J'ai profité des évènements actuels, des grèves et manifestations, suite au projet de loi du gouvernement sur le contrat première embauche (CPE) et le contrat nouvelles embauches (CNE), ainsi que de la loi sur l'égalité des chances. En effet je voulais savoir quels étaient les effets d'un conflit sur les relations entre les individus, ce que cette mobilisation avait entraîné ou modifié au sein du campus. L'ordre défini par la société, celui qui institue des règles d'échanges entre les individus, m´a semblé bouleversé par le conflit. J'ai remarqué lors des manifestations que les personnes étaient unies sans même se connaître. Elles avaient en effet un objectif et un ennemi commun ce qui créait un lien entre elles. Cela les rassemblait. Dans cette étude, je me suis centrée sur les changements que cette grève a entraînés sur le campus de Grenoble, car elle a bouleversé l'ordre des choses et en a établi un nouveau. En effet, le quotidien et la vie sur le campus n'étaient pas les mêmes durant la mobilisation qu'en temps normal. On peut donc se demander quels changements a entraînés la mobilisation étudiante sur le campus grenoblois.
[...] Mais cette division des étudiants est allée beaucoup plus loin. Un comité de mobilisation a été monté : le MIAB (mouvement indépendant anti- blocage), des manifestations ont eu lieu dans d'autres villes. Une nuit des étudiants est venue couper les cadenas, enlever les chaînes et barrières afin de rendre l'accès aux salles possible. Il y a même eu des scènes de violence : à la galerie des amphis, une dizaine de personnes a saccagé la cuisine (un amphi avait été aménagé à cet effet) et un étudiant gréviste se trouvant là a reçu un coup de poing qui lui a cassé le nez. [...]
[...] Ils prenaient ainsi le risque d'être arrêtés à leur tour, alors qu'ils ne savaient pas qui se faisait interpeller ni pourquoi. Quand des personnes se sentaient mal, d'autres venaient les aider. J'ai pu voir, lors d'un affrontement avec des représentants de l'ordre (CRS, BAC . devant la place Victor Hugo, un homme en fauteuil roulant qui n'avait pas eu le temps de se mettre à l'abri lorsque les policiers ont tiré les lacrymogènes. Les autres manifestants s'étaient éloignés aux sommations lancées. [...]
[...] Un monde s'est créé et il prenait son sens dans la lutte. Ce qui peut expliquer l'incompréhension qu'il y a eu entre les étudiants. Parce que si on regarde à présent ce qui faisait sens pour les personnes non grévistes, on comprend réellement que leur vision des choses n'était pas la même. Les militants se sont en quelque sorte détachés de la réalité (de l'ordre des choses) et l'ont volontairement bousculé alors que ceux qui sont restés hors du conflit se sont vu casser et bouleversé cet ordre. [...]
[...] Ces réactions n'étaient pas uniquement visibles sur le campus, les médias s'étant intéressés au problème. Dans le bus (par exemple) lorsque la radio abordait ce sujet on pouvait assister à de multiples réactions, ou lorsque l'on abordait le sujet avec des personnes extérieures. Les gens prenaient partis, se sentaient concernés. J'ai entendu toutes les réactions possibles et inimaginables comme : Vous avez raison les jeunes, il faut se battre ou Les jeunes sont des fainéants il faudrait remettre la France au travail . [...]
[...] Ils faisaient groupe autour d'un but commun malgré leurs différences, leurs divergences, l'anonymat de chacun. Et ceci, avant et après la manifestation : il y a tout un rassemblement avant et après. Car le mouvement se préparait, les jeunes partaient ensemble à la manifestation avec leurs amis, mais aussi avec des personnes avec qui ils étaient moins proches. C'était l'occasion d'établir le contact. Par exemple, lorsque les manifestations suivaient les AG, les étudiants s'y rendaient en groupe même sans se connaître ou s'être jamais adressé la parole. [...]
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