Le temps permet d'envisager toute société comme le lieu permettant l'articulation
et la coordination des grands rythmes sociaux qui la composent et la définissent. Selon
l'image d'Henri Hubert, le temps constitue : « la respiration de la société »1. Le temps
social offre ainsi une grille d'analyse originale pour comprendre le rôle et la place des
temps sociaux au sein des sociétés modernes. Le temps social exprime ainsi des fonctions
régulatrices fondamentales de la réalité, des fonctions explicites de connaissance sociale
portant notamment sur l'établissement de normes de compréhension, et « cela seul suffit
déjà à faire entrevoir qu'une telle organisation doit être collective » 2. Accepter une telle
hypothèse justifie dès lors qu'un sociologue se donne pour mission de repérer les
pratiques et représentations instituées et institutrices de paradigmes temporels variables
d'une époque, d'une culture ou encore d'un groupe social à l'autre.
Nous analyserons le temps dans les sociétés modernes, dont nous montrerons qu'il
évolue entre rationalisation et représentations du temps. Trois indicateurs fondamentaux
guideront notre problématique dans la comparaison entre sociétés modernes et sociétés
contemporaines. Les valeurs, normes et significations associées aux différents temps
sociaux ; La relation d'une société donnée à l'histoire, c'est à dire aux repères temporels
symboliquement marquants dans cette société ; La structure des activités significatives qui
modèlent le temps social.
La perception et la conception du temps sont étroitement liées aux techniques qui
permettent de le mesurer. Nous allons voir que ces techniques, depuis l'Antiquité, ont
beaucoup évolué, mais il a fallu attendre l'apparition de l'horloge mécanique, vers la fin du
Moyen Age, pour voir naître en Europe une manière différente, caractéristique des
« Temps modernes » de vivre le temps et l'imaginer.
[...] Cit., p Le Temps dans les sociétés modernes Nicolas CAPO Tous droits réservés 3. De la représentation à la rationalisation : une nouvelle norme temporelle. L'émergence dans l'Occident du XIVe siècle d'un autre type de temps social, ne doit rien au hasard. En effet, la nouvelle construction sociale du temps est liée formellement - au nouveau système de production et aux nouvelles situations de travail, mais elle est surtout liée matériellement, par la naissance d'une nouvelle norme temporelle : la rationalité en finalité. [...]
[...] Ces normes existent d'une part sous la forme de règles explicites, qui s'imposent de l'extérieur aux individus sous forme juridique ou règlementaire et qui ont pris une importance croissante dans les sociétés modernes. Mais d'autre part, il existe aussi des valeurs implicites, intériorisées lors du processus de socialisation, régissant la plupart des relations à l'intérieur des groupes sociaux. Nous défendons l'idée que ces normes et ces valeurs sont guidées par la rationalisation des activités sociales, entendue comme un processus matériel et symbolique sur la longue durée, la période considérée étant la modernité Le Temps dans les sociétés modernes Nicolas CAPO Tous droits réservés 1. [...]
[...] Weber cite cette exhortation de Benjamin Franklin, qui date de 1748 : Souviens-toi que le temps, c'est de l'argent [ . ] Souviens-toi que l'argent est, par nature, générateur et prolifique [ . ] Celui qui assassine une pièce de cinq shillings détruit tout ce qu'elle aurait pu produire : des monceaux de livres sterling »30. On comprend mieux la célèbre maxime de Weber, selon laquelle : Le puritain voulait être un homme besogneux, et nous sommes forcés de l'être. [...]
[...] Ce procédé est réservé, en principe, aux parties du mécanisme (comme la cage de fer) assemblées définitivement. L'assemblage par perçage et vissage tend à se diffuser pour être largement d'usage au XV e siècle, parce qu'il permet un montage et démontage plus pratique Le Temps dans les sociétés modernes Nicolas CAPO Tous droits réservés Sont aussi introduits de nouveaux appareils, comme le tour manuel, qui entraîne les pièces pour les rendre parfaitement cylindriques, comme la machine à fendre les roues, qui permettent de creuser les dents de la roue. [...]
[...] L'idée sera reprise par Charlemagne en l'an 800, et appliquée à partir de l'an 1000. Mais ce n'est qu'au XVIIème siècle que le jour de la naissance du Christ devient un point de repère unique. Le calendrier Grégorien : Au fil des progrès de l'astronomie, les valeurs s'affinent, mais révèlent toujours plus la naturelle discordance entre l'année et le mois, le mois et le jour, l'année et le jour, leur durée n'étant jamais multiple l'une de l'autre. Tous les calendriers connaissent des problèmes similaires. [...]
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