Violences spécistes, Mexique, culture, animaux, abattoir, sociétés humaines, exploitation animale, Romina Kachanoski, spécisme
Les animaux rentrent dans les abattoirs vivants, bien qu'en mauvaise santé, mais vivants. Ils ressortent des abattoirs décortiqués et découpés en morceau et nous aimons nous faire croire qu'entre le moment où ils entrent et celui où ils sortent, quelque chose d'humain s'y est déroulé. Comment expliquer cette illusion, la mieux partagée du monde ? En montrant que l'abattoir renvoie — mondialement — à un mythe qui le fonde, le justifie, et en fixe le sens.
[...] Si les animaux sont traités comme des marchandises, ils deviennent difficilement des objets inanimés : ils luttent jusqu'à la fin. Environ 16 millions d'animaux meurent chaque année au Mexique dans les transports, et le fait que l'administration et l'industrie assument ce fait avec une normalité totale aide à donner une idée de la valeur qu'accordent nos sociétés à la vie d'un animal. Partout, les coups sont les premiers procédés utilisés pour faire perdre conscience. On retrouve dans les manuels encadrant la phase d'exécution le mot « étourdissement ». [...]
[...] Les abattoirs sont séparés du monde par l'industrie de la viande qui dissimule ce qui se cache derrière ses murs. Aujourd'hui grâce aux observations qui se multiplient, nous savons que les abattoirs se définissent comme des lieux réels abritant des cruelles souffrances dont la fréquence et la répétition ont pour conséquences — invariablement — une horreur et un nombre de morts qui dépassent l'entendement. Leurs établissements reposent sur une fiction juridique — les lois sacrificielles — rendue possible par l'étatisation du système spéciste ; les animaux sont traités quotidiennement et de manière institutionnelle comme ce qu'ils n'ont jamais et ce qu'ils ne seront jamais : des choses. [...]
[...] Mais comme dans tous les pays souvent les règles ne peuvent pas être respectées, la plupart du temps à cause de la cadence et des problèmes d'équipements. Dans quelques abattoirs du Mexique, la décharge électrique est communément utilisée alors que c'est interdit. Les décharges sont d'abord appliquées sur la tête puis sur le corps à l'aide d'un bâton surmonté de deux câbles. Pour l'étourdissement par l'électricité, on utilise des pinces spéciales équipées de deux électrodes situées à leurs extrémités qui, placées des deux côtés de la tête de l'animal transmettent un choc électrique. [...]
[...] Ces racines semblent permanentes, naturelles, car millénaires. Le terreau de l'anthropocentrisme va permettre la diffusion du spécisme : l'idéologie qui sert à justifier ladite discrimination sur des individus en fonction de leur espèce. Le spécisme a donc un tronc solide. Ses racines servent à soutenir la déconsidération morale de certains animaux ; l'une des défenses philosophiques du spécisme est d'ailleurs l'anthropocentrisme. Dans la continuité, l'idéologie spéciste se répand par le biais de ses différentes branches (divertissement, expérimentation, mode, alimentation), ou autrement dit par sa partie visible qui se matérialise sous la forme des violences spécistes. [...]
[...] Les violences spécistes au Mexique sont-elles le reflet de notre propre culture ? Les animaux rentrent dans les abattoirs vivants, bien qu'en mauvaise santé, mais vivants. Ils ressortent des abattoirs décortiqués et découpés en morceau et nous aimons nous faire croire qu'entre le moment où ils entrent et celui où ils sortent, quelque chose d'humain s'y est déroulé. Comment expliquer cette illusion, la mieux partagée du monde ? En montrant que l'abattoir renvoie — mondialement — à un mythe qui le fonde, le justifie, et en fixe le sens. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture