Augustin Berque est géographe de formation, il est par conséquent différent des autres auteurs que nous avons étudiés jusqu'à maintenant. Dans son livre « Vivre l'espace au Japon », il dit tout d'abord qu'il est important de rappeler le fait que ce ne sont pas les hommes qui ont crée l'archipel (tout comme les autres espaces), même s'ils l'ont façonné de façon afin de le rendre habitable ou encore à leur image.
L'auteur fait le lien entre l'espace habitable et les rapports sociaux qui pourraient en découler (rapport de la culture à l'espace). Comme dans chaque société, les Japonais effectuent des hiérarchisations mentales à l'intérieur et à l'extérieur de leur propre groupe. Le « uchi » est l'intérieur, clos sur lui-même. Il peut être la maison, l'école, l'entreprise, mais n'est jamais qu'une seule personne. Si un Japonais se présente, il ne dira pas son métier mais le nom de l'entreprise qu'il représente.
[...] Ce phénomène a été étudié par Roland Dore. Il a présenté deux types de relations de travail : Les relations de travail en Grande-Bretagne sont centrées sur le marché du travail. Les relations de travail au Japon sont centrées sur l'entreprise (les relations sont centrées sur le marché du travail seulement en cas de petites entreprises). Elles sont caractérisées par les traits suivants : emploi jusqu'à la retraite, salaire à l'ancienneté, formation par l'entreprise, entrée dans l'entreprise en début de carrière et par le bas, sécurité sociale et bien-être à la charge de l'entreprise, syndicat d'entreprise, identification du travailleur à l'entreprise plutôt qu'à la fonction, motivation par la cause commune plutôt que par les avantages individuels, un climat de coopération plutôt que de concurrence entre les employés. [...]
[...] Le travail est aussi un cadre particulier pour les Japonais. Si le patron se doit de se comporter comme un père pour ses employés, ceux-ci se doivent en retour de ne pas le décevoir, tout comme le feraient des enfants pour leur père. Tout comme pour la maisonnée, l'employé d'une entreprise doit jouer son rôle, tenir une certaine image à l'extérieur, une identification mentale liée à un groupe. Pour l'écolier, il est admis que son rôle à l'intérieur de la maison soit limité car il doit avant tout avoir de bons résultats scolaires. [...]
[...] Le mura était un lieu clos sur l'extérieur et l'extérieur était vu comme un endroit dangereux peuplé de génies malfaisants ou encore de frontière entre le royaume des vivants et celui des morts. L'exclusion du mura était vécue péniblement de façon générale. Ce rapport entre famille et communauté a modifié les conduites individuelles, ce qui se ressent encore à l'heure actuelle. On peut le voir au travers des thèmes des chansons japonaises (pluie, vent, solitude, bateau qui part, brouillard) écrites lors du premier grand exode rural, on pleure son pays natal. [...]
[...] Mais il représente bien les réalités de la vie quotidienne dans le Japon d'aujourd'hui. La société japonaise continue à privilégier le collectif aux dépens de l'individuel. Les caractères du chonaikai (selon le sociologue Matsuba Haruo) : Ils associent la totalité des ménages du quartier concerné de manière à pouvoir répondre fonctionnellement aux besoins de la société locale (aide sociale, ordre public, etc.) Ils aident l'administration en lui fournissant des collaborateurs bénévoles ou subventionnés dans de multiples domaines (hygiène, nettoyage, diffusion de l'information, etc.) Ils jouent efficacement le rôle d'intermédiaire entre l'administration et la population pour la mise en œuvre des politiques les plus diverses (urbanisme, police, éducation, etc.) Ils exercent souvent une certaine pression politique, lors des campagnes électorales par exemple. [...]
[...] Les burakumin sont les parias du Japon, on parle de trois millions de personnes. Dans l'archipel, il s'agit d'un tabou total, les universitaires ne peuvent pas faire de thèse sur le sujet, ils risquent de signer la fin de leurs études. Pour l'archipel, ces gens n'existent tout simplement pas, ils sont la race invisible Pourtant, les Japonais savent qu'ils existent car des entreprises, des parents de futurs mariés engagent des détectives afin de savoir si des personnes ne seraient pas issues de cette classe sociale très à part. [...]
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