Cet ouvrage est une réécriture condensée de la thèse n° 169 soutenue présentée par Didier PINGEON à la faculté de Genève, le 11 Décembre 1989. Le titre était alors : La rédaction sociale informelle à de jeunes délinquants : paroles, explications ordinaires, sens caché et sens donnés.
L'auteur, au fil de ses recherches – étalées sur plusieurs années- a rencontré et réalisé des entretiens avec des jeunes délinquants, des travailleurs sociaux, des juges, des policiers, des victimes. Il est également intervenu auprès d'équipes éducatives. Il est alors progressivement parvenu à 4 axes de réflexion sur lesquels il se base dans son ouvrage :
- La délinquance juvénile s'inscrit dans un processus normal de socialisation. Il y a quelque chose d'un rite auto-initiatique dans ce besoin inéluctable de transgression.
- Il y a une relation intime entre le délinquant, la victime, le public, le témoin d'une part, et les acteurs directs, la scène délictueuse, la proximité des agents de contrôle et des travailleurs sociaux d'autre part.
- Les représentations que le public a de la délinquance juvénile favorisent un processus intégratif. Le public détient des potentialités d'autorégulation primaire des conflits, pour autant qu'il soit encouragé dans ce sens.
- La multiplication et la sophistication des institutions spécialisées en matière de délinquance juvénile invite à une délégation des compétences d'autorégulation. Au point que l'offre en vient à créer la demande.
[...] Et, à côté de cela ; les usagers parlent de choses de la vie que l'on aborde peu ou pas dans leur famille. L'auteur fait alors une parenthèse qu'il qualifie de provocatrice et d' agacée : Serait-ce donc un privilège que d'être placé en institutions ? Pour D. PINGEON, qui dit croire en une culture imposante des démunis, il n'y a jamais de bonheur à être placé. Parfois seulement, il y a du soulagement Au lieu d'être rejetés et rejetant, ces usagers pourraient trouver dans l'institution une valorisation de leurs racines socioculturelles, une reconnaissance du droit à la différence. [...]
[...] Ils ont envie de ressembler aux autres et peur de se noyer dans la masse. Envie d'être comme tout le monde et peur d'être comme personne Conclusion Ce livre me semble intéressant dans le sens où il favorise un autre regard porté sur la délinquance juvénile, au-delà des représentations qui dominent la vision commune. De plus, l'auteur propose des axes de travail qui me paraissent astucieux dans le sens où ils découlent d'une réflexion basée sur des témoignages concrets de personnes directement ou indirectement concernées par le sujet de la délinquance juvénile. [...]
[...] Au point que l'offre en vient à créer la demande. Ce livre se divise en 6 parties et 32 chapitres : Des concepts et des contextes (Chap à La réaction du public (Chap à 11) Actes et paroles de délinquants (Chap à 16) Le jeune délinquant au feu de l'institution (Chap à 22) Paroles de victimes (Chap à 28) A la reconquête de l'autorégulation primaire (Chap à 32) Synthèse et analyse Pour illustrer ces 4 axes, l'auteur donne la parole à des délinquants, à des victimes, à des spécialistes, à Monsieur tout le monde Les entretiens approfondis font émerger de nombreux éléments qui surprennent : la tolérance certaine du public à l'égard des jeunes délinquants, la réaction des victimes qui souhaitent négocier la réparation en interaction directe, la proximité des jeunes délinquants à la conformité, L'auteur entend par autorégulation primaire le fait que le public soit la première instance à avoir une vision des choses, un avis, et de ce fait, à réguler les représentations. [...]
[...] Il se demande si cela est l'effet de la prise en charge elle-même ou si la marginalité de ces usagers n'est qu'apparente, réactionnelle. Pour lui, la marginalité apparaît comme une crise existentielle, en réaction souvent involontaire à l'intolérable : c'est peut-être pour cela que l'usager aspire à la conformité et donc à l'intégration. Pour l'éducateur qu'il interroge plus loin dans son livre, les usagers ont une sous-culture et dans les institutions, ils ont le privilège de rencontrer une classe sociale au-dessus de leur milieu culturel, pour la plupart. [...]
[...] Ensuite, l'auteur défend l'idée que la réinsertion suppose la mise en contact avec des situations normales banales ce qui contraste avec l'artificialité de l'institution. Pour l'éducateur interrogé, les travailleurs sociaux sont bien placés pour témoigner des disfonctionnements sociaux et institutionnels mais pour autant, ils n'ont pas à se servir de l'institution comme marchepied de leurs revendications Chacun peut rêver de sa révolution pour autant qu'il trouve les bons espaces d'expression. La seconde question que l'auteur pose à l'éducateur est : J'ai posé aux anciens usagers que j'ai rencontré la question suivante : si vous étiez nommé directeur d'une institution, quels changements, quelles modifications entreprendriez- vous ? [...]
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