L'aiguille dans la botte de foin, Ernesto Mallo, Argentine, dictature, folie, roman sur la folie
A travers L'aiguille dans la botte de foin, Ernesto Mallo, grand écrivain argentin né en 1948 à Plata, nous propose de revisiter l'Argentine de la dictature des années 70 à travers le quotidien de divers personnages, tenant chacun des positions sociales différentes, mais reflétant tous bien une même réalité, celle de la folie, folie qui s'est emparée d'eux, dans une société elle-même folle.
A travers ce roman, que certains disent « policier », mais que lui préfère appeler « roman sur la folie », Ernesto Mallo nous relate la vie quotidienne du peuple argentin, en partant d'une trame principale, celle de l'enquête d'un policier, Lascano, aussi surnommé « Perro » (le chien), qui tente coute que coute, au milieu de ce chaos général, de rester intègre, et de poursuivre au mieux les enquêtes qui constituent son travail. L'auteur, partant de cette intrigue du policier Lascano, introduit chapitre après chapitre l'histoire principale d'un nouveau protagoniste, jusqu'à ce qu'une trame globale se dessine, liant chacun des chapitres – et donc chacun des personnages – les uns aux autres, ce qui permet à la fois de dresser un tableau global de la situation en Argentine à cette époque, mais aussi de percevoir à quoi peut ressembler la vie quotidienne de chacun sous la dictature.
Habile entreprise donc, que ce roman qui se veut témoin de la folie d'une société, dans un temps non tant reculé qu'il n'y parait.
[...] Elle court, court pour tenter de s'échapper, et au mieux survivre, puisqu'en tant qu'opposant à la dictature, il ne s'agit plus de vivre, mais de survivre. S'étant cachée dans un bâtiment reconverti en bordel, dans une des chambres où elle a pu se faufiler sous une table et se cacher derrière une chaise, Eva reprend sa respiration entre chaque venue de personnes qui manquent de la découvrir. Soudain, c'est Lascano qui arrive dans la chambre, et qui découvre Eva en voulant ramasser son carnet noir. [...]
[...] Lascano s'attache à Eva, alors que cette dernière tente de comprendre pourquoi ce dernier prend tant soin d'elle, elle qui est une fugitive, et lui un policier. Une relation ambigüe s'instaure entre eux, d'autant plus qu'une certaine différence d'âge les sépare. L'alternance reprend ensuite, avec un indice sur la situation économique du pays. En effet, le chapitre neuf révèle dans sa première page que l'inflation galopante de 1979 touche tout le monde On apprend qu'Amancio croule sous les dettes, et qu'il a engagé les mêmes biens pour plusieurs prêts, chose qui peut le faire courir à sa perte, notamment si Biterman le découvre. [...]
[...] Avis personnel : Ce roman, bien plus qu'un roman policier, est un roman sur la folie, la folie d'un gouvernement, qui engendre la folie des personnes qui y sont assujetties. En nous faisant ressentir le quotidien des protagonistes, à la fois dans leur vie personnelle et en créant un lien entre toutes ces histoires, nous pouvons entrevoir la réalité douloureuse d'une vie sous une dictature, et voir que quelque soit sa situation sociale, chacun lutte pour sa survie. L'une des grandes réussites d'Ernesto Mallo est d'avoir su humaniser chaque protagoniste en en montrant le quotidien et les faiblesses, même ceux que la médiocrité semblait ronger ; il a montré que même les dictateurs et les tortionnaires sont des humains, ce qui révèle à la fois la faiblesse des Hommes et leur barbarie, mais aussi la compassion que certains peuvent ressentir à leur égard. [...]
[...] Comme Lascano l'avait déposé à la banque entre temps, il ne resterait plus qu'à aller les récupérer. Lascano attend donc Eva dans sa voiture, le temps qu'elle retire l'argent déposé à la banque. Et c'est à ce moment que Lascano tombe aux mains des deux hommes ; il prend une balle dans le ventre, et dans un dernier élan de vie, aspire profondément une dernière bouffée de sa cigarette. Eva, pétrifiée devant la mort de Lascano, comprend qu'il lui faut partir, vite. [...]
[...] La quête sans fin des femmes de la haute bourgeoisie a conduit Horacio à rencontrer Amancio, cet homme aux bras de la superbe Lara, objet même de son désespoir. Comme Horacio espère bien pouvoir pénétrer le monde de la haute bourgeoisie par le biais d'Amancio, et que ce dernier a crucialement besoin d'argent, Horacio met en œuvre un plan pour que son frère, Biterman, prête de l'argent à Amancio, et que ce dernier ouvre un ainsi les portes du monde bourgeois à Horacio. [...]
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