Travail, urbanisation, enjeux économiques, enjeux environnementaux, lutte des classes, misérabilisme, insécurité, politique urbaine
Dans son célèbre roman, Hard Times (1856), Charles Dickens met en scène de « monstrueux serpents de fumée » qui flottent au-dessus de Coketown, une ville fictive largement inspirée de Manchester, cité industrielle par excellence.
Les années 1830 sont considérées comme une date butoir par l'historiographie des mondes du travail, représentant pour de nombreux pays européens un point de départ dans les profondes transformations des structures du travail liées à l'industrialisation, qui marquent le paysage productif jusqu'à la fin des années 1930.
Durant un siècle, la ville est le cadre privilégié de ces mutations qui touchent à la fois les systèmes productifs, l'organisation du travail, la diversité des activités et la composition et les statuts des travailleurs. On peut parler de la ville, au sens démographique du terme, comme une agglomération de plus de 2 000 habitants, mais cette catégorie d'espace est dominée par des activités différentes aux XIXe et XXe siècles. La typologie développée par Leslie Page Moch met ainsi en évidence des villes dominées par l'industrie textile, des villes d'industries lourdes et des villes à prédominance commerciale et administrative. Ces villes ont pourtant toutes en commun d'être des espaces d'innovation, d'essor et de mutations au cours de la période.
[...] Cadre privilégié de l'industrialisation, la ville est le siège d'importantes transformations qui modifient son organisation et sa composition sociale et spatiale des années 1830 aux années 1930. L'évolution de la ville tend à la concentration des hommes et des moyens de production au cours de la période. Lieu de production privilégié, elle est également la cadre de vie des travailleurs qui y déploient de nouvelles sociabilités et leurs luttes. La ville est également l'enjeux de représentations qui marquent les mentalités contemporaines et les écrits de l'époque. [...]
[...] Au début de la période, la majorité des travailleurs de la plupart des pays européens (à l'exception de villes anglaises et belges) - qu'ils soient hommes, femmes ou enfants - pratiquent leur activité au sein d'un petit atelier urbain ou rural. Ce travail artisanal reste alors la norme, tandis que le travail agricole est encore dominant. En France, le recensement de 1851 montre ainsi que sur 1000 actifs recensés 568 travaillent dans l'agriculture dans la petite industrie et l'artisanat et 58 dans la grande industrie, largement minoritaire. À côté des petits artisans, travailleurs urbains par excellence vers 1830, l'ouvrier des manufactures concentrées apparait, alors employé principalement dans le secteur textile. [...]
[...] Qu'on songe aux émeutes luddites en Angleterre ou eux révoltes des Canuts lyonnais des années 1831 et 1834. En dépit de lois restrictives, les actions collectives des travailleurs marquent l'espace urbain, les usines et les observateurs de l'époque ; visant à l'amélioration des conditions de travail et gagnant en ampleur à la fin du XIXe. La ville est donc un espace où les conflits sociaux liés au travail sont particulièrement marqués, même s'il ne faut pas oublier que le monde rural est également secoué par des émeutes, comme celles du bienno rosso en Italie après la Grande Guerre. [...]
[...] Le modèle de la grande usine concentrée se développe un peu partout en Europe, touchant des secteurs variés allant des anciens secteurs industriels (mines et sidérurgie notamment) aux industries nouvelles telles que la chimie ou l'automobile. Ces structures, qui concentrent les moyens de production, la force de travail et les capitaux sont consommatrices d'espaces très vastes nécessaires à l'organisation de la production. Dans ses travaux, l'historien A. Dewerpe a ainsi montré la manière dont la société italienne de mécanique d'Ansaldo, employant ouvriers à la fin du XIXe, avait complètement transformé le bourg de Sampierdarena (proche de Gênes) en en ville mécanique. [...]
[...] Travail et travailleurs dans la ville en Europe occidentale des années 1830 aux années 1940 Dans son célèbre roman, Hard Times (1856), Charles Dickens met en scène de « monstrueux serpents de fumée » qui flottent au-dessus de Coketown, une ville fictive largement inspirée de Manchester, cité industrielle par excellence. Les années 1830 sont considérées comme une date butoir par l'historiographie des mondes du travail, représentant pour de nombreux pays européens un point de départ dans les profondes transformations des structures du travail liées à l'industrialisation, qui marquent le paysage productif jusqu'à la fin des années 1930. [...]
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