L'ouvrage de Nisbet n'entend pas être une histoire de la pensée sociologique, il s'oppose à une approche par « les hommes ou les systèmes ». Il est important de le préciser car Nisbet y revient à plusieurs reprises. Nisbet se propose d'« analyser des idées élémentaires, en particulier celles qui caractérisèrent la sociologie européenne dans la période 1830-1900 », qui semblent être les fondements sur lesquels s'est constituée la sociologie. Ces notions sont au nombre de cinq.
Les critères permettant de sélectionner ces notions sont simples : ces idées doivent être générales et apparaître dans les œuvres d'un nombre considérable de penseurs, durables pendant toute la période considérée, caractéristiques de la sociologie, il doit s'agir de véritables cadres d'analyse. Ces idées sont celles de communauté, autorité, statut, sacré et aliénation. Chacune d'elles est généralement opposée à une notion antithétique. On dispose donc de cinq couples de concepts qui constituent la chaîne sur laquelle s'est construite, pour Nisbet, la tradition sociologique : communauté –société, autorité – pouvoir, statut – classe, sacré – séculier, aliénation – progrès.
Ces idées témoignent selon Nisbet d'une réorientation de la pensée européenne au début du XIXème siècle, elles reflètent une réaction de la tradition contre les valeurs individuelles et de l'irrationnel. Cette réorientation de la pensée sociale s'inscrit dans un contexte idéologique marqué par trois traditions.
La première est le libéralisme, c'est à dire la foi en l'individu, l'affirmation de ses droits politiques, civiques et sociaux. Le progrès consiste pour les libéraux en une émancipation de l'esprit humain par rapport aux attaches de la religion et de la tradition, ils croient en l'autonomie de l'individu. La seconde idéologie est le radicalisme qui croit en la possibilité de fonder un nouvel ordre social sur la raison. Les flambeaux du radicalisme sont la défense de la laïcité et l'expansion du pouvoir politique au service d'une cause morale ou sociale. Enfin le conservatisme défend la tradition. Les conservateurs constituent alors un anti-mouvement des Lumières, ils furent influents sur les sociologies de Le Play, Durkheim, Comte. Le conservatisme s'élève contre la Révolution, contre la modernisation et ses conséquences politiques, économiques, sociales. L'histoire intellectuelle des idées au XIXème siècle fut marquée en outre par la redécouverte de l'époque médiévale, elle constitue la base intellectuelle sur laquelle s'organise la réaction des sociologues à la modernisation. Quelles étaient les idéologies propres aux sociologues ici envisagés par Nisbet ? Le Play fut le conservateur par excellence, Marx l'incarnation du radicalisme et Spencer était libéral ; Comte est conservateur, Tocqueville est à la fois libéral et conservateur, Simmel, Durkheim, Weber témoignent d'une ambivalence entre libéralisme et conservatisme humaniste. Nisbet nous rappelle aussi que les grandes idées qui constituent la base de son étude ont d'abord toutes été formulées en termes moraux. Les concepts de communauté, aliénation, etc…fonctionnaient comme valeurs morales.
[...] Ces notions sont au nombre de cinq. Les critères permettant de sélectionner ces notions sont simples : ces idées doivent être générales et apparaître dans les œuvres d'un nombre considérable de penseurs, durables pendant toute la période considérée, caractéristiques de la sociologie, il doit s'agir de véritables cadres d'analyse. Ces idées sont celles de communauté, autorité, statut, sacré et aliénation. Chacune d'elles est généralement opposée à une notion antithétique. On dispose donc de cinq couples de concepts qui constituent la chaîne sur laquelle s'est construite, pour Nisbet, la tradition sociologique : communauté –société, autorité pouvoir, statut classe, sacré séculier, aliénation progrès. [...]
[...] L'Etat absorbe des fonctions autrefois remplies par d'autres instances et en même temps tend à niveler les rangs et à atomiser les groupes sociaux, l'Etat est impuissant à encadrer la population. Chez Simmel, la fonction de l'autorité est la même que chez Durkheim, à savoir l'intégration. Elle constitue le ciment dont l'association ne peut se dispenser, le lien constitutif de la loyauté. Sans la structure rigide qu'elle impose, la loyauté et les obligations envers le groupe vacillerait. L'autorité est au service de la mission et des valeurs du groupe, mais aussi du lien vital qui existe entre les individus. [...]
[...] La domination rationelle-légale se caractérise par la bureaucratie et par la rationalisation des relations personnelles qui étaient à la base de la société traditionnelle. L'accent est mis sur les règles plus que sur les personnes. La domination charismatique dépend du charisme d'un individu, dépend de l'influence d'un grand homme. Avec le principe de rationalisation mis en avant par Weber, les catégories de domination sont plus que des principes classificatoires, ils deviennent les éléments d'une philosophie de l'histoire. L'un des concepts weberiens attaché à la notion d'autorité est celui de bureaucratie. [...]
[...] Le Système de politique positive de Comte, qui a pour sous-titre traité de sociologie, est dominé par la référence à la notion de communauté, une communauté perdue et qu'il faudrait retrouver. Son intérêt pour la communauté résulte de l'affaiblissement des formes traditionnelles d'association ; pour lui le rétablissement des liens communautaires correspond à une urgence morale. Il partage l'aversion des conservateurs pour la Révolution et les Lumières. La société positiviste future que décrit Comte tient de la société féodale chrétienne, plus que de la société industrielle de son temps. [...]
[...] Son métier, son rang dans la société étaient déterminés par la famille dans laquelle il naissait. De même, ses relations sociales étaient largement déterminées par sa naissance. Dans le nouveau milieu, les relations sociales, l'activité professionnelle et finalement le rang social doivent être conquis par une activité orientée. Le paysan polonais qui arrive aux États-Unis se trouve donc entraîné dans un processus de désorganisation sociale : la famille, ne pouvant plus jouer dans la nouvelle société le rôle qu'elle jouait dans l'ancienne, se décompose. [...]
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