Cet article s'ouvre sur le constat fait a priori par tous les chercheurs qui se penchent sur la maternité en Afrique : la maternité est un passage obligé pour l'Africaine, dont la place dans la société est largement déterminée par sa fécondité, tant et si bien que la femme stérile est mise au ban de la société, tandis que la femme ménopausée ayant été épouse et mère est considérée comme ayant rempli son « contrat social » (Cf Jessen, 1997, p. 108). Sur le plan épistémologique, ce postulat de la maternité « naturelle » empêcherait une vraie analyse du rapport de la femme à la maternité. Donc, au-delà du prestige attaché à la femme qui a eu de nombreux enfants, il faut s'intéresser à la valorisation de la grossesse et de l'accouchement, à l'attitude requise de la part des mères, à la place qui leur est faite dans la société. Depuis les années 1990, quelques études en langue anglaise tentent de faire sortir la maternité de l'ordre naturel, et d'en retracer l'historicité (Cf Catherine Fouquet et Yvonne Knibiehler, mais aussi Françoise Thébaud qui affirme que « la maternité a une histoire »).
Problématique : Etat des lieux de l'historiographie de la maternité subsaharienne, en se penchant sur ses silences, en les expliquant, et en analysant la production récente.
[...] Enjeux de la reproduction démêlés par l'auteure = ordre moral, cohésion politique et harmonie sociale. Ce livre montre que l'histoire de la maternité révèle des fonctionnements sociaux et politiques qu'elle reflète, entretient ou modifie. [...]
[...] Le concept de politique de l'utérus permet, pour l'auteure, de comprendre que les enjeux de la reproduction sont liés à des aspects matériels et à des questions morales : qui doit s'occuper du contrôle de la sexualité des femmes (rejet des sages- femmes formées en ville et donc contaminées par l'amoralité urbaine) et qui doit engranger les bénéfices de leur fécondité (rôle des colonisateurs). Il s'agit d'analyser les conflits autour de la reproduction, de montrer l'évolution des enjeux, et les différents débats sur l'excision, l'avortement, l'infanticide et la liberté sexuelle qui traversent la période. Cet ouvrage montre que l'histoire sociale et politique africaine au XXe s'explique sur plusieurs échelles : individuelle, communautaire, nationale et internationale. Années 1960 = débats sur les mères célibataires qui menacent un ordre social fondé sur le contrôle des mères par la communauté. [...]
[...] En histoire, quasiment rien n'a été fait sur les périodes précoloniales : par manque de sources, mais surtout par manque d'intérêt. Certains manuels sur l'histoire des femmes n'évoquent même pas la maternité, comme celui de Hay et Stitcher (1984), alors que celui de Catherine Coquery-Vidrovich (1984) ne consacre que quelques développements à l'histoire de la maternité, notamment en lien avec les pratiques matrimoniales. Les monographies sur l'histoire des femmes recèlent le même défaut, certains auteurs traitant des femmes comme si elles formaient une seule catégorie (Eprecht, 2000). II. [...]
[...] Anne Hugon, L'historiographie de la maternité en Afrique sub-saharienne in Clio, Histoire, Femmes et Sociétés, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, Cet article s'ouvre sur le constat fait a priori par tous les chercheurs qui se penchent sur la maternité en Afrique : la maternité est un passage obligé pour l'Africaine, dont la place dans la société est largement déterminée par sa fécondité, tant et si bien que la femme stérile est mise au ban de la société, tandis que la femme ménoposée ayant été épouse et mère est considérée comme ayant rempli son contrat social (Cf Jessen p. [...]
[...] En Afrique australe, les femmes ont été massivement employées par des blancs, tandis qu'ailleurs, les serviteurs étaient les hommes. En Afrique du Sud par exemple, les femmes reçoivent la même éducation domestique mais elles les utilisent pour se faire employer auprès d'enfants. Les autorités médicales mirent en place dans l'entre-deux-guerres des programmes de suivi médical des grossesses, d'encouragement aux accouchements en institution et de remplacement progressif des accoucheuses par des sages-femmes diplômées, car les colonisateurs étaient inquiets de la mortalité maternelle et infantile qui entamait le réservoir de main- d'œuvre. [...]
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