En tant que lieux de passage et de rencontre quasi-quotidienne de la population urbaine et rurale, les supermarchés semblent être un sujet intéressant à étudier d'un point de vue sociologique. Le rôle qu'ils tiennent aujourd'hui en tant que centres d'interaction sociale était auparavant principalement tenu par les marchés et les petits commerces. D'après l'étude réalisée pour CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie) par le Sofres en 2006, l'attachement aux commerces traditionnels reste fort auprès des Français, notamment à l'égard des marchés des produits frais. Cependant, il est indéniable que les supermarchés prennent de plus en plus de place de par leur commodité. Les marchés et les petits commerces de proximité se différencient des supermarchés par le fait qu'ils ne sont pas standardisés comme peuvent l'être les grandes chaînes de distribution. Ces grandes chaînes proposent cependant différents types de structures allant de la supérette de proximité (SPARR, Casino, Coccimarket), au supermarché de taille moyenne de quartier (Casino) ou de la mégastructure comparable aux “malls” américains (Leclerc, Carrefour.)
Le choix de mon enquête s'est porté principalement sur une structure moyenne située près de mon lieu d'habitation. J'ai cependant complété cette enquête par des observations de tous les lieux de rencontre sus-cités afin de définir une différenciation d'acteurs et de stratégies. J'ai en effet pu observer des comportements spécifiques à la population fréquentant le lieu principalement observé. De plus, la population qui y passe est assez nombreuse et hétéroclite pour pouvoir rassembler une grande quantité d'informations. Enfin, fréquentant moi-même ce supermarché et ayant un intérêt personnel pour le sujet traité, j'ai décidé de porter mon choix sur le supermarché Casino du boulevard Joseph Vallier de Grenoble.
En ce qui concerne la méthode d'observation, j'ai choisi d'enquêter de façon participative non déclarée. Les données recueillies à la suite des observations ont permis de dégager plusieurs pistes qui se sont rassemblées en deux problématiques reliées entre elles. Les questions posées sont les suivantes; quelle est la population qui fréquente le supermarché observé et a-t-elle un comportement particulier au sein du magasin qui pourrait être mis en relation avec la nomenclature sociale ? Et, au sein de cette population, il y a-t-il des acteurs qui se dégagent en terme d'importance, pourquoi et quelles sont leurs stratégies particulières ?
[...] C'est pour cela qu'on voit s'y développer aujourd'hui de plus en plus de comportements particuliers qui sont à mettre en relation avec les mutations de la société. Ils deviennent de plus en plus un lieu d'expression des liens familiaux, de rencontre, de sortie ludique, d'apprentissage de la vie, etc. parce que la sphère économique rogne de plus en plus sur la sphère sociale. Face à cet envahissement, ce sont les deux plus grands perdants de l'évolution des habitudes de consommation qui développent les stratégies plus particulières et que j'aimerais qualifier de stratégies de défense. [...]
[...] L'isolement peut amener ces personnes à chercher à sortir de leur domicile sans pour autant avoir un véritable lieu de promenade. Plus que de véritablement se divertir, il s'agit de mettre en place une “bonne habitude” qui maintient une certaine activité physique et un contact avec la société. L'activité de faire les courses a également comme avantage d'être une activité personnelle, qui confère un certain statut dans la société, une valeur en tant que consommateur. Lors des observations, et comme on l'a dit précédemment, on a pu remarquer que certaines personnes âgées fréquentaient le magasin quotidiennement pour ne faire que de très petits achats alors que la logique, généralement acceptée par des personnes plus actives, voudrait que des personnes, parfois physiquement diminuées, s'épargnent du temps et de la fatigue en ne faisant leurs courses qu'une fois par semaine ou en se faisant livrer chez elles. [...]
[...] Pendants mes observations, j'ai pu remarquer que certains clients levaient les yeux au ciel ou commentaient les personnes âgées en disant par exemple que ceux-ci n'avaient plus toute [leur] tête ou bien qu'ils font exprès de nous ralentir parce qu'ils n'ont rien à faire de leurs journées En Allemagne et en Espagne, des supermarchés ont été spécialement créés pour répondre aux besoins particuliers des seniors. Les produits, le personnel et le cadre sont spécialement adaptés à ces clients. En France, les grandes chaînes proposent également des services d'aide aux courses pour les personnes âgées, mais le système n'est pas encore aussi développé. En plus, les personnes âgées peuvent se sentir exclues de ne pas participer de la même façon que les autres à l'acte de consommation, ce qui montre bien toute l'ambiguïté de leur attitude. [...]
[...] Tout d'abord, les personnes âgées semblent plus à l'aise que les autres quant à leur comportement dans le magasin. Peut-être estiment-t- elles que l'âge leur donne le droit de s'attendre à plus d'égards et de respect de la part des autres. Même s'il est vrai que traditionnellement, on doit respecter ses aînés, on constate qu'aujourd'hui cette valeur se perd au profit d'une glorification de la jeunesse et comme on l'a dit précédemment des conflits peuvent éclater entre personnes âgées et personnes plus jeunes. [...]
[...] Il est donc difficile de présenter un comportement original dans un supermarché et les gens uniformisent leurs attitudes même si leur cadre social transparaît encore dans certains de leurs comportements et surtout dans la nature de leurs achats. Annexe 1 : le supermarché Casino Rapport DRESS 2001. [...]
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