On cherche ici à situer les jeunes générations dans la société. Les parents, principalement, ont besoin de situer pour élever. François de Singly souligne que le passage de l'enfance à l'adolescence ne se fait pas sans transition.
Force est de constater qu'il existe un découpage du cycle de vie plus détaillé, faisant ressortir la période précise de transition qu'est l'« adonaissance ». Alors que les adultes souhaiteraient rester des adolescents ou « adulescents », les jeunes cherchent de leur côté à s'individualiser, pour mieux s'affirmer en tant que personne à part entière.
Le changement serait issu de la montée de l'individualisme et de l'individualisation, c'est-à-dire le fait de ne pas être défini dans un contexte unique de génération, de sexe, ou d'autre institution. Ainsi, un garçon n'est pas seulement « fils de » au même titre qu'une femme n'est pas qu‘ « épouse ». L'individualisation est un refus de la réduction identitaire.
Ce constat étant fait, on comprend mieux un certain flou, né de la chute des barrières générationnelles, de genre, d'orientation sexuelle… L'exemple des droits est pris pour illustrer ce point : L'enfant a des droits sans attendre l'âge adulte. Pour autant, un malade a des droits en tant que personne, mais ne prend pas la place du médecin. Ses droits sont restreints à un certain pouvoir dans la relation.
Ce dédoublement identitaire ne bouleverse donc pas totalement la hiérarchie, la « taille symbolique » entre les individus. L'enfant ne devient pas pour autant « un adulte ».
Les préconisations des Lumières n'y peuvent rien : Le « Sapere aude » (Ose penser) kantien, n'a pas grande valeur sans une condition sociale favorable. Cette condition semble être la possibilité de s'exprimer. Les enfants devraient aussi pouvoir avoir cette possibilité. Mais voilà, penser par soi-même, c'est être « majeur ». Se pose alors la question de l'existence d'une « enfance majeure » (Charles Fourier), car celle-ci surprend, voire effraie.
Or, cette peur provient d'un amalgame entre les termes « majeur » et « adulte » que l'auteur tente alors de rectifier. Selon de Singly, l'enfant et l'adolescent n'ont pas à être traités comme un majeur au sens d'un adulte, mais peuvent bénéficier d'une part de « majorité » au sens de l' « autonomie ». Cette autonomie consiste surtout à prendre de la distance vis-à-vis de ses parents, tout en leur montrant qu'ils sont dignes de confiance. L'adonaissant est donc à mi-chemin entre la minorité et la majorité.
[...] Dans pratiquement toutes les familles envisagées lors des enquêtes, les adonaissants se voient imposer par leur parent des limites dans l'horaire du coucher, et bien qu'ils aient le droit de se coucher à une heure plus tardive lorsqu'ils n'ont pas école le lendemain, cette limite est bien réelle. Bien évidemment, aucun adonaissant ne dicte à ses parents l'heure à laquelle ils doivent se coucher. Ces jeunes sentent qu'ils n'ont aucune légitimité dans la gestion de l'emploi du temps de leurs parents, n'ayant eux même pas l'entière responsabilité du leur. [...]
[...] En négociant, elle est parvenue à faire sauter les deux derniers. Bien que Charline ne trouve pas ses parents trop envahissants, elle trouve d'une part qu'il est normal qu'ils lui demandent son avis quand ils établissent un programme la concernant, et d'autre part, qu'ils devraient le faire plus. Il n'est pas rare qu'elle discute les limites que ses parents fixent pour les horaires de sortie. Elle remarque cependant que son entrée au collège a engendré du changement. Elle dit se sentir plus grande Cependant, les parents de Charline conservent deux points d'autorité stricte : Internet, sur lequel elle n'a pas du tout de droit de surfer, et l'éducation religieuse, une culture à laquelle ses parents sont attachés. [...]
[...] 11- Libres ensemble ? Les murs ont la parole La liberté d'affichage n'est pas valable que dans la rue et à des fins politiques : Les adonaissants en usent largement pour décorer les murs de leur chambre. Dans la plupart des familles, cette pratique est totalement libre : 81% des parents des familles-cadres n'interviennent pas sur ce point pour 70% des familles populaires. L'interdit quand il existe peut porter sur une affiche où les chanteuses/ actrices sont trop dévêtues par exemple. [...]
[...] En effet, dès cette période de la vie, le jeune n'a plus envie de subir une autonomie sous condition (réussite des études par exemple), une autonomie donc, forcément sans indépendance, car concédée par les parents. Lui sera alors préférée l'autonomie avec indépendance La négociation de la propriété de soi Nous l'avons déjà évoqué, l'équilibre entre liberté et contrainte se construit autour d'une limite. Il faut noter que l'important concernant cette limite est qu'elle ne soit pas déterminée d'office par les parents, mais négociée, discutée par le jeune. À ce titre, les parents doivent donc justifier leurs décisions. Depuis les années 1990, certains psychologues désapprouvent ce devoir de justification systématique. [...]
[...] Elle a une grande chambre pour elle seule. Elle apprécie les activités culturelles comme la lecture, la peinture, le chant. Ce goût se retrouve dans ses choix scolaires (elle est dans une école privée catholique), elle étudie le latin et souhaite apprendre le grec ancien. Cette jeune fille n'est pour autant pas coupée de la culture jeune : elle regarde souvent à la télévision sa série préférée, qui est aussi celle de ses copines. L'ancrage de la culture jeune lui permet d'échanger avec ses amies, très importantes dans la vie de Nina. [...]
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