En effet, le militantisme dit traditionnel, politique et syndical, est apparu dans la seconde moitié du XIXe siècle en même temps que la généralisation de l'économie de marché et l'essor du salariat qui donne naissance au mouvement ouvrier particulièrement influent aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Malgré une tradition d'hostilité envers les associations (loi Chapelier de 1791 interdisant les guildes), les syndicats sont reconnus, en France, par la loi Waldeck-Rousseau de 1884 et par la loi relative à la liberté d'association de 1901. L'action collective assure les droits des salariés sur fond de lutte des classes. Après la Seconde Guerre mondiale, le militantisme partisan dépasse le cadre des ouvriers et s'institutionnalise alors que le Parti Communiste est à l'apogée de son influence (on compte près d'un million d'adhérents en 1945). Après la forte mobilisation de mai 1968, on constate une érosion de ce militantisme de masse qui se traduit par une désaffection de l'engagement politique et syndical (on estime à environ 770 000 le nombre d'adhérents tout partis confondus, soit moins de 2% de la population adulte).
Certains sociologues parlent d'effondrement du militantisme traditionnel tandis que d'autres voient un renouvellement des structures de l'action collective.
On peut alors se demander si la perte de vitesse du militantisme partisan et syndical signifie pour autant la disparition de l'engagement collectif.
[...] Ainsi, on peut y voir une convergence de différentes formes de conflits. Aussi, les syndicats traditionnels français continuent d'exister et de mobiliser. Enfin, il faut souligner afin de relativiser l'idée de déclin du militantisme en France, que contrairement à certains de nos voisins européens, la France n'a jamais été un pays de grande tradition militante hormis quelques périodes historiques comme le Front populaire ou mai 1968. Bibliographie Philippe Riutort, Précis de Sociologie, PUF Major Philippe Braud, Manuel de sociologie politique, LGDJ, 9éme édition Jacques ION, La fin des militants Edition de l'atelier Lilian Mathieu, Comment lutter ? [...]
[...] Une des caractéristiques des nouvelles formes de militantisme et des NMS se note dans sa flexibilité». Jacques Ion parle d'engagement post-it : le militant en tant qu'individu est moins tributaire du groupe, il peut facilement rompre le lien, passer à une autre cause Les actions et l'engagement s'inscrivent désormais dans une durée déterminée. Ce nouveau trait de l'engagement s'accompagne d'une perte du formalisme, et notamment juridique. En effet, l'adhésion devient moins obligatoire, ou le rappel des cotisations est moins automatique . [...]
[...] Cela traduit une crise de la représentation au sein des groupements militants, un rejet de la bureaucratisation et de l'institutionnalisation. Les mécanismes de fidélisation semblent moins efficaces car d'autres formes sociabilité sont privilégiées (famille, profession). On peut également expliquer cette désaffection par la montée du chômage et des emplois précaires (ce qui implique moins de ressources pour se mobiliser), le rétrécissement des bastions du syndicalisme (sidérurgie, automobile), la montée des services (dont la tradition est de ne pas se syndicaliser) et l'individualisation des relations sociales. [...]
[...] En effet, par la mobilisation militante on recherche la reconnaissance d'une identité commune. Les mouvements toujours plus nombreux, de revendication identitaire (gay pride, diverses mobilisations pour la reconnaissance de droits de telle ou telle minorité ) montrent que la reconnaissance d'une identité propre prend de plus en plus de place dans ce nouveau militantisme. Mais cette recherche d'une identité est également présente dans les mouvements sociaux. Par exemple, il semblerait que pour les militants d'ATTAC interrogés par Elise Cluzel[1], leur activité militante leur permet de se reconnaître parmi un groupe qui partage certaines valeurs ou des caractéristiques communes. [...]
[...] Pourquoi se mobilise-t-on dans une société? En réponse à un sentiment d'injustice nous dit Philippe Braud, l'action collective traduit un "fossé entre des aspirations et le constat d'une réalité jugée insatisfaisante, elles se situent dans une problématique de conflit". Dans le cadre de l'analyse systémique il s'agit d'un dysfonctionnement puisque le système n'arrive pas à produire les valeurs qui le maintiennent en place. Toutefois, les mobilisations peuvent également être l'expression d'un soutien, au gouvernement par exemple avec la manifestation en faveur de Charles de Gaulle le 30 mai 1968. [...]
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