Ma première impression du Divisadero Farmers' Market n'était pas très positive. Plusieurs personnes m'avaient parlé de ce petit marché sachant que je m'intéressais au « local food movement » ; notamment l'une des mes roomates, excellente cuisinière dont je ne pouvais mettre en doute les conseils. J'avais aussi vu plusieurs pancartes dans le quartier qui appelaient à se rendre au croisement Divisadero et Grove, le dimanche de 10H à 14H. Colorées et brandissant le slogan « Buy Fresh, Buy Local », elles furent l'argument ultime qui me décida à me rendre pleine d'espoir à la fameuse intersection.
Minuscule fut sans doute le premier mot qui me vint à l'esprit. Lors de ma première prise de notes, à mon retour, j'avais écrit « huit à dix stands, posés là, au coin d'une rue ». Il devait y avoir une vingtaine de personnes en train de faire leurs achats, et on était bien loin de l'ambiance grouillante que j'avais pu imaginer par un dimanche aussi ensoleillé. Toujours sur cette même page de notes, je peux lire « et surtout : on n'y trouve rien ! ». J'étais en effet à la recherche de poires que je n'ai pu trouver. En résumé, la déception était totale. Et puis c'est un sentiment d'incompréhension qui prit le dessus.
[...] La taille minuscule du marché finit de décourager le potentiel flâneur, qui est très rapidement identifié comme tel. La gérante du marché, qui court d'un stand à l'autre avec sa polaire jaune très facilement identifiable, n'hésite pas à se présenter à ceux qui justement, trop impressionnés par une ambiance où tout le monde à l'air beaucoup trop affairé, ne savent pas vraiment comment faire, et hésitent presque à partir. Elle est une clé pour entrer dans le système. Au même titre que la marchande de tapenade ou que le stand ‘informations'. [...]
[...] Le stand olives et tapenades et sa productrice-cuisinière est certainement le plus efficace. Même quand le marché est vide par jour de pluie, on y trouve toujours trois ou quatre personnes en train de goûter la dernière recette de tapenade sur crackers. On goûte, mais attention, il faut ensuite juger, dire ce qu'on en pense et surtout débattre, car la marchande n'hésite pas à faire l'intermédiaire pour que deux personnes se mettent à argumenter sur leurs olives préférées. Une expérience qui, bien évidemment, ne s'oublie d'une semaine à l'autre. [...]
[...] Observation ethnologique du marché de producteurs de Divisadero (San Francisco, CA) ou quand acheter des légumes devient un enjeu identitaire Surprise et déception. Ma première impression du Divisadero Farmers' Market n'était pas très positive. Plusieurs personnes m'avaient parlé de ce petit marché sachant que je m'intéressais au local food movement ; notamment l'une des mes roomates, excellente cuisinière dont je ne pouvais mettre en doute les conseils. J'avais aussi vu plusieurs pancartes dans le quartier qui appelaient à se rendre au croisement Divisadero et Grove, le dimanche de 10H à 14H. [...]
[...] Dès lors, on comprend mieux l'enjeu économique, mais surtout symbolique, qui se cache derrière le choix de se rendre à un marché de producteurs locaux et d'éviter le Safeway du quartier. La dimension symbolique de cet engagement se ressent très fortement. Pour beaucoup, prendre part au Divisadero Farmers' market, c'est se responsabiliser par rapport à l'agriculture locale. Et l'association responsable du marché, à travers le stand information, le site internet et le discours de la gérante, autant que les producteurs, ne peuvent que les encourager à adopter cette vision des choses. [...]
[...] Comme Michael Pollan l'explique dans son best seller, Wendell Berry nous explique ici que les consommateurs sont directement impliqués, et ont donc un rôle à jouer, dans le processus de production de ce qu'ils mangent4. Ils échangent alors leur casquette de consommateur, pour celle de coproducteur. Pour la plupart des clients, le soutien de l'agriculture locale est l'une des premières réponses données lorsqu'on leur demande pourquoi ils sont ici. Ce soutien local s'exprime à deux niveaux. D'abord, à travers la nostalgie d'une Californie beaucoup plus agricole. [...]
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