Les femmes sont « moins délinquantes », « moins violentes » que les hommes. Cette sorte d'évidence est rarement remise en question : moins délinquantes, moins violentes, puisqu'elles sont femmes…? Les femmes sont, par « nature », moins sujettes au passage à l'acte ou à l'usage (légitime ou non) de la force ? Ou plutôt que, parce que femmes, elles bénéficient de l'indulgence des instances du contrôle pénal ? Que signifie alors, aujourd'hui, l'augmentation du nombre de femmes mises en cause pour crimes et délits ? Atténuation de la différence des genres ? « Progrès » de l'égalité des sexes ?
[...] Une telle modification se produit déjà à partir de 1960. En effet, les arrestations des filles (pour toutes les catégories de crimes) progressent plus rapidement que celles des garçons. Ce qui paraît par contre plus important et significatif pour comprendre l'apparition de la F.S., c'est le changement d'attitude des filles envers elles-mêmes et le changement d'attitude de la société envers les femmes en général. Comme nous l'avons vu, ces changements sont imputés à différents facteurs, et plus particulièrement à la convergence des rôles sexuels entre filles et garçons, ainsi qu'à l'intervention plus rigoureuse du système pénal envers les femmes. [...]
[...] Cela concerne entre autres le problème de l'augmentation des crimes violents. Le deuxième thème a trait au caractère de ces modifications: s'agit-il d'un processus réel ou au contraire d'un phénomène qu'il faut imputer à des modifications intervenues dans le domaine de la réaction et du contrôle social qui toucherait spécialement les filles mineures? Dans ce cas, des conduites qui dans le passé étaient simplement déviantes auraient été progressivement criminalisées. Les filles étaient donc appréhendées surtout comme des filles déviantes, des prostituées ayant besoin d'un contrôle parental plus accru, indépendamment des autres crimes dans lesquels elles étaient impliquées. [...]
[...] C'est ainsi que le garçon attend beaucoup du premier type de fille et très peu du deuxième. De plus, la fille que l'on fréquente doit répondre à des attentes de fidélité très exigeantes. Au moindre écart, elle s'expose à des sanctions très rudes de la part du garçon. Par contre, la fille dont la réputation est marquée par la promiscuité est moins exposée à la sanction masculine que celle qui est considérée comme la "propriété" d'un garçon de la bande. La F.O. doit donc gérer au mieux son capital sexuel. [...]
[...] Elle est en même temps délinquante et perverse, mais aussi victime des circonstances de l'existence. Elle contredit les normes morales tout en exerçant une activité considérée comme inévitable et parfois même indispensable. D'autre part, la prostitution est exercée dans un milieu fortement criminogène qui ne rencontre pas la sympathie du policier ou du système judiciaire. Et encore, comment évaluer l'utilisation de la prostituée à des fins policières! Dans ce cas, ce n'est pas l'attitude chevaleresque des policiers qui explique l'absence d'arrestation et d'inculpation de la femme! [...]
[...] Les "femmes criminalisées ne font pas preuve de plus d'autonomie ou d'audace que les autres femmes, elles ne font pas preuve de qualités dites masculines les femmes criminalisées ne sont pas plus favorables à la libération de la femme que les autres groupes de femmes". La violence terroriste dans laquelle de nombreuses femmes sont engagées constitue un cas à part. Malgré les problèmes que pose la thèse de la convergence des rôles sexuels et de l'émancipation de la femme, elle influence toujours de manière évidente l'explication de la progression de la criminalité féminine dans le monde. De nombreux auteurs opposent à la thèse de la libération et de l'émancipation, une analyse qui relie la criminalité de femme aux discriminations qui la frappent. [...]
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