Il s'agit d'une enquête sur les déterminants du choix du conjoint dans les années 1960, qui, comme le résume l'auteur en conclusion de l'ouvrage, tente de répondre à la question : « qui épouse qui ? », et ainsi de savoir si le choix de conjoint se fait « au hasard » ou s'il est au contraire le fruit d'une série de déterminations géographiques, sociales et culturelles.
Le point de départ de cette recherche est en effet l'idée selon laquelle, avec la fin ou le déclin des arrangements officiels de mariages, les individus pourraient jouir d'une plus grande liberté de choix : Alain Girard s'attache en revanche à montrer que toute une série de déterminations contraint les individus dans ce choix.
[...] Les circonstances du mariage (p. 95-140) Analyser les circonstances du mariage, de la rencontre à la célébration en passant par les fiançailles permet de saisir deux éléments : comment, concrètement, s'opère le choix dans un univers de possibles déterminés par les caractéristiques sociales analysées dans la première partie, d'une part, quelles normes et contraintes pèsent sur le déroulement même de l'union d'autre part. Dans cette partie Girard introduit une analyse plus attentive aux récits des personnes, en retranscrivant des extraits de ceux- ci, précédés de la profession actuelle du mari. [...]
[...] Aspects du problème et tendances de la recherche (p.15-33) Une orientation sociologique En introduction Alain Girard s'attache à montrer l'orientation sociologique de sa démarche, en recensant, et en se démarquant, des études de type génétique ou purement démographique. Ainsi, il annonce d'emblée les limites de sa recherche : elle porte sur les caractéristiques sociales d'un échantillon de population, et exclut toute mesure de nature physique ou biologique, caractérielle ou mentale, qui eût requis d'autres procédés d'investigation (p. 16). Il s'inscrit donc dans une série de travaux qui considèrent le mariage comme une institution sociale, et se réfère à ce titre à l'anthropologie anglo-saxonne et aux travaux, contemporains, de Levi-Strauss sur la parenté. [...]
[...] Quand au niveau d'instruction, déterminé selon Girard par le milieu d'origine, l'homogamie est encore plus nette : des conjoint-e-s ont effectué des études identiques, et la majorité d'entre eux ont le même diplôme ou pas de diplôme. Girard étudie également la religion comme variable culturelle : l'homogamie très forte ( des conjoint-e-s ont la même religion ou pas de religion) peut s'expliquer par un catholicisme encore dominant en 1959, et se retrouve lorsque l'on examine la pratique religieuse des conjoint-e-s. [...]
[...] Ensuite, pour 1/5 des couples, les conjoint-e-s sont né-e-s dans la même localité, dans la même région dans 69% des cas. Là encore la distance augmente légèrement avec le temps, s'accroît au fur et à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie sociale et varie selon la région dans laquelle on se situe (distance faible en Flandre-Artois, Poitou, Franche-Comté, plus forte dans l'agglomération parisienne). La proximité géographique est donc forte, que l'on s'attache à la résidence ou au lieu de naissance, mais elle est en diminution, des phénomènes de mobilité géographique étant à l'œuvre dans plusieurs régions, et n'est pas indépendante du milieu social : l'homogamie régionale (p.71) diminue au fur et à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie sociale. [...]
[...] Les conclusions de cette partie sont ainsi résumées : La distance séparant les conjoints se meut ainsi sur deux dimensions, géographiques d'abord, augmentant de la campagne à la ville, sociale d'autre part, augmentant avec l'élévation sur l'échelle hiérarchique des professions. On peut dire que la distance entre les conjoints croît en même temps que le degré de mobilité géographique et sociale des groupes professionnels Cette distance tendrait à s'accroître, mais à un rythme lent qui ne remet pas en question la forte tendance à l'homogamie. [...]
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