Sans conteste, la figure de Zygmunt Bauman est singulière. Victime et témoin de l'Holocauste, de l'horreur de la guerre et du traumatisme de l'exil, la peur de l'Autre ainsi que la figure de l'Etranger vont constituer de véritables motifs obsessionnels à sa réflexion, des thèmes privilégiés scandant telle une litanie ses ouvrages.
Né en 1925 à Poznan en Pologne, de parents juifs-polonais non pratiquants, il est en effet témoin de l'invasion de la Pologne par les troupes nazies et de l'exil forcé dans la zone d'occupation soviétique. Après s'être distingué par les honneurs dans la guerre (médaille du courage en 1950...), Zygmunt Bauman se lance dans des études de sociologie à l'Académie des Sciences Sociales de Varsovie. Au départ proche de l'idéologie dominante, la doctrine marxiste, il s'en distanciera peu à peu, par une lecture critique qui annonce d'ailleurs certaines thématiques de son premier ouvrage, Le socialisme, une utopie active, publié en anglais en 1976.
Et L'amour liquide dans tout ça ? L'exemple trivial des télés-réalités comme « métaphore du monde global, où ce qui est mis en scène, c'est la jetabilité, l'interchangeabilité et l'exclusion » (Chapitre 1, « Tomber amoureux ou en-dehors ») est symbolique de ce monde où les liens et les relations sont de plus en plus mouvants et instables. Un monde de la modernité flottante, liquide, vecteur en cela « de la fragilité des liens entre les hommes » ; la cible, le responsable est alors le triomphe de la société de consommation.
[...] Dans cette volonté de tout couvrir, de tout dire, il ne peut éviter de temps à autre le piège de la digression (des réflexions éparses sur la Vérité . ) ou encore l'entorse de la répétition, à peine camouflée Rappelons-le . Qu'on me permette de le répéter . Enfin, si le registre économique qui scande tout son discours donne à ce texte toute son originalité, on peut y voir cependant le risque de la caricature se glisser dans ses écrits. [...]
[...] Dans cette entrée en matière, Zygmunt Bauman affiche en effet le contexte du monde de l'individualisme et de la surconsommation et s'intéresse alors aux comportements et aux interactions entre les hommes. Dans cette optique, Bauman énonce clairement son concept éponyme : l'amour liquide, ce monde flottant, cette matrice de connexions et de déconnexions. D'ailleurs, toute la force de sa réflexion n'est-elle pas dans son tableau nuancé que Bauman fait de l'homme et des relations ? Ce double visage de l'être humain incapable de choisir entre espoirs et craintes, entre la volonté d'être en rapport avec autrui et la peur de s'engager pour de bon, pour toujours confine à l'homme toute sa singularité, la peur trop libre de se jeter dans le vide et en même temps l'idée qu'en moins d'une seconde, le rêve peut se terminer . [...]
[...] La relation durable, le mariage sont remis en question vers des formes bien plus libres, sans attaches tandis que les couples se composent, se décomposent et se recomposent Dans les relations humaines, les individus jaugent, évaluent, choisissent, jettent et passent des contrats entre eux. Vers la glorification de la figure du Don Juan, l'amour devient alors ce savoir-faire qui s'améliore avec le nombre d'expériences contenant pour chacune d'elles une part de nouveauté. Toute la stratégie de Bauman dans ce chapitre est de montrer le visage complexe de l'amour. Face au désir ou à la mort, l'amour est gage d'excitation, mais en même temps fragile, précaire, inquiétant. [...]
[...] La force même de cet ouvrage réside selon moi dans cette synthèse de toutes les idées qui lui sont propres parmi tous ses livres. En effet, le dernier chapitre de L'Amour liquide n'est-il pas l'écho de tout son travail de la pensée dans Vies perdues par cet intérêt porté aux zones de pauvreté autour des villes et à la figure de l'exclu, de l'étranger, de l'oublié ?Et en même temps, lorsqu'il évoque dans les dernières lignes de son chapitre les dérives des pouvoirs politiques, les slogans sécuritaires de l'élection présidentielle 2002 («Lorsque Chirac brandit l'idée de centres fermés pour délinquants juvéniles, Jospin répondit par la vision de structures fermées pour les jeunes délinquants, et surenchérit en proposant le principe de la condamnation immédiate on ne peut s'empêcher d'y voir les premières pistes d'un de ses derniers ouvrages, La décadence des intellectuels. [...]
[...] L'amour liquide : de la fragilité des liens entre les hommes, de Zygmunt Bauman Sans conteste, la figure de Zygmunt Bauman est singulière. Victime et témoin de l'Holocauste, de l'horreur de la guerre et du traumatisme de l'exil, la peur de l'Autre ainsi que la figure de l'Etranger vont constituer de véritables motifs obsessionnels à sa réflexion, des thèmes privilégiés scandant telle une litanie ses ouvrages. Né en 1925 à Poznan en Pologne, de parents juifs-polonais non pratiquants, il est en effet témoin de l'invasion de la Pologne par les troupes nazies et de l'exil forcé dans la zone d'occupation soviétique. [...]
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