Prison, incarcération, David Le Breton, système pénitentiaire, psychisme, vie sociale, crime, liberté
Imaginez la lettre d'un directeur de prison, qui, ayant lu le texte de David Le Breton "La Peau et la trace. Sur les blessures de soi", adresse une lettre à l'auteur dans le but de démontrer que la société a besoin de prisons.
[...] Lettre d'un directeur de prison - La société a besoin de prisons ETUDE DU TEXTE Ce texte, qui traite des répercussions de l'incarcération sur l'individu, défend la thèse selon laquelle l'enfermement carcéral conduit à une lente destruction physique et psychique des prisonniers. ECRITURE ARGUMENTATIVE A Fleury-Mérogis, le DATE. Cher monsieur Le Breton, C'est avec un vif intérêt que j'ai lu votre ouvrage La Peau et la trace, qu'un camarade tant soit peu taquin m'avait envoyé il y a quelques années déjà. [...]
[...] Je le vois tous les jours, la prison en rend certains presque fous. Mais laissez-moi vous poser une question : si l'on permettait à ces gens de commettre tranquillement leurs méfaits, si on leur laissait toute liberté de faire souffrir leur prochain, ne deviendraient-ils pas plus fous encore, plus inadaptés, plus violents ? La certitude, vécue dans leur chair même, que la punition flotte au-dessus d'eux, et que l'œil de la Loi les surveille, n'est-elle pas d'une bien plus grande efficacité pour les empêcher de fauter de nouveau, que le laxisme et l'impunité ? [...]
[...] Je les ai rencontrés, monsieur Le Breton : ce sont parfois des êtres effrayants. Retrancher ces criminels de la vie sociale et de la fréquentation de leurs semblables n'est pas seulement une punition : c'est avant tout une mesure de sauvegarde. Il ne s'agit pas fondamentalement d'appliquer une forme insidieuse et détournée de loi du Talion, et de faire souffrir ces individus autant qu'ils ont fait souffrir leurs victimes - pas du tout. Il s'agit, en tout état de cause, et de manière réaliste, d'offrir à la société, c'est-à-dire non seulement aux victimes, à leurs proches, à leurs familles, mais aussi à tous les autres citoyens, la sécurité de savoir que ceux qui leur ont fait du mal, qui ont blessé le corps social, ne pourront plus recommencer, parce qu'on les a privés de la possibilité de nuire. [...]
[...] Et j'irais même jusqu'à dire : c'est un mal négligeable. Parce qu'en toute rigueur il faut le mettre en balance avec le mal dont l'emprisonnement des condamnés préserve le corps social. Il ne faudrait en effet pas oublier, sauf à tenir un discours simpliste et idéaliste, que les gens qui sont enfermés dans les établissements pénitentiaires ne le sont jamais sans raison - erreurs judiciaires à part, qui sont si rares qu'il n'est même pas la peine de les mentionner. [...]
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