Au cours des années 7O, les méthodes d'enquête dites qualitatives, que ce soit la biographie ou l'histoire de vie, retrouvent leur place en sociologie. Elles le doivent en partie à l'intérêt nouveau pour les travaux de l'Ecole de Chicago (courant de pensée qui émerge au début du XX ème siècle), dont la méthode d'instigation « l'observation participative » est inspirée des méthodes ethnographiques, à l'utilisation de l'ethnométhodologie en sociologie ou encore à l'intérêt pour le sens vécu des acteurs. Toutefois, l'entretien sociologique suscite de nombreux débats. S.BEAUD va, dans son article, chercher à clarifier les usages de l'entretien sociologique à la fois en analysant ses modalités pratiques, mais aussi en mobilisant des ressources pédagogiques.
[...] Enfin le ressort de la parole de l'enquêté est primordial et se trouve dans la configuration objective de la situation. L'entretien est une situation inhabituelle de la vie sociale où deux inconnus se confrontent et où l'un va se livrer et révéler des aspects privés de sa vie. Le fait d'être face à un inconnu peut être un moteur de la parole. La retranscription de l'entretien est fondamentale. C'est un véritable travail interprétatif. Si elle apparaît comme un simple décryptage, comme un travail moins noble que l'interprétation, elle va permettre de voir et d'analyser la dynamique de l'entretien. [...]
[...] Cela pose différents problèmes. En effet, ces entretiens vont être une manière rapide d'avoir de nombreuses informations et une division du travail sera opérée entre interviewer et interprète des données ce qui peut conduire à de mauvaises interprétations. Aussi, ces entretiens basés sur un guide d'entretien et des consignes précises vont différer de l'observation puisque le contexte ne sera pas pris en compte. Enfin, le nombre très (trop) important n'aura aucune unité de terrain, de contexte, l'interprétation sera ainsi décontextualisée et seulement basée sur le texte. [...]
[...] L'enquêteur doit donc être capable de la susciter. Si la conception normative veut que l'entretien ait un ordre parfait, S.BEAUD dit qu'il peut être bon en étant maladroit car les bons entretiens sont dus à la capacité de l'enquêteur de créer un climat de confiance et peu à la technique. L'écoute est alors principale dans un entretien, mais l'idée d'un enquêteur bienveillant, neutre reste un idéal. S'il laisse d'abord l'enquêté suivre son fils, il va devoir intervenir pour approfondir, clarifier certains points. [...]
[...] Il met en relief la séparation dans le travail par entretien entre ceux qui adoptent le principe de non-conscience des faits sociaux ( intérêt pour les représentations et opinions et non pour les faits objectifs) et ceux qui optent pour le principe de transparence du monde social. Ces choix méthodologiques vont influer sur la manière d'effectuer et de travailler les enquêtes. Pour s'assurer du bon déroulement de l'entretien conditions doivent être remplies. Tout d'abord, il faut s'attarder sur le choix des enquêtés. Le sociologue doit effectuer un travail de repérage des possibles enquêtés en évitant les importuns et en sollicitant ceux qui apparaissent comme de bons enquêtés. [...]
[...] En parallèle de ces débats empiristes, l'enquête de terrain, et notamment l'observation participante qui use de matériaux que même les enquêteurs l'utilisant pensent trop incertains, va être mise de coté au profit d'enquêtes statistiques jugées plus fiables en terme de preuves et de représentativité. Dès lors, l'enquête ethnographique va être en bas de la hiérarchie des méthodes d'enquête, en en faisant une méthode subalterne. Ainsi, la coupure institutionnelle en France va être très marquée ce qui va limiter la transposition des méthodes entre les deux disciplines. L'entretien va alors avoir du mal à s'affirmer face à la légitimité statistique et à la méthode ethnologique, chacune emblème de leur propre discipline. [...]
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