Alors que Foucault évoque le biopouvoir comme une caractéristique de la modernité, un nouveau mode d'exercice du pouvoir, Agamben associe le biopouvoir à la souveraineté, il place donc cette notion sur un temps beaucoup plus long et dans une démarche plus philosophique. Pour Foucault, la naissance de la biopolitique répond à un besoin de contrôle du pouvoir. Il constate que les mailles du pouvoir sont trop grandes, le pouvoir est donc lacunaire, trop global.
La biopolitique est donc la politique du contrôle sur la vie des gens, de la surveillance. En d'autres termes, le biopouvoir se définit par l'insertion du politique dans la sphère privée qui est celle de la vie, de l'intime. Il est donc intéressant de questionner ce rapport corps/pouvoir et en quoi ce biopouvoir sert-il à des fins de surveillance ?
[...] La volonté de savoir, Histoire de la sexualité, tome Paris, Gallimard FOUCAULT, M. Il faut défendre la société : Cours au collège de France 1976, Paris, Hautes-Études/Seuil/Gallimard FOUCAULT, M. Naissance de la biopolitique : Cours au collège de France 1978- 1979, Paris, Seuil HARENDT. Condition de l'homme moderne, tr. fr. G. Fradier, Calmann-Lévy HARENDT. Le système totalitaire, tr. fr. J-L. [...]
[...] La prison : de la surveillance à la biopolitique A. L'emprise totale sur l'individu Le XIXe siècle marque l'avènement des prisons. En France, le Code pénal de 1810 consacre la privation de liberté comme principale forme de châtiment. La prison est alors le meilleur outil de domination mais aussi de connaissance des individus. Les disciplines telles que la psychologie, la psychiatrie, la criminologie et même la médecine sont nourries par cet outil de contrôle autant qu'elles le nourrissent. Le pouvoir produit le savoir, relation que Foucault s'attache à mettre en lumière dans ses ouvrages. [...]
[...] Autrement dit, Bentham insiste sur le contre-pouvoir qu'est l'opinion publique, la prison n'étant pas le lieu de l'arbitraire. Foucault reprend le concept du panoptique qu'il qualifie de cage savante et cruelle et il s'en sert pour décrire la nouvelle forme de pouvoir qui se met en place au XIXe siècle dans les institutions disciplinaires. Foucault constate que ces institutions (hôpital, asile, manufacture, prison ) deviennent d'immenses outils permettant de surveiller, de connaître et de modeler les individus. En fait, on comprend que la biopolitique concernerait principalement les individus en marge de la société : les fous, les criminels, les délinquants. [...]
[...] Il établit un rapport entre vie et pouvoir, selon lui, le pouvoir souverain et la vie sont intimement liés par ce qu'il appelle une relation d'exception La souveraineté ne s'exerce pas sur des sujets de droit mais sur la vie nue Le pouvoir souverain exerce sa puissance et sa violence sur la vie, il détermine sa valeur. Agamben va donc plus loin que Foucault. Ce dernier évoque le biopouvoir comme une caractéristique de la modernité, un nouveau mode d'exercice du pouvoir, tandis qu'Agamben associe le biopouvoir à la souveraineté, il place donc cette notion sur un temps beaucoup plus long et dans une démarche plus philosophique. Pour Foucault, la naissance de la biopolitique répond à un besoin de contrôle du pouvoir. [...]
[...] En somme, la biopolitique peut se définir tout simplement comme la politique de la surveillance, du contrôle et de l'atomisation des individus. Ce concept, lorsqu'il devient réalité, donne lieu aux pires dérives probablement connues par l'humanité. Il permet également de donner un élément de définition de la démocratie et du totalitarisme, élément fondé sur une distinction fondamentale. La démocratie serait le régime qui respecte la limite cruciale qui sépare la sphère publique de la sphère privée, tandis que le totalitarisme serait, a contrario, le régime qui détruit cette frontière. [...]
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