A quoi sert l'utopie ? Quelle est son rôle et son impact dans le fonctionnement des sociétés ? Est-elle positive ou dangereuse ? Si de prime abord il semble que l'utopie puisse conduire à tout et son contraire, en réalité, si elle peut amener à la ruine des sociétés, la concevoir sous cet aspect revient à la déformer et à occulter qu'elle a intrinsèquement une toute autre fonction.
[...] ( LALANDE André, Vocabulaire de la philosophie, Paris, Alcan, t.II ( MAGRIS Claudio, Utopie et désenchantement, Paris, Gallimard 447p. ( MANNHEIM Karl, Idéologie et utopie, Paris, Librairie Marcel Rivière et Cie 233p. ( MOLNAR Thomas, L'Utopie, éternelle hérésie, Paris, Ed. Beauchesne 266p. ( MOREAU Pierre-François, Le Récit utopique, PUF 212p. ( MUCCHIELLI Roger, L'utopie de Thomas Morus dans Les Utopies à la Renaissance : colloque international, avril 1961, Paris, PUF,1963, 455p. ( POPPER Karl, La Société ouverte et ses ennemis, Ed. du Seuil, Mayenne, tome I 266p. [...]
[...] A l'encontre de l'acceptation du sens commun, il invoque le fait que l'utopie n'exclut jamais, fût-ce implicitement, que le système décrit soit réalisable, ailleurs ou plus tard. Au contraire, elle se caractériserait par l'ambiguïté permanente qu'elle entretient entre rêve et projet. Et l'utopie n'a de sens selon lui, que dans la mesure où cette porte est entrouverte. Pour autant, faire de cet aspect le point central et le critère de l'utopie serait déformer la pensée utopique pour l'auteur. L'essentiel tient au contenu. [...]
[...] La raison d'Etat est d'autant plus impérieuse que la fin a une valeur élevée. Ainsi s'instaurent ce que seront les ultimes ressources des totalitarismes contemporains : l'Etat policier, la suppression des mauvais livres et la réécriture des bons, les massacres de masse et l'asservissement systématique. Dans cette démarche, l'absolu justifie tout, rien ni personne ne saurait empêcher ni même ralentir la naissance de l' Homme nouveau Comme le souligne François Chirpaz, avec la Révolution d'Octobre, qui n'a pas cru voir se réaliser enfin le saut dans le domaine de la liberté, comme si semblait devenir enfin effectif dans l'Histoire ce que les utopistes s'étaient contentés de rêver[18] ? [...]
[...] Pierre-François Moreau parle ainsi d'aspiration éternelle (et continue) de l'âme humaine à l'ailleurs et au meilleur[3]. De même, Louis Reybaud évoque cet esprit humain enfermé dans sa prison terrestre, (qui) a de tout temps cherché une issue et aspiré à des découvertes dans le champ de l'idéal De cette aspiration naîtrait donc l'utopie. Selon son acceptation dominante dans le langage courant, l'utopie est un rêve impossible, et est donc synonyme de chimère. L'utopie serait alors une bouffonnerie grotesque Mais Frédéric Rouvillois rejette ce sens commun donné au terme, sens qui, pour lui, reflète en réalité l'appauvrissement du concept dû à la vulgarisation du mot et de ses dérivés. [...]
[...] En reniant en effet en bloc l'état présent de la réalité politique et sociale et en se définissant par opposition à celui-ci, elle manifeste la volonté d'un changement radical, coûte que coûte, ce qui pourrait conduire à la déstabilisation des sociétés et à des dérives sérieuses. L'utopie n'est alors pour certains rien d'autre que cette fièvre, ce délire, qui ne provoquerait qu'égarements, folies, vertiges. Rêve de perfection qui tournerait au cauchemar. Mais cette façon de la condamner ne consisterait t-elle pas à attribuer à l'utopie ce qu'elle n'est pas ? En effet, pour d'autres, l'utopie contribue à incliner le cours de la société d'une toute autre manière. [...]
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