La question des effets socio-politiques des médias dits «de masse» sur leur public est un vieux débat des sciences sociales qui remonte à l'émergence même de ces formes de communication au dix-neuvième siècle. Parmi elles, la télévision a reçu une attention toute particulière depuis son essor il y a une soixantaine d'années. Aujourd'hui, selon Arnaud Mercier, la télévision serait devenue «le premier vecteur de communication et d'information en matière politique, d'autant plus que les relais partisans de socialisation politique se sont affaiblis avec le déclin du militantisme et la désidéologisation des citoyens».
Les interrogations que suscite la télévision sont multiples: effets sur la structure de la compétition politique – sélection et présentation de soi des dirigeants – sur le contenu de la compétition – effet d'agenda – ou rôle de la télévision dans la socialisation politique des publics. C'est sur ce dernier point – mais en excluant la question complexe de l'influence des médias sur le contenu du vote – que se centreront les développements suivants. Ils visent à répondre, à partir de données quantitatives extraites de la deuxième vague de l'European Social Survey, à une série d'interrogations: la télévision est-elle aujourd'hui ce média hégémonique conditionnant les perceptions socio-politiques du public? Les téléspectateurs sont-ils politiquement plus apathiques – c'est-à-dire détachés du jeu politique – et socialement moins intégrés – c'est-à-dire relativement plus dépourvus de «capital social » ?
[...] Les théories de la réception Les recherches récentes appréhendent quant à elles le récepteur comme un acteur. Elles mettent l'accent sur les formes différenciées de l'appropriation du message, opérant un passage d'une perspective unidimensionnelle à une perspective pluraliste des effets des médias. Ainsi, la théorie des effets cognitifs dans les années soixante-dix et quatre-vingt insiste sur les effets relatifs et circonstanciés. Malgré une passivité apparente, le téléspectateur ordinaire met en œuvre des filtres cognitifs qui lui permettent de se soustraire à l'influence du message émis7. [...]
[...] Dans cette section c'est la participation aux différentes organisations répertoriées aux questions E1 à E12 qui a été croisée avec la fréquence de visionnage de la télévision en quatre classes. Les seuls résultats concluants est l'existence de relations négatives significatives statistiquement comme substantiellement entre le temps moyen passé à regarder la télévision dans un jour de semaine moyen et d'une part la participation à une association sportive V de Cramer de 0,140 et d'autre part la participation à une association culturelle V de Cramer de 0,134. [...]
[...] 624- CADRE THEORIQUE : EFFETS SOCIOPOLITIQUES DE LA TELEVISION SUR SES PUBLICS Principaux paradigmes des sciences sociales Le débat sur les effets socio-politiques de la télévision s'insère dans une controverse beaucoup plus ancienne en sciences sociales relative aux effets de ce qui a longtemps été baptisé les médias de masse Plusieurs approches ont été envisagées. Le paradigme critique Longtemps le regard porté sur ces formes de communication n'a pas été clément. Ainsi, les travaux de l'après Première guerre mondiale voient dans développement des industries culturelles de masse le symptôme d'une civilisation qui programme l'autodestruction de la raison et le déclin de la conscience critique. [...]
[...] Analyse quantitative de quelques effets socio-politiques de la télévision sur ses publics TABLE DES MATIÈRES Introduction 1. Cadre théorique : effets socio-politiques de la télévision sur ses publics Principaux paradigmes des sciences sociales Hypothèses de travail p p p p Vérifications empiriques : tests à partir des données françaises de l'ESS p Les publics français de télévision Un média dominant mais pas hégémonique Des publics socialement situés. Influence du capital culturel et de l'âge Les usages de l'information politique télévisée Télévision et hors-jeu politique Lien entre consommation télévisuelle générale et hors-jeu Lien entre consommation d'émissions politiques et hors-jeu p p p p p p p Télévision et capital social p Effets de la télévision en termes d'intégration dans des réseaux sociaux p Effets de la télévision en termes de confiance sociale p Conclusions Annexes : construction des échelles p p p INTRODUCTION La question des effets socio-politiques des médias dits de masse sur leur public est un vieux débat des sciences sociales qui remonte à l'émergence même de ces formes de communication au dix-neuvième siècle. [...]
[...] Le tableau suivant tend à montrer que les individus ayant un faible niveau de hors-jeu se situent en majorité du côté de ceux qui regardent les émissions télévisées politiques plus d'une demi-heure par jour de semaine en moyenne. A l'inverse, les individus ayant un score maximal de hors-jeu sont proportionnellement plus nombreux que les autres catégories à occuper la case de ceux qui regardent ces émissions moins d'une demi-heure par jour voire pas du tout. Par ailleurs, la réalisation d'un test T sur les modèles présentant donne des résultats satisfaisants en termes de significativité a hj4 * tvpol3 Crosstabulation hj Total Count % within hj4 Count % within hj4 Count % within hj4 Count % within hj4 Count % within hj4 Moins d'une demi-heure ou pas du tout tvpol3 Entre une demi-heure et une heure Plus d'une heure Total N valide : 81,2% (1220) χ2 = 0,000 V de Cramer : Télévision et capital social La dernière section de ce travail s'intéresse aux relations entre la détention de capital social et l'exposition au flux télévisuel. [...]
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