« La royauté oscillante » est un article écrit par Adriano Favole, anthropologue qui se situe à l'entrecroisement du structuralisme et du constructivisme. Il est actuellement professeur à l'Université de Turin. Cet article est paru dans le Journal de la Société des Océanistes en 2000.
A. Favole s'est beaucoup intéressé aux sociétés océanistes. Il a surtout écrit des comptes rendus d'œuvres à ce sujet. Nous retiendrons un article qu'il a écrit en 2006 : « Le Fakamisimisi de Futuna ou l'esthétique du travail quotidien ».
Dans « La royauté oscillante », l'auteur nous donne une description ethnographique du rituel cérémoniel d'investiture du Roi d'Alo sur l'île de Futuna (Polynésie occidentale et collectivité territoriale française issue de la colonisation). Cette île est aujourd'hui divisée en deux unités politiques (les royaumes d'Alo et de Sigave) regroupant des chefferies. L'auteur s'est intéressé au royaume d'Alo dans son enquête ethnographique.
[...] Deux hommes isolés suivent le cortège, l'un représentant les alikis (il est habillé comme eux) et l'autre plus fort est le garde du corps du roi. Aujourd'hui, l'auteur note une désacralisation de cette danse (tù). Ce sont les habitants qui effectuent cette danse, et même si la représentation est quelque peu conforme à la tradition, il y a des différences. A. Favole nous explique qu'il faut remettre cette danse dans son contexte historique. Avant l'arrivée du Christianisme, un roi était choisi pour gouverner les deux royaumes d'Alo et de Sigave. [...]
[...] Le symbolique donne l'efficacité et la compréhension de l'imaginaire, il met en scène. Et ce sont les pratiques symboliques qui vont fonder le réel : ce que Maurice Godelier nomme l'idéel dans le réel. C'est pour cela que la première chose que font les colons en arrivant sur un territoire est de détruire les rites, le sacré et les représentations. Dans le cas de Futuna, la chefferie est le garant de la tradition futunienne. C'est le compromis entre la monarchie, la chefferie et le clergé qui a permis l'évolution de la société futunienne. [...]
[...] Comme nous l'avons vu, la société futunienne est basée sur une histoire héroïque qui légitime le pouvoir politique par les héros, les divinités. C'est à travers le rite de la kava et de la cérémonie d'investiture que se dessine la hiérarchie et l'organisation de la société. L'auteur nous montre dans cet article que le politique et sa manifestation à travers le mythe sont des données très importantes afin de comprendre le social. Dans les rites futuniens, on voit clairement l'importance du mythe qui lie les hommes à ses divinités et de l'histoire qui lie l'humain et la mythologie. [...]
[...] Mais suite à plusieurs batailles entre les royaumes Alo et Sigave qui ont eu lieu avant l'arrivée des Samoans, le Tu'i Sa'avaka a renversé le prestige du Sa'agogo, en le reléguant à un statut moins important. L'auteur révèle que dans la pratique du pouvoir des intronisateurs, il y a des querelles qui reflètent des tensions politiques. Elle est visible dans les discours de ces derniers. Lors des cérémonies d'intronisation actuelles, les deux hommes se livrent à une réelle joute verbale. [...]
[...] Une fois le tù effectué, la cérémonie d'investiture commence. L'auteur nous explique que les hommes s'assoient autour du kava, en formant un cercle. Le kava est un récipient en noix de coco qui accueille une boisson sacrée faite à partir de racine. La disposition des hommes autour du kava reflète les statuts de chacun au sein de la société. Il y a une transposition spatiale de la hiérarchie autour du récipient. La place du roi se situe face au récipient dans le demi-cercle des personnes qui portent un titre (l'autre demi-cercle étant celui des gens du commun Plus les personnes sont loin du kava, moins leur statut est élevé. [...]
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