Le XXème siècle a permis une progression grandiose de la scolarisation des filles après bien des siècles d'ignorance. Les chiffres et statistiques nous démontrent l'ampleur de ce phénomène où la réussite scolaire des filles est sans précédent et supérieure à celle des garçons. Ce fait social nouveau, intégrant une distinction des sexes dans le déroulement de la scolarité, n'évince pourtant pas le poids de l'origine sociale dans cette même scolarité. Il faut également mesurer la valeur de ce nouveau capital scolaire des filles transformé en capital social dans le domaine professionnel. A cette avancée spectaculaire s'oppose cependant le maintien d'inégalités entre les filles et les garçons pendant et après la scolarité. Le progrès scolaire des filles ne signifierait-il alors que le déplacement de la barrière entre les sexes vers un niveau plus élevé de scolarisation ?
[...] Cependant, il subsiste des disparités d'orientation qui confirment la traditionnelle opposition entre les filières scolaires littéraires et scientifiques, qui tend à reprendre une opposition filles/garçons. Pour reprendre l'ancienne terminologie, les filles sont plus nombreuses dans toutes les filières générales, qu'il s'agisse des baccalauréats C ou D. Mais leur nombre augmente moins vite dans les filières scientifiques que dans les filières littéraires, or c'est notamment le baccalauréat scientifique qui est considéré comme le plus prestigieux. Pour la filière économique, la différenciation entre les sexes est quasi nulle, ils progressent de concert. [...]
[...] Chapitre 3 : Mixité des structures, sexisme des mentalités Si les filles ont pris d'assaut le domaine scolaire, se sont-elles réellement dégagées des représentations traditionnelles ? Toutes ces ouvertures politiquement décidées et mises en place par des lois ont-elles réussi à faire changer les mentalités ? Il semblerait pourtant que les stéréotypes subsistent toujours quant aux domaines plutôt féminins et ceux plutôt masculins : c'est le concept de stéréotype de sexe qui veut qu'on attende telle attitude d'une jeune fille et telle autre d'un jeune homme, bien différenciées, issues d'une socialisation différente pour les deux sexes. [...]
[...] Chapitre 5 : La suprématie précoce des filles En revanche, il existe une suprématie littéraire des filles qui a été vérifiée par de nombreux tests. On peut alors s'interroger sur les conditions qui ont pu prédisposer les filles à s'intéresser aux matières littéraires. Les filles se soumettent en effet plus facilement aux règles formelles de la présentation, utilisent un vocabulaire plus diversifié mais il y a peu de différence entre garçons et filles pour d'autres exercices comme ceux de compréhension. [...]
[...] Qui faudra-t-il sacrifier : la famille ou le travail ? Il est certain que le mouvement vers l'égalité scolaire est décidément enclenché, mouvement bien plus rapide que l'égalité familiale ou professionnelle, sachant que ces mouvements concernent essentiellement les pays riches avec à l'avenir une revendication croissante de la reconnaissance des qualifications des femmes, qui devrait être relayée par l'Etat. Conclusion Cet ouvrage de Baudelot et Establet étudiant sur une période relativement longue les évolutions des relations entre hommes et femmes, tout d'abord en milieu scolaire, puis dans le cadre familial et professionnel, donne un panorama assez complet sur le chemin encore long à parcourir vers l'équité dans tous les domaines entre les deux sexes, tout en reconnaissant les progrès déjà intervenus. [...]
[...] Citations Le concept de stéréotype de sexe indique seulement que chaque garçon et chaque fille est contraint de construire son identité personnelle en prenant position par rapport à des attentes sociales traditionnellement propres à son sexe p72 A réussite scolaire égale, les garçons bénéficient toujours, à leurs propres yeux, d'une valeur supérieure p 131 Le sexe est, après l'origine sociale, la seconde dimension de l'architecture scolaire. [...]
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