Quelle voie choisir entre une politique de reconnaissance universaliste de tous les individus en tant que citoyens et une politique de reconnaissance des particularismes tout en restant dans un cadre d'égale valeur des individus ? Charles Taylor - ainsi que ses commentateurs - s'oriente vers une préférence pour une politique de la différence, position clairement multiculturaliste. Il est toutefois possible de rebondir sur le choix entre les deux politiques pour comprendre quels sont les grands enjeux politiques du multiculturalisme et la valeur des débats actuels
[...] Sciences Humaines Vers la démocratie culturelle ? [...]
[...] M.Wieviorka les distingue ainsi : 1. Assimilation : l'universalisme des droits individuels est la meilleure réponse au risque de discrimination qu'apporte toute catégorisation des personnes sur des bases culturelles, toujours susceptibles d'être naturalisées (racisme). Emmanuel Todd défend cette position Tolérance : Non seulement on peut admettre des particularismes culturels dans l'espace privé, mais on peut aussi les admettre dans l'espace public dans la mesure où ils ne troublent pas l'ordre public. On peut y insérer ici la réalité de la République en France. [...]
[...] Mais que faire lorsque les cultures ne sont pas compatibles entre elles ? C'est ici qu'intervient Taylor. Une politique de reconnaissance rousseauiste, basée sur l'identité universelle de tous les citoyens est inconcevable puisque chaque individu est unique et porteur de culture : Une partie de son unicité naît du fait qu'il modifie et adapte son héritage culturel avec celui des autres. Se pose alors une controverse autour de la reconnaissance des spécificités, sachant qu'une telle reconnaissance apparaît également comme une protection des droits fondamentaux des individus en tant qu'êtres humains et une reconnaissance des besoins des groupes culturels spécifiques. [...]
[...] Le modèle canadien et le modèle français. Au Canada, les revendications du Québec français ont rapidement posé le débat multiculturaliste. La politique biculturelle est officiellement remplacée en 71 par le multiculturalisme, incorporé dans la constitution en 82 sous forme d'une Charte des droits et libertés. A ce propos, M.Wieviorka affirme que le multiculturalisme a eu dans le débat canadien la fonction de dissoudre en quelque sorte l'opposition entre deux cultures ou deux langues, de noyer un petit peu le poisson en introduisant l'idée qu'il y a plusieurs cultures, et non pas deux seulement ».Le terme noyer le poisson n'est pas anodin : Malgré un modèle de citoyenneté multiculturelle qui le distingue du modèle jacobin et du Melting Pot, le Canada ne semble pas, dans les faits, s'écarter de façon significative de ces pays dans sa pratique d'intégration. [...]
[...] Il doit exister une voie moyenne entre d'un côté la demande inauthentique et homogénéisante pour la reconnaissance d'égale valeur, et - de l'autre l'enfermement volontaire à l'intérieur de critères ethnocentriques Est-ce une affaire de morale ? Dépasser le cadre des valeurs, c'est dépasser le cadre qui enferme trop de multiculturalistes et de leurs détracteurs. Commentaire de Susan Wolf. La situation des femmes n'est pas celle des cultures mal reconnues : le problème n'est pas d'être reconnu, comment être reconnu et avec quelle signification. L'identité des femmes n'est pas déterminée par un certain héritage culturel et ne connaît pas le même risque de disparition que les cultures minoritaires. [...]
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