Dans son article tiré du « Journal des Anthropologues », Eric Fassin jette un regard anthropologique sur les nouvelles technologies médicales d'assistance à la procréation. En partant de fais divers comme la maternité controversée d'une femme française de soixante-deux ans, l'auteur s'interroge sur le fondement des lois permettant l'accès à la maternité, qu'il s'agisse de l'assistance médicale à la procréation (AMP) ou de l'adoption.
L'auteur cherche à comprendre pourquoi la loi française reconnaît des accès différents aux nouvelles technologies de la procréation et à l'adoption.
En s'interrogeant sur les fondements de la loi française sur la procréation et la maternité, Eric Fassin y voit une volonté de naturaliser les nouvelles technologies.
Si les avancées de la médecine en matière de procréation ont suscité de nombreux débats dits de « bioéthique » prônant le respect et la dignité de l'être humain, ces inquiétudes ont également rejoint le champ de l'anthropologie. Cette discipline perd en effet de sa valeur dès lors que les notions de « maternité », « parenté » ou « filiation » se trouvent compromises par le développement constant des nouvelles technologies de la procréation.
En Grande-Bretagne et aux Etats-Unis s'est développé une "anthropologie de la reproduction", fondée à la fois sur la critique des théories de la parenté (David Schneider et Marilyn Strathern) et sur une tradition féministe (de Rayna Rapp à Sarah Franklin et Helena Ragoné,).
Eric Fassin cherche à comprendre les raisons pour lesquelles cette discipline ne s'est pas développée en France.
La comparaison entre les visions naturelles et culturelles de la reproduction respectives à la recherche anglo-américaine et à la recherche française ainsi que les travaux de l'anthropologue Françoise Héritier permettent de trouver quelques réponses à cette question.
[...] Le passage de nature à culture se complexifie par le développement de nouvelles formes de procréation et donc par l'anthropologie de la reproduction. L'auteur en conclut que l'anthropologie ne se situe ni contre la nature ni à son service mais qu'elle sert à comprendre comment les sociétés construisent la nature et d'un même mouvement la culture Eric Fassin regrette le manque d'études françaises sur les questions touchant à l'anthropologie de la reproduction. Cependant, l'ethnologue Françoise Héritier a étudié diverses notions reprises par l'anthropologie de la reproduction telles que la filiation, la parenté et la maternité. [...]
[...] Pour Michel Tort (article Artifices du Père paru dans la revue Dialogue numéro 104, 1989), il s'agit d'une maîtrise de la maternité La procréation artificielle ne serait que la réalisation progressive d'un programme biomédical qui produit une offre de demande d'enfant Tout ceci ne signifie pas qu'il faille condamner la procréation assistée. Cependant, une telle pratique aux enjeux si incertains sur la nature de l'homme et les notions de filiation et de parenté devrait nécessairement s'accompagner du développement en France d'une anthropologie de la reproduction. [...]
[...] Les nouvelles technologies de la procréation ne placent donc plus la nature comme une évidence dans le processus de la reproduction. Cela s'explique par une vision traditionnelle de la reproduction fondée sur la sexualité qui devient obsolète. Pour la juriste Marcela Iacub citée par l'auteur, il y a là matière à inquiéter l'anthropologie. En effet, la loi pose des inégalités entre hommes et femmes au niveau de la reproduction. Elle tend aussi à créer une nouvelle nature née de la confusion entre parents biologiques et parents légaux, mère porteuse et mère légale Eric Fassin estime qu'il est important de développer en France une anthropologie de la reproduction comme il en existe en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis depuis une dizaine d'années. [...]
[...] Une comparaison entre les théories de la nature qui sous- tendent les travaux de Strathern et de Françoise Héritier permet de commencer à explorer les réponses. Dans son article tiré du Journal des Anthropologues Eric Fassin jette un regard anthropologique sur les nouvelles technologies médicales d'assistance à la procréation. En partant de fais divers comme la maternité controversée d'une femme française de soixante-deux ans, l'auteur s'interroge sur le fondement des lois permettant l'accès à la maternité, qu'il s'agisse de l'assistance médicale à la procréation (AMP) ou de l'adoption. [...]
[...] Eric Fassin se demande si l'importance accordée au patrimoine génétique dans l'AMP ne favoriserait pas une conception uniquement biologique de la reproduction. L'anthropologie de la reproduction permet de montrer comment la nature de la maternité est remise en cause mais aussi mise en scène dans le déroulement de l'AMP. Selon l'anthropologue Helena Ragoné, le principal danger de l'AMP provient de la rencontre de deux, voir trois actrices pour le rôle unique de la maternité. En plus de la mère sociale qui élèvera l'enfant, on trouve la mère gestationnelle qui n'est plus, contrairement à la vision traditionnelle de la reproduction, la mère génétique. [...]
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