L'humour et le rire occupent une place importante dans la vie sociale des Inuits. Ceux-ci n'hésitent pas à mimer, caricaturer ou se moquer ouvertement de leur interlocuteur. Celui-ci, lorsqu'il est un Quallunaat, éprouve souvent des difficultés à savoir discerner le vrai du faux et surtout, lorsqu'il se prête au jeu, à ne pas dépasser les limites qui feront passer l'Inuit du rire à la rancune.
L'auteur du film muet "Nanook of the North", Robert J.Flaherty, opposait ce rire à la difficulté de vivre dans des régions hostiles dans lesquelles la glace, le froid, la désolation et le blizzard règnent en maîtres.
[...] C'est ce qu'avait déjà compris Ali Tulugaq de Puvirnituq. Lors de la signature des accords sur l'exploitation de l'hydroélectricité, il fallut décider du partage des terres en baie James et au Nunavik. Ali Tulugaq , agacé par les 1700 pages de texte juridique, proposa alors d'envoyer la plus vieille femme du village, âgée de 90 ans, sans nourriture et sans abri dans la toundra, et le Premier Ministre Pierre Trudeau : le premier revenu sain et sauf deviendrait alors propriétaire des terres. [...]
[...] De même, un Inuit écorché par les sarcasmes des autres rira de lui-même afin que le moment désagréable passe plus vite et également afin de prouver qu'il est capable d'exercer un contrôle sur lui- même et de garder sa dignité, quelle que soit la situation. Malaurie parle d'autocritique par l'humour". Cela a également été observé chez leurs cousins éloignés, les Nenetses, qui face à leur anéantissement par la civilisation éclatent d'un rire fort qui veut dire : "Ne nous touchez pas". [...]
[...] Soudain, très énervé, il sort un thermomètre de sa poche et s'écrie: "si elle n'est pas là à moins dix, je pars ! Bibliographie Livres Les carnets de voyage de Stéphane Peyron, Stéphane Peyron, éditions du Chêne, page 22: "les Nenetses". Printemps inuit, naissance du Nunavut, Michèle Therrien, éditions Indigène, page 28. Les derniers Rois de Thulé, Jean Malaurie, éditions Terre Humaine, Plon, pages Inuit Uqausingit, Louis-Jacques Dorais. [...]
[...] Au Groënland, en revanche, rire se dit illarpoq ».Le suffixe-poq est utilisé pour les verbes ainsi que pour les adjectifs et les participes passés ; exemples : angivoq : grand ; aserorpoq : cassé. Au Nunavut, on observe que le vocabulaire du rire n'a pas de radical commun : ijurpuq : il rit ; iquvuq : il fait des grimaces ; lannguapuq il blague ; mittapuq : il se moque ; qangirpuq : il dépasse, il exagère. Rire, c'est d'abord créer un joli son, qui se propagera chez vos interlocuteurs. Ce son exprime le plaisir, l'appréciation des qualités de l'interlocuteur. [...]
[...] Les différentes fonctions de l'humour Pour un Inuit, rire c'est s'ouvrir à l'autre. Cela représente l'assurance et le confort trouvés dans le fait d'être ensemble. Le rire est le propre de l'homme mais il diffère d'une personne à une autre. On s'ouvre, on montre son vrai moi, son humanité. En nunavimmiutitut, la langue du Nunavik, le champ sémantique du mot "rire" s'articule autour d'une base lexicale qui est reliée à la notion d'aperture, c'est-à- dire à l'écartement des organes lors de la tenue des phonèmes ;"qungattuq" ( qui sourit), "qujattuq" ( qui manifeste sa joie "uquanngua" ( faire semblant de parler, jouer à imiter la parole vraie, plaisanter), "quvianaqtuq" ( agréable à fréquenter, qui sait rire), contiennent chacun cette base verbale ainsi que la voyelle " dont la prononciation se fait en ouvrant la bouche. [...]
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