Asile, hôpital, institution totalitaire, aliénation, psychiatrie
Cet ouvrage, paru en 1961 sous le titre original: Asylums, essays on the condition of the social situation of mental patients and other inmates, se présente sous la forme d' un recueil de quatre enquêtes sociologiques qui s'articulent autour de la problématique des rapports de l'interné mental à l'institution psychiatrique. L'auteur se centre sur l'interaction de l'individu avec son environnement institutionnel et non pas sur la pathologie médicale.
[...] Première partie: les caractéristiques des institutions totalitaires Dans cette étude, construite sur la base d'enquête de terrain et de recherches bibliographiques, E. Goffman introduit le concept d'institution totalitaire qu'il définit comme un lieu de résidence et de travail où un grand nombre d'individus placés dans la même situation, coupés du monde extérieur pour une période relativement longue, mènent 1 ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et minutieusement réglées. p 45 Bien qu'il opère une distinction entre les divers types d'institutions totalitaires sur la base de leur vocation (prison, monastère, caserne, navire, hôpital psychiatrique, camp de concentration E. [...]
[...] Conclusion Erving Goffman s'attaque à une thématique en vogue à son époque comme peuvent en témoigner nombres de productions connexes contemporaines ( on peut citer de manière non exhaustive: le Mythe de la maladie mentale de T. Szasz, l'Histoire de la folie à l'âge classique de M. Foucault ou dans un autre registre Vol au-dessus d'un nid de coucous de K. Kesey). On pourra avancer, entre autres critiques, et d'autres l'auront fait avant nous, la réduction de la maladie mentale à l'inadaptation sociale, au mépris des facteurs étiologiques biologiques et fonctionnels. [...]
[...] Goffman se propose d'en dégager l'architectonie générale des rapports sociaux selon un modèle d'analyse Durkheimien. Il met ainsi en relief un ensemble de pratiques et de dispositions telles que la réclusion, les cérémonies d'admission, la perte d'autonomie, la dépossession des biens personnels, la dégradation de l'image de soi, l'altération de l'intégrité physique et morale ou l'embrigadement, autant d'éléments qui concourent à mettre en place un processus de dépersonnalisation chez l‘individu. L'institution totalitaire tend, par un système de récompenses et de sanctions, à remodeler la personnalité du reclus pour le rendre conforme au modèle-type attendu. [...]
[...] D'autre part, même si la démonstration avère parfois difficile, il peut sembler excessif de condamner le praticien en psychiatrie à une tâche purement diagnostique et préventive, lui dénigrant tout rôle thérapeutique. On notera enfin que certains particularismes comme l'homosexualité ne sont plus à ce jour considérés comme des maladies mentales. Il n'en reste pas moins que cet ouvrage a marqué le monde de la sociologie et de la psychiatrie jusqu'à servir de support aux réformes du système asilaire aux Etats-Unis dans les années soixante-dix et inspirer le mouvement antipsychiatrique qui se développera en Europe vers la fin des années soixante. [...]
[...] Il appelle ces formes de résistance ou d'échappatoire adaptations secondaires par opposition aux adaptations primaires qui concernent l'ensemble des attitudes et des comportements conformes aux attentes de l'organisation. Elles impliquent la mise à profit de toutes les failles que peut présenter le système, allant du détournement d'objets aux manifestations voilées d'insubordination en passant par 2 l'exploitation habile des diverses affectations. Elles amènent aussi les reclus à rechercher des espaces intra-muros affranchis de la surveillance du personnel. Ces pratiques sont amenées à influer sur le fonctionnement même de l'organisation puisqu'elles peuvent aller parfois jusqu'à créer une structure hiérarchique parallèle ou aménager des systèmes de transmission clandestins. [...]
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