est nécessaire selon lui de s'interroger sur les corrélations existant entre les images et les récits. [...]

[...] Dans la mesure où il est produit dans un contexte colonial, tout document (qu'il soit textuel, illustré ou une combinaison des deux) cherche à saisir la figure authentique incarnée par l'Autre, de la manière la plus réelle possible. Mais en définitive, même si on admet très souvent que les images parlent d'elles-mêmes, lorsqu'elles sont associées au texte, elles sont reléguées à une fonction relevant plus du décor que de la traduction d'un message. * PERON Xavier, La "race nomade et guerrière", pp. 73-77. Cet article retrace l'invention coloniale du mythe de la "race nomade et guerrière" au sein des populations de l'Afrique anglophone. [...]

[...] C'est pour les besoins d'un colloque international s'étant déroulé à Marseille en février 1995, que les auteurs ont publié l'ouvrage. L'enjeu était de faire un bilan sur l'évolution des représentations de cet "Autre" depuis la décolonisation. Or, dans les mois suivants le colloque, deux jeunes étrangers respectivement d'origine comorienne et maghrébine sont assassinés en France par des militants d'extrême droite On peut dès lors poser la question suivante: le racisme, malgré les efforts déployés par les scientifiques pour démontrer l'inexistence des races, a t'il vraiment disparu des mentalités occidentales contemporaines ? [...]

[...] * BOËTSCH Gilles, Anthropologues et "Indigènes" : mesurer la diversité, montrer l'altérité, pp. 55-60. On ne peut nier le fait que l'anthropologie fut à maintes reprises attaquée pour la production de son discours dominateur sur autrui, lui conférant le statut de science coloniale. Cependant, pour Boëtsch : "Montrer l'altérité, c'est introduire un incontestable rapport de domination de la part de celui qui montre une hiérarchie" (page 55). L'étude des "races humaines" a longtemps été considérée comme la spécificité de la discipline anthropologique, tout comme il fut reproché aux scientifiques des sciences naturelles de mettre leurs connaissances sur la biologie de la nature humaine au service du discours colonial. [...]