Le tatouage, plus qu'un discours du corps, est un art corporel, un art de vivre, plus encore, une philosophie. Dans nombre de civilisations, il fut un facteur d'intégration, une marque d'appartenance à une communauté sauf en occident où il est le signe d'une différence, d'un esprit rebelle. Chez l'adolescent, il peut être similaire au « pacte de sang » et viser à tenir à distance une angoisse ou un mal de vivre trop puissant. Chez le jeune adulte, il peut signifier le passage d'une étape dans la vie amoureuse. Pour les autres, il peut aussi être une opposition à l'oubli.
Se faire tatouer est un acte mécanique qui consiste à injecter sous la peau des pigments à l'aide d'un dermographe, selon un motif choisi par l'individu. Le tatouage fait partie des modifications corporelles au même titre que le piercing, les scarifications, le branding, le cutting, le burning et autres. Le motif peut être réalisé par le client et reproduit par le tatoueur ou choisi dans un catalogue (tatouage flash).
On se tatoue donc pour diverses raisons :
- se construire symboliquement un personnage
- se mettre en scène (apparence)
- marquer sa différence
- attirer le regard de l'autre
- compléter un corps insuffisant en lui-même à incarner un sentiment d'existence
- se distinguer d'une existence trop ordinaire.
La question est de savoir si les européens modernes retrouvent des significations anciennes et traditionnelles de certains peuples ou si le tatouage est une nouveauté. Pour y parvenir, nous verrons quel rapport au corps entretiennent ces adeptes des modifications corporelles, quelle signification revêt le tatouage et quelle distinction peut-on faire entre toutes ces modifications (qu'elles soient rituelles ou non). Nous essayerons de montrer que le tatouage, avant d'être un signe tégumentaire était représentatif d'une société pour terminer par le renouveau du tatouage au XXIème siècle.
[...] Mais le ressenti de la douleur est une donnée subjective qui diffère en profondeur selon les circonstances, elle n'est jamais en équation directe avec l'acte. Conclusion : A qui s'adresse le tatouage aujourd'hui ? Le dessin s'éloigne des poncifs. Il est coloré, aéré, fluide, la composition picturale l'emporte. Le tatouage se porte désormais comme un bijou, et c'est sans doute ce qui explique que de plus en plus de femmes se font tatouer. Les clientes sont originaires de tous les milieux sociaux. [...]
[...] la relation avec le professionnel Les modifications corporelles sont vécues comme une expérience intense et fortement investie. De plus, la relation avec le professionnel est primordiale. Il faut que le client se sente en sécurité, dans un univers connu et décontracté pour que l'alchimie opère. La qualité du contact investit le tatouage d'une valeur redoublée, le sentiment d'avoir sur la peau un beau dessin mais aussi d'avoir vécu un moment fort de complicité. D la douleur La douleur implique la souffrance. [...]
[...] et tatouages sont des marques indélébiles dans la peau. Le piercing, (port de bijou) peut être retiré dès que l'envie s'en fait sentir et, dans ce cas peut être considéré comme temporaire. Ces modifications corporelles sont aujourd'hui purement esthétiques et participent à l'affirmation de soi, à la création d'une identité. Elles marquent l'individualité. Elles sont volontaires et donc désirées et procurent un certain plaisir à ceux qui les souhaitent. le marquage subit A l'inverse, les mutilations rituelles arriment l'individu dans la société, dans les mœurs de cette société. [...]
[...] Le tatouage comme signe d'embellissement du corps n'est plus nécessairement associé à la marginalité. Le signe tégumentaire est une manière d'écrire métaphoriquement dans la chair des moments clés de l'existence. Le corps devient archive de soi, un récit de l'existence, un rappel des circonstances de leur inscription B le corps objet Le corps peut donc subir un design parfois radical (du body Building au body Art en passant par la chirurgie esthétique). Le corps n'est qu'une représentation de soi, il est affirmation personnelle, il doit donc y avoir mise en évidence d'une esthétique et d'une morale de la présence. [...]
[...] Ce sont des femmes plutôt jeunes, entre 25 et 30 ans, qui souhaitent marquer une féminité affichée. Lorsqu'un client pousse la porte d'un tatoueur, sauf exception, il est assez résolu et a mûri son projet depuis longtemps. Il sait ce qu'il veut mais il se peut qu'il ne reparte pas avec le motif qu'il avait envisagé. L'élaboration est généralement assez longue et nécessite un, voire plusieurs entretiens préalables. Il est donc impossible de caractériser précisément les adeptes des modifications corporelles actuelles étant donné l'étendue des aspirations de chacun. [...]
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