Pauvreté, hausse de la criminalité, chômage, déstructurations familiales marquent une partie de la population des USA et particulièrement les gens dits de couleurs. Après une analyse des indicateurs de ces dislocations sociales, Wilson critique les réponses en termes de politique sociale qui ont été un échec et promeut une approche qui intègrerait l'économie et le social.
Les problèmes sociaux qui minent les cités urbaines sont le reflet d'inégalités sociales.
Moynihan soutient que la question de l'égalité se substitue à celle des libertés individuelles. Il suffit selon lui de supprimer les barrières légales de la discrimination (celles qui entravent la liberté des Noirs) pour que l'égalité s'instaure d'elle-même. Selon lui, le délitement de la famille est l'un des problèmes majeurs de la classe inférieure noire. Il voit dans les structures inégalitaires issues de l'esclavage, l'origine de cette dégradation de la structure familiale et l'un des obstacles à l'égalité de condition. Il préconise un infléchissement de l'action fédérale en faveur des droits civiques.
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Les pratiques discriminatoires touchaient bien plus sévèrement les Noirs que les immigrés récemment venus d'Europe.
Les lois sur l'immigration de la fin du 20e siècle restreignaient l'entrée des populations asiatiques sur les territoires américains. Cela permit aux résidents déjà installés de consolider leurs réseaux d'entraide et leurs positions au sein de la niche professionnelle.
L'écart de poids démographique entre populations noire et asiatique explique pour beaucoup le contraste entre leur réussite économique respective. En effet, la population blanche canalisa son ostracisme vers les Noirs.
L'importance démographique des Noirs ne fut pas en mesure de compenser les effets de la discrimination en se spécialisant dans certains secteurs professionnels.
La mécanisation de l'agriculture explique en partie l'afflux massif d'anciens ruraux dans des villes telles qu'Atlanta ou Houston. Ce mouvement a donné lieu à des ghettos urbains comparables à ceux des grandes villes du Nord. L'Amérique abrite au sein de ces grandes métropoles une concentration disproportionnée de Noirs disposant d'un faible revenu.
Entre 1970-77, le renouvellement de la population noire des grandes villes ne s'effectue plus par le biais d'un apport démographique extérieur (...)
[...] Dès lors, les adolescentes qui deviennent enceintes sans être mariées ont toutes les chances de rester célibataires. La famille, la communauté, l'école perpétuent un cercle vicieux, où chômage et manque d'éducation se renforcent mutuellement. Compte tenu des problèmes qui minent le cadre urbain du sous- prolétariat noir (chômage massif, activités délictueuses s'exerçant au grand jour, faiblesse des institutions scolaires), nul ne désire volontairement s'installer dans ces quartiers, véritables enclaves urbaines des laissés-pour-compte. Ceux qui y résident, femmes et enfants vivant de l'aide sociale, délinquants aux comportements agressifs, chômeurs, font ainsi l'objet d'un isolement social croissant qui les met à l'écart du reste de la société et de ces normes de comportement. [...]
[...] Le chômage en est probablement la cause majeure. L'argumentation qui consiste à établir un lien causal entre la montée des problèmes sociaux qui minent les quartiers en crise de la cité et la cristallisation d'une culture propre au sous-prolétariat laisse dans l'ombre les changements institutionnels et structurels qui sont allés de pair avec l'exode hors du ghetto des classes moyenne et ouvrière noires. Une telle approche laisse entendre de façon erronée que la dislocation sociale de ces quartiers pourrait aisément s'expliquer par la montée en puissance d'une culture de la pauvreté. [...]
[...] Beaucoup de jeunes adultes et d'adolescents des minorités ethniques ont abandonné l'école, sont chômeurs et versent dans la délinquance et la criminalité. L'évolution de la pyramide des âges des minorités ethniques tend à resserrer l'étau des problèmes sociaux dans lesquels ils sont enferrés. L'impact des tendances lourdes de l'économie : Les métropoles se muent en centres d'administration, de gestion de l'information ou autres services hautement qualifiés. Le passage d'une économie de traitement des biens à une économie de traitement de l'information est allé de pair avec un changement drastique des exigences des employeurs en matière d'éducation. [...]
[...] De même n'ont-ils que de rares rapports avec des amis ou des collatéraux vivants en banlieue ou dans des quartiers plus stables de la cité. L'isolement social sévit beaucoup plus qu'on ne le pensait dans ces zones de grande pauvreté. Pour ceux qui sont à la recherche d'un travail, l'isolement social rend plus difficile encore l'insertion dans les circuits d'emploi. Cet isolement donne lieu à des types de comportement tels qu'ils ne favorisent pas la réussite professionnelle. Les modes et les c sont les plus suivies et les plus fréquentes. [...]
[...] L'Etat providence et la culture du ghetto sont, à en croire les universitaires conservateurs, les principaux responsables de cette situation de fait. «Les oubliés de l'Amérique., William Julius Wilson, éd. Desclée de Brouwer F. Alternatives Economiques 127 - mai 1995. [...]
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