Qui sont-ils, ces mystérieux petits hommes verts, qui arpentent les rues de nos villes, à la recherche d'énigmatiques sacs au contenu divers et odorant, fraction de la vie privée de chacun. Ils sont à la fin de la chaîne logique de la consommation, ce sont les hommes de l'ombre, nous dormons, ils agissent. Nous nous levons, les sacs n'existent plus, les rues sont propres à nouveau, les uniformes ont disparu, ils reviendront demain.
Pas un regard reconnaissant ne s'est accroché à ces gardiens de la propreté. Du lampadaire à la silhouette verte, le cadre qui dès 6 h du mat travaille à 250 km de chez lui, ou le « teuffeur » encore le pas hésitant, ne font aucune différence. Ils appartiennent tous deux au monde urbain, sale, bruyant, gris.
Cette idée ne préoccupe personne, mais même sans son plus petit rouage, la plus grosse des machines ne peut fonctionner. Un exemple simple, il suffit de se rappeler les quelques grèves des agents de propreté transformant alors la ville en un chaos odorant surréaliste.
On les ignore, si le juge et le militaire sont les armoiries et les armes de ce qu'on pourrait appeler « contrat social », alors ces métiers dédaignés en sont les coulisses et les constructions souterraines. Nous nous intéresserons autant aux conditions professionnelles qu'à ce que l'on pourrait nommer une aura d'invisibilité ou encore la propension à être ignoré des personnes exerçant ces métiers. Le système des castes en Inde, aboli le siècle dernier, où les travaux de salubrité étaient réservés à la caste des intouchables, peut être considéré comme l'ancêtre préhistorique du nôtre, ou le fait d'ignorer est un choix délibéré ,découlant d'une démocratie chèrement acquise.
[...] Ils fréquentent plus que n'importe quel autre milieu social, les boites de nuit, les pubs, et tout l'univers nocturne. Si l'on considère la société comme un marché, ou chaque individu possède un capital social qu'il fait jouer dans toutes ses interactions humaines, l'on peut considérer l'acte de sortir fréquemment chez ces jeunes éboueurs comme une manière de se coter en bourse auprès du monde étudiant, d'une autre manière que par l'appartenance à l'université. La fréquence élevée de leurs sorties est une manière de s'oublier, de créer un second moi, actif, séducteur, correspondant à l'idéal arbitraire imposé par la société. [...]
[...] La démarche est la suivante, en étudiant de prime abord, le problème eboueiens nous comptons déboucher plus généralement sur la complexité de ce genre de métiers, tant par leur position sociale, que par leur condition de travail. Introduction CETTE IDÉE NE PRÉOCCUPE PERSONNE, MAIS MÊME SANS SON PLUS PETIT ROUAGE, LA PLUS GROSSE DES MACHINES NE PEUT FONCTIONNER. UN EXEMPLE SIMPLE, IL SUFFIT DE SE RAPPELER LES QUELQUES GRÈVES DES AGENTS DE PROPRETÉ TRANSFORMANT ALORS LA VILLE EN UN CHAOS ODORANT SURRÉALISTE. [...]
[...] On associe souvent la stigmatisation à l'ethnicité et les problèmes de l'immigration. La stigmatisation est un processus par lequel des acteurs et des institutions relèvent des traits de certains individus aux fins de les différencier et de les inférioriser. Un trait ne devient un stigmate que par la valeur négative qui lui est conférée La stigmatisation étant un processus d'attribution visant à discréditer une personne ou un groupe de personne il ne s'applique pas qu'à des groupes ethniques il peut aussi s'attribuer au cas qui nous intéresse, les métiers disgraciés comme celui d'éboueur prit en exemple. [...]
[...] Il n'est pas honorable de rendre service à tout le monde quand c'est un service bête ? A côté de ça, une multitude d'étudiants allant jusqu'à bac plus cinq, qu'est-ce qui les attend à la fin du parcours ? Le chômage. Est-ce une optique meilleure, en un sens oui. Il est toujours plus prestigieux d'avoir fait de longues études et de ne pas trouver de travail que de n'avoir pas suivi un cursus scolaire et d'être éboueur. Ca passe toujours moins bien sur le CV. [...]
[...] Ne voulant toutefois pas délaisser notre projet, nous avons décidé de nous adonner aux joies de l'analyse sociologique, d'où un résultat plus que douteux. Néanmoins, ce fut une expérience édifiante dans une vie en manque de fondations. Nous avons donc construit notre réflexion de par nos expériences personnelles, en espérant que ce sera aussi intéressant que ce le fut pour nous. En effet cela nous a permis de nous interroger et d'avancer par nous-mêmes, chose que nous n'avons pas toujours l'occasion de faire. [...]
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