L'AUTEUR
Amin MAALOUF est un écrivain libanais né à Beyrouth en 1949 et qui a fuit son pays en 1976 pour Paris en raison de la guerre civile. Rattaché à l'hebdomadaire An-Nahar International, puis rédacteur en chef de Jeune Afrique, il consacre dorénavant la majeure partie de son temps à l'écriture de livres. Tous empreints d'orientalisme, certains de ses ouvrages ont eu un grand retentissement dans le monde de l'édition. Voici quelques titres d'ouvrages d'Amin Maalouf : Le Rocher de Tanios, (1993), qui a obtenu le Prix Goncourt, Les Echelles du Levant, (1996), Les Identités meurtrières, (1998), Léon l'Africain, (1986), Samarcande, (1988) qui a obtenu le Prix des Maisons de la Presse
LES IDENTITES MEUTRIERES
Les identités meurtrières est un essai paru en 1998 aux éditions GRASSET. Amin Maalouf, à partir de sa situation de libanais expatrié, interroge le concept d'identité et refuse la définition trop simpliste qu'on en fait. Il fait ressortir des notions primordiales dans la quête de l'identité : « appartenances », « réciprocité », « héritage », « modernité », « influence »…
Dès l'introduction, Amin MAALOUF donne une définition de l'identité : « ce qui fait que je suis moi-même et pas un autre ». Cette interprétation peut paraitre un peu trop large dans le cadre de notre société actuelle où tout le monde veut mettre des mots précis sur chaque chose. L'identité est propre à chacun, mais que renferme-t-elle exactement ? L'identité est faite de multiples éléments. Maalouf illustre avec son cas : étant lui-même « à la lisière de deux pays, de deux ou trois langues, de plusieurs traditions culturelles », son identité ne peut se traduire par un seul élément qui viendrait englober ses origines, ses cultures. Tout homme a une identité complexe et des appartenances multiples. L'auteur introduit aussi le dilemme de « l'identité composée » (un homme né en France de parents algériens, un Turc né en Allemagne) et regrette les habitudes de pensées qui « réduisent l'identité entière à une seule appartenance. »
Le premier chapitres s'intitule « Mon identité, mes appartenances ». Une partie de la thèse de l'auteur apparait ici : c'est une multitude d'appartenances qui va créer une identité propre à chaque individu. « Mon identité, c'est ce qui fait que je ne suis identique à aucune autre personne. » Les éléments qui composent l'identité sont quasiment illimités car personne ne va prendre les mêmes caractéristiques pour se décrire. Nous définissons notre identité à partir d'appartenances qui nous semblent essentielles (religion, nationalité, profession, milieu social…). Quelqu'un peut se dire avant tout « chrétien » tandis que quelqu'un d'autre se dira « tunisien » ou un autre encore « fonctionnaire ». Les appartenances n'ont pas la même importance pour tout le monde. Par ailleurs, leurs places évoluent dans le temps. Maalouf prend le cas d'un homme qui, en 1980 se proclame « yougoslave » tandis qu'en 1992, il se dit « musulman » et qu'enfin aujourd'hui, il s'affirme « bosniaque ». La hiérarchie des éléments de l'identité n'est pas immuable dans le temps. Plus nous alignons d'appartenances, plus notre identité sera spécifique car il est impossible qu'une personne partage exactement toutes les mêmes appartenances, dans le même ordre, que nous. La hiérarchie des appartenances peut se comprendre selon la région du monde où l'on est né et où l'on vit. Naitre d'une certaine couleur de peau n'a pas la même signification sur les cinq continents. Selon ce ressentiment vis-à-vis de notre couleur, on pourra choisir de mettre en avant cet élément de notre identité. Ceci est d'autant plus vrai car on se reconnait dans son appartenance la plus attaquée (couleur, religion, langue…) Plus un élément de notre identité sera agressé, plus on aura envie de le défendre en le mettant en avant dans notre identité. Les émeutes de 2005 révèlent un sentiment de méfiance des groupes que les médias ont stigmatisés « jeunes de banlieues » issus de l'immigration et donc portant avec eux leur nationalité première.
[...] Mon identité, c'est ce qui fait que je ne suis identique à aucune autre personne. Les éléments qui composent l'identité sont quasiment illimités car personne ne va prendre les mêmes caractéristiques pour se décrire. Nous définissons notre identité à partir d'appartenances qui nous semblent essentielles (religion, nationalité, profession, milieu social Quelqu'un peut se dire avant tout chrétien tandis que quelqu'un d'autre se dira tunisien ou un autre encore fonctionnaire Les appartenances n'ont pas la même importance pour tout le monde. [...]
[...] Saisir des éléments d'autres cultures que la sienne et constater que des éléments de sa propre culture font partie du patrimoine universel tel est le concept de réciprocité La mondialisation n'est pas à sens unique (occidentalo-occidentale) mais elle s'appréhende dans tous les sens. Au lieu de subir la mondialisation et d'avoir honte de son identité, il faut apprendre à l'utiliser pour véhiculer ces idées à travers le monde. La mondialisation devrait englober tout le monde et ne pas imposer sa vision. Les individus doivent affirmer leur identité et leurs appartenances multiples. Le combat pour la diversité culturelle sera gagné lorsque nous serons prêts à nous mobiliser. [...]
[...] En fait, Maalouf explique ce choix d'image par le fait que l'identité, comme le mammifère, peut s'apprivoiser mais peut aussi tuer. Par extension, le monde, si on ne fait rien pour vivre tous ensemble dans le respect de l'autre, peut se transformer en jungle, où chacun défend son territoire et son environnement. Rien n'interdit de penser qu'un jour, un Noir serait élu président des Etats-Unis Cette citation d'Amin Maalouf, grandement d'actualité, symbolise la maturation lente mais en marche dont le monde se fait l'écho. [...]
[...] Afin de combattre les guerres liées à la religion, Maalouf préconise de séparer le religieux de l'identitaire. Mais aucune appartenance nouvelle ne semble faire le poids tant la religion comble le plus de besoins identitaires. C'est selon moi un peu faible puisque nombre de gens athées se complaisent très bien dans d'autres appartenances qui les comblent beaucoup plus. Par ailleurs, la différence entre tradition et religion doit avoir une place dans l'explication de l'identité. Une amie m'a confié que si elle ne mangeait pas de porc, c'est qu'il n'y en avait jamais eu chez elle. [...]
[...] La soif de pouvoir et de domination risque de rendre impossible la réalisation de ce monde multiculturel. Selon Maalouf, la langue, qui constitue un facteur d'identité et un instrument de communication. est l'appartenance la plus déterminante. Même si l'anglais est souvent considéré comme la langue mondiale, toutes les langues qui peuplent le monde sont dignes. Le nombre de pratiquants d'une langue à travers le monde ne détermine pas une hiérarchie des dialectes. De plus, la mouvance de l'internationalité des langues est intéressante. [...]
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