Il est commun d'associer le travail à une instance de socialisation au même titre que l'école ou que la famille. Il est vrai que le travail a longtemps joué ce rôle en permettant une certaine cohésion sociale, c'est-à-dire en créant des liens entre les individus, en réduisant les inégalités au sein de la société. Toutefois aujourd'hui, avec les modifications apportées au monde du travail dues au ralentissement de la croissance dans les années 1970, le travail semble perdre son rôle intégrateur et ne représenterait plus une instance de solidarité dans la société française.
On peut donc se demander si, même en période de ralentissement économique, le travail conserve le rôle intégrateur et facteur de cohésion sociale qu'il avait pendant les Trente Glorieuses.
[...] Cet individualisme n'est pas tout récent, mais il s'accentue avec le temps ce qui nous pousse à croire que le travail est moins intégrateur que lors des Trente Glorieuses. Ces dernières années, avec le chômage de masse et la précarisation croissante, l'individualisme devient l'une des valeurs prônées au sein de l'entreprise. Les politiques de gestion des ressources humaines le démontrent bien avec l'exemple du salaire d'efficience. C'est un salaire individualisé, proportionnel à la productivité du salarié. Ce salaire a d'abord été mis en place pour motiver les salariés, pour optimiser leur productivité. [...]
[...] Cette division du travail entraîne donc la création d'un lien entre les individus. La solidarité ne fonctionne plus sur le principe de ressemblance des individus, mais au contraire sur leurs différenciations qui les rendent indispensables les uns des autres. Le travail est donc encore au cœur d'une forte solidarité qui touche toutes les catégories sociales, car même si le cadre et l'ouvrier ne ressentent pas de liens qui les unissent, ils sont reliés par le simple fait qu'ils sont complémentaires. [...]
[...] En effet le revenu du travail constitue la majeure partie des revenus d'un ménage qui sont composés des revenus du capital, des revenus de transfert et des revenus du travail. Durant les Trente Glorieuses, les entreprises ont engagé une politique visant à rémunérer davantage les ouvriers pour stimuler la demande et ainsi aboutir à une production et à une consommation de masse (régulation fordienne). Cette politique a permis une hausse générale du niveau de vie et une certaine uniformisation des modes de vie. [...]
[...] Les revenus du travail contribuent à la moyennisation et permettent d'intégrer parfaitement les individus à la société. Mais on peut aussi étudier le travail dans un cadre beaucoup plus sociologique, et notamment le rôle de l'entreprise dans le processus d'intégration de l'individu. L'entreprise est un lieu hiérarchisé avec des normes à respecter et des conduites à assimiler selon son poste. Elle procure aussi des valeurs comme l'assiduité, la valeur de l'effort, du don de soi C'est pourquoi l'entreprise est cadrante elle tient l'individu dans un cadre bien défini. [...]
[...] Non seulement l'individu pourra ressentir un sentiment d'inutilité, mais il sera privé d'une structure encadrante, rassurante, il perd ses repères. Cette perte de repère est aussi étudiée chez Durkheim qui parle d'anomie. Pour lui, c'est une pathologie, un dysfonctionnement du lien social. L'anomie peut donc entraîner des dommages pour l'individu et pour la société. L'individu atteint d'anomie ou désaffilié va être en situation d'exclusion sociale, il ne pourra plus s'intégrer à la société. Durkheim parle même du suicide anomique, c'est-à-dire le suicide lié à une perte de repère. [...]
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